Elle est à tous les pieds en été. Star de la plage, cette chaussure ultra-minimaliste – une semelle et une lanière en Y – a une histoire aussi riche que son design est simple. Retour sur la saga de la tong.
Il y a des objets comme ça, dont on se dispute une origine tiraillée entre les siècles, les continents et les classes de population. Il en est ainsi de la pomme de terre frite, du jean (ou plutôt du tissu denim qui le compose) et de la tong, donc.
Tong slash(che) flip flop
Commençons par le début, ou plutôt par la fin, c’est à dire par la façon dont on nomme cette drôle de chaussure au 21e siècle et à celui qui le précède. Et si vous avez toujours cru que « tong » était un mot aux consonances asiatiques, vous n’allez pas être déçu. « Tong », usité dans les pays francophones, en France surtout, viendrait de l’anglais « thong » qui signifie lanière. Simple, efficace. Mais bizarrement – car rien n’est simple dans l’histoire de la tong, on vous avait prévenu – les Anglo-Saxons quant à eux l’appellent « flip flop ». En Belgique, à Bruxelles particulièrement, on la désigne volontiers sous le terme de « slache » aussi valable pour pantoufle, savate ou claquette. La tong a d’autres noms tous aussi fun les uns que les autres, mais la palme revient sans aucun doute aux Québécois, qui lui ont donné le doux nom de « Gougoune ».
Des pieds de pharaons aux orteils des vacanciers
Côté histoire, la tong remonterait à l’Egypte antique. Les dates varient sensiblement mais on se situerait à plus de 5000 ans avant notre ère. Constituées d’une simple semelle rigide en papyrus tressé, les tongs servaient à protéger les pieds du sable brûlant, et auraient chaussé les pharaons et hauts dignitaires.
Le soulier aurait ensuite été exporté à Rome – chaussure de riche pour les Romains, elle était portée avec quelques lanières supplémentaires entre les orteils – dans la Grèce antique, chez les Indiens et les Perses, et enfin en Chine et au Japon. Elles apparaissent sous les latitudes nippones aux alentours du XVIe siècle, on les appelle « zōri » puis, au XXe siècle « geta », cette tong surélevée qu’on porte avec un kimono.
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La chaussure à lanière en Y s’est enfin retrouvée aux pieds des Européens, bien plus tard, en passant d’abord par Hawaï, puis par les US – certaines sources rapportent que les soldats américains l’auraient ramenées au sortir de la Seconde Guerre mondiale, quand d’autres évoquent plutôt la guerre du Vietnam – et, bien sûr, le Brésil où, dès le début des années 1960, la société Alpargatas commercialise les fameuses Havaianas qui révolutionnent la tong avec leur semelle en caoutchouc.
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Et nous voilà arrivés au modèle tel qu’on le connaît aujourd’hui, toujours aussi populaire car synonyme de vacances, de soleil et de liberté – on va presque nus-pieds. Malgré ses détracteurs: la tong serait mauvaise pour le pied, elle représenterait une quantité non négligeable des pollutions platiques récoltées sur les plages, elle a une connotation négative (chaussure populo), malgré ses détracteurs donc, la tong continue de se vendre comme des petits pains et d’inspirer les créateurs. De Coperni à Miu Miu en passant par Jean Paul Gaultier, qui en chausse ses mannequins lors de défilés, ou encore Anthony Vaccarello qui, à la tête de Saint Laurent, s’associe à Havaianas pour créer un modèle couture… La « chaussure de plage » mythique et pratique – dans sa version plage elle ne craint ni l’eau ni le sable – n’a pas dit son dernier mot.
Et même si vous n’êtes pas fan, pour toutes les raisons qu’on vient de citer ou pour d’autres, la tong a un petit effet madeleine de Proust assuré: on se souvient tous du modèle Rainbow des années 80, semelle noire avec contour et lanière arc-en-ciel, qui coûtait trois francs six sous au supermarché. Vous savez, celui de votre lieu de vacances, avec les jouets de plage qui sentaient le plastique… A propos, il faudrait qu’on en parle, des jouets de plage. Connaissez-vous l’histoire de la bouée?
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