Luxirare, blog du futur

© Luxirare

Lors de notre rencontre en décembre, Jane Aldridge m’avait dit que Luxirare était l’un de ses blogs préférés. « Elle repousse les limites de ce que l’on peut faire sur ce média » m’avait-elle assuré, des étoiles dans les yeux.

Lors de notre rencontre en décembre, Jane Aldridge m’avait dit que Luxirare était l’un de ses blogs préférés. « Elle repousse les limites de ce que l’on peut faire sur ce média » m’avait-elle assuré, des étoiles dans les yeux. A la fois vexée de ne pas connaître ce fameux blog et excitée à l’idée de tomber sur une nouvelle pépite, je m’y étais connectée le soir-même. J’avais alors eu l’impression d’entrer dans un univers parallèle. Un monde immaculé où la mystérieuse maitresse des lieux était capable de passer de la réalisation d’une robe brodée de chaînes à la conception d’un bento gastronomique, explications en images à l’appui. « Killer Clothes + Fine Cuisine » annonçait la page d’accueil. On ne pouvait pas mieux dire.

Quelques semaines plus tard, je me prenais carrément une claque en découvrant sa nouvelle vidéo.

Dessiner des vêtements, les coudre, les marketer, les photographier. Inventer des recettes, les mettre en scène comme des expériences de petit chimiste borderline, les filmer… Cette fille savait-elle donc tout faire? Et puis qui était-elle d’abord? En dehors du fait qu’elle habitait probablement à New York, il semblait difficile d’en savoir plus sur son compte.

J’ai alors dévoré ses 12 mois d’archives, découvrant à rebours son goût pour les fromages, Margiela et les vestes en poil de singe. Je suis devenue accro à ses porn food notes et à ses séries mode au visage flouté.

Poussée par la curiosité, j’ai fini par lui envoyer un email lui demandant si elle accepterait de répondre à quelques questions. Elle a très gentiment accepté. Voici ses réponses.

Quel était ton but à l’ouverture de ton blog?
A cette époque, je travaillais pour une grande entreprise de mode, mais je ne m’y épanouissais pas. J’ai commencé Luxirare pour présenter mon travail et pour montrer la mode telle que nous la consommons aujourd’hui. Les défilés me paraissent dépassés. Montrer moins, plus souvent, me semble plus efficace. J’aime l’idée de concevoir un vêtement, le mettre en ligne, le marketer et passer à un autre concept. Je ne fonctionne pas en termes de collection, et je suis sûre que ça n’est pas plus le cas de beaucoup de gens de ma génération.

Il n’est pas si courant de parler de mode et de cuisine sur un même blog…
Je m’intéresse à la cuisine depuis longtemps. Au lycée, avec mon ami (aussi obsédé par la nourriture que moi), nous essayions tous les restaurants de la ville dès que nous avions un moment de libre. Il nous est même arrivé de diner deux fois. Ecoeurant, mais vrai.

J’ai toujours voulu alterner mode et cuisine sur mon blog. Les deux ont beaucoup en commun: même logique de tendances, technique et exécution similaires (coupe, créativité, consommation), rapport à l’intime (le vêtement touche la peau, la nourriture passe par la bouche). Hormis le sexe, rien ne me semble plus personnel que la mode, la nourriture et l’art.

Pourquoi préfères-tu rester anonyme? Je ne souhaite pas montrer mon visage. L’idée que des gens me scrutent sans que moi je puisse les voir me fait peur. J’apprécie aussi le fait que, du coup, les gens se focalisent sur mes créations plutôt que sur mon physique. J’ai toujours détesté être prise en photo. Si je le pouvais, j’utiliserais un mannequin. Les autres blogueuses mode sont bien plus courageuses. Je n’aimerais pas que l’on me reconnaisse dans la rue.

Ton blog est-il devenu une occupation à plein temps?
Je travaille en free-lance trois jours par semaine -je fais des dessins techniques et des illustrations pour plusieurs boîtes de mode- mais j’ai déjà l’impression que mon blog est mon job à plein temps.

Aimerais-tu vendre tes produits? Mon e-shop devrait être prêt d’ici un mois ou deux. Il fonctionnera de la même façon que le blog: les articles seront disponibles au moment de leur mise en ligne, en petite quantité. Les pièces uniques montrées sur le blog seront également en vente. Je proposerai aussi une section vintage, ainsi que des ustensils de cuisine.

Comment décrirais-tu ton « éducation mode »? Ma mère coud extrêmement bien. Elle m’a appris l’essentiel, tout ce qu’on ne vous enseigne pas dans une école. Elle m’inspire beaucoup. J’ai aussi suivi le cursus IDC (Integrated Design Curriculum) à Parsons (célèbre école de mode new-yorkaise). Concrètement, je n’y ai pas fait beaucoup de mode, j’étais plus intéressée par les cours de montage vidéo. Tout ce qui touchait à la production et à la théorie m’ennuyait profondément, mais j’ai bien aimé l’approche pluridisciplinaire de l’école. J’achète aussi beaucoup de livres sur la mode, la photographie et la cusine. Enfin, j’ai un appétit sans fin pour les blogs de mode, ce qui tend à réduire ma consommation de magazines.

Tu soignes beaucoup la présentation de tes créations. D’où te vient ce sens aigu du marketing? Mes parents ont toujours été incroyablement stricts avec moi. Ils m’ont transmis leur sens du détail. J’ai par exemple commencé à apprendre à jouer du piano à l’âge de 4 ans. Or jouer du piano revient à perfectionner un son, une sensation, une technique. J’ai donc pris très jeune le réflexe de recommencer tout ce que je faisais jusqu’à ce que le résultat soit parfait.

Je poste sur le blog uniquement quand j’ai créé quelque chose moi-même. C’est ce que mes lecteurs attendent de moi et je ne veux pas les décevoir. Certains disent que les blogueurs n’ont pas de boss. C’est faux, mes lecteurs sont mes boss! Par moments ils m’effraient tant leurs attentes sont hautes. Ils sont un peu abusifs, mais ça ne me fait pas de mal.


Luxirare attire actuellement 8000 visiteurs par jour.

Géraldine Dormoy

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