« Normcore »: être banal pour être cool

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Stagiaire Le Vif

Le « normcore », késako ? C’est une nouvelle tendance mode qui consiste à revendiquer une absence totale de style. Décryptage d’un nouveau hipster poussé à l’extrême.

Définissons ce « buzzword », inventé par K-Hole, un cabinet de tendances new-yorkais. Le normcore serait l’esthétique de la normalité, une apparence je-m’en-foutiste composée de jeans délavés, de baskets sans marque et de t-shirt unis. Être normcore, c’est revenir à l’époque où l’habillement n’était pas encore un enjeu social. Embrasser l’uniformité par choix pour augmenter son quotient de coolitude.

L’origine médiatique du mot vient d’un constat aussi insolite que risible : la journaliste Fiona Duncan, du New York Mag, s’est rendue compte en se baladant dans les rues de Soho qu’elle ne pouvait plus distinguer les jeunes branchés des touristes de la classe moyenne américaine, les deux catégories portant exactement le même genre de vêtements. La journaliste a donc publié un article sur ce phénomène jetant le néologisme sur la place publique.

Même avant de l’avoir nommé, les indices permettant de détecter le concept ne manquaient pas: le retour des Birkenstock aux pieds des modeuses, le revival de la basket Stan Smith d’une simplicité et d’un confort presque enfantin, et l’entrée du jeans boyfriend dans les garde-robes chics.

Ce phénomène, tout le monde en parle : le magazine CQ a publié les « 10 essentiels du normcore qu’un homme se doit d’avoir », Le Guardian se demande si le normcore est la future grande tendance mode, le Telegraph fait la liste des 5 icônes britanniques du normcore et, plus drôle encore, le Gawker qui se demande si Obama ne serait pas trop normcore que pour battre Poutine. En attendant c’est Steve Jobs qui été élu mascotte du normcore avec son éternel col roulé noir et son jeans à la pointe du basique.

L’échec du hipster

Comme le définit le journaliste Vincent Glad, le normcore serait « la distinction hipster qui devient indistinctive ». C’est qu’avant de devenir un jeune barbu caché sous un bonnet de Schtroumpf, le hipster était avant tout un être désireux de revendiquer physiquement sa singularité. Mais avec l’avènement d’internet et la mondialisation de l’information, il est devenu très, voire trop compliqué de se différencier. La course à l’anticonformisme étant devenue trop éreintante, une envie de retour à la banalité et de rejet de la différence a émergé. En résumé, pour exprimer son ras-le-bol de la quête incessante d’un style unique et original, on en revient à son style pré-ado.

Après le phénomène du bobo, puis bomo, le normcore serait-il le nouveau phénomène sociétal ? Une chose est sûre, les marques risquent de surfer sur ce nouveau groupe social – et marketing. D’ailleurs, la marque Gap n’a pas attendu son reste pour se revendiquer « fournisseur du normcore depuis 1969 » sur la twittosphère.

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