La mode se dévoile dans des séries passionnantes
Nul besoin d’être mordu de mode pour se passionner pour les séries qui y sont consacrées et qui font autant la part belle aux chiffons qu’aux rebondissements en tout genre. La preuve par deux.
Imaginez un couple hétéro lambda pré-fluidification du genre. Madame s’intéresse à la mode, aux bijoux, au maquillage, et Monsieur, lui, ne jure que par les voitures, ou peut-être le cyclisme ou le tennis. Au moment de se retrouver face à un écran, ça coince: hors de question pour l’un de regarder des « programmes de fille » ou pour l’autre de faire semblant de s’intéresser à des films bêtes et stéroïdés. On accélère la bande à toute vitesse jusqu’en 2024, et miracle: non seulement la plupart des couples se sont affranchis, du moins en partie, de ces attributions genrées ultra stéréotypées, mais en prime, la pop culture brouille les genres aussi. Ainsi, si la mode et ses coulisses inspirent les séries tendance du moment, à l’image de la réalité du milieu, c’est dans des programmes riches en rebondissements en tout genre. Lire: au rythme haletant qui scotche toute la famille devant son écran.
Voyez plutôt The New Look, la nouvelle série Apple TV consacrée à l’histoire de Christian Dior. Et plus précisément son ascension fulgurante dans les fifties, avec Ben Mendelsohn dans le rôle du couturier et Juliette Binoche en Coco Chanel menacée par son succès. Une histoire de dispute de chiffonniers? Peut-être, mais pas que, car il ne s’agirait pas d’oublier que Catherine Dior, la soeur chérie du couturier, était une résistante qui a payé cher son engagement pour la liberté, tandis que Mademoiselle Chanel, elle, entretenait des relations parfois très proches avec l’occupant allemand…
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On croit en apprendre plus sur l’avènement du fameux « new look » signé Dior, et c’est le cas, mais on révise aussi l’Histoire, et surtout, on découvre un pan méconnu de deux labels dont les noms sont entrés dans le langage courant. C’est passionnant, extrêmement bien joué, et un cas d’école de la nouvelle manière d’aborder la mode dans les séries et autres films. À l’image de la nourriture, qu’elle semble en passe de détrôner en tant que muse favorite des scénaristes, la mode se dévoile dans toute sa complexité, avec tout ce qu’elle a de passion, d’émotion, de trahisons et de péripéties.
La mode, miroir de son époque
Car il en faut du courage, de la détermination et une bonne dose de folie aussi pour lancer sa propre marque. Autre plateforme, autre créateur: sur Disney +, Cristóbal Balenciaga dévoile les coulisses de l’arrivée du créateur ibère à Paris, et aux défis qu’il a dû surmonter pour s’y forger une place et devenir le créateur renommé qu’on connaît aujourd’hui. Longtemps avant que son nom ne soit associé à celui de Demna et à la famille Kardashian, à une époque où l’image quelque peu sulfureuse de la marque n’aurait même pas pu être imaginée, Balenciaga était synonyme d’élégance et de robes opulentes.
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Ce qui était déjà incroyable en soi, car rien ne prédestinait ce fils de pêcheur à atteindre les plus hautes sphères de la société. À une époque où la mobilité sociale était quasiment inexistante, l’Espagnol a osé défier son statut et user de son talent, sa persévérance mais aussi, son sens des affaires, pour devenir un des créateurs les plus en vue de l’époque. Si la série ne dit pas ce que ce bon Cristóbal penserait du sac Cagole devenu culte pour les fans de Balenciaga, son esthétique laisse supposer qu’il aurait été au mieux quelque peu circonspect. À moins qu’il n’ait tout simplement adopté l’air du temps?
Au-delà de leurs trames prenantes, ces deux séries rappellent en effet que la mode, loin d’être futile, est le miroir de son époque. Les questions qui animent la société se retrouvent dans les collections, tissées de références au moment présent et aux défis à venir. Comme un vêtement n’est jamais juste un simple vêtement, ces deux propositions culturelles ne sont pas simplement des « programmes mode » mais bien des fenêtres fascinantes sur une autre époque, avec tout ce qu’elle avait de beau, de regrettable et de complexe. Et si, une fois ces deux mini-séries englouties, vous vous retrouvez en manque de contenu similaire, la nouvelle série Feud consacrée à Truman Capote et à ses « cygnes » de la haute société new-yorkaise devrait vous plaire. Entre crêpage de chignons, chiffons et petits complots entre amis, tous les ingrédients sont réunis.
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