Oh Lara !

La semaine dernière, en lisant l’étonnante interview de Lara Stone dans le Vogue UK de décembre, j’ai compris que la mode tenait sa nouvelle star briseuse d’interdits.

S’il y a bien une chose que l’on ne pourra pas reprocher à notre époque, c’est son manque de bad girls. Dans un monde de plus en plus frileux et formaté, nous nous régalons des mauvaises manières de Britney Spears, Kate Moss, Amy Winehouse, Lindsay Lohan ou encore Beth Ditto.

La semaine dernière, en lisant l’étonnante interview de Lara Stone dans le Vogue UK de décembre (scannée ici et là), j’ai compris que la mode tenait sa nouvelle star briseuse d’interdits.

La belle a pourtant commencé par bien cacher son jeu. Longtemps, je n’ai d’ailleurs pas su quoi penser de ce mannequin hollandais défilant d’un pas lourd et maladroit, le visage fermé, presque craintif. Son manque d’aisance sur les podiums me laissait perplexe. Je trouvais incroyable qu’un modèle ne sache pas mieux marcher. En même temps, au fond de moi, je sentais que ce manque de grâce, associé à un corps incroyablement sexy, était disruptif. C’était sa différence, ce qui faisait qu’on la repérait sur un défilé. On en venait même à la guetter: le tank Lara nous ferait-il l’honneur de sa présence? Je n’avais pas encore tout à fait compris quel tempérament elle renfermait.

Les interviews de modèles sont rarement intéressantes. Généralement, on n’y apprend pas grand chose sur la psychologie de la fille, comme si le journaliste n’avait pas jugé bon de s’aventurer au delà de sa photogénie. L’article du Vogue UK n’est pas de ce genre-là. Perpétuelle nomade depuis que sa carrière a décollé en 2006, Lara Stone passe rarement plus d’une semaine dans une même ville. Au début de l’entretien, Vassi Chamberlain lui demande donc quel fut son plus long séjour dans une ville depuis deux ans. « Quatre semaines » répond-elle, du tac au tac. En vacances? « Non, en rehab. » (…) « Je suis complètement alcoolique. »

On apprend aussi qu’elle aime bien faire souffrir les mecs: « je détecte ce qu’ils détestent le plus, puis c’est ce que je m’applique à faire. » Un jour, elle n’hésite pas à pousser une de ses collègues dans les escaliers parce qu’elle l’empêche d’accéder au podium. Mmm, nice.

Tout ça devrait nous donner envie de la détester, mais on n’y arrive pas pour autant. Parce qu’on sent que cette fille revient de loin. Repérée à l’âge de 12 ans dans le métro parisien, elle démarre véritablement à 16 ans chez Elite. Autrement dit, beaucoup trop jeune. D’autant que le succès est loin d’être au rendez-vous. Comme elle le raconte à Olivier Zahm dans le Vogue Paris de février, « J’ai vécu seule (à Paris) pendant huit ans, sans un sou. Je devais sauter par dessus les bornes du métro, parce que je n’avais pas de quoi m’acheter des tickets. » La drogue? « J’avais déjà tout essayé en Hollande. (…) De toute façon, je n’ai jamais voulu être un modèle drogué, du genre à tailler une pipe pour une ligne de coke. »

Forcément, à 25 ans, cette fille a une épaisseur qui manque à la plupart des modèles actuels. Son « épaisseur » est également physique et c’est tant mieux, mais je ne suis pas sûre que ce soit sa plus grande force. Non, ce qui fait vraiment la différence chez Lara, c’est cette façon si particulière qu’elle a de se contrefoutre de ce que l’on peut penser d’elle. C’est en tout cas ce que je lui envie le plus.

Géraldine Dormoy

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