
Paris Fashion Week: Dries Van Noten militaire, Gareth Pugh toujours gothique

Pour sa collection automne-hiver 10-11, le Belge Tim Van Steenbergen s’est laissé emporter par l’influence du théâtre, lui qui réalise les costumes pour la Scala de Milan. « Mêmes techniques, richesse des couleurs, compositions », confiait, heureux, le créateur, en backstage après le défilé. « Un travail sur les structures aussi. S’efforcer de leur donner du rythme. » L’influence du peintre Fontana est également perceptible : « j’ai envisagé le visage des tops comme des canevas ». D’où ce drôle d’accessoire qui entoure leur tête.

Dans son vestiaire, on retrouve le propos du créateur, au travers de vestes et tailleurs ajustés, de manteaux architecturés, de coupes asymétriques, de vêtements superposés et twistés à se réapproprier comme on l’entend, mais aussi quelques très belles robes drapées.

Magnifique deuxième défilé pour le créateur portugais, inspiré par les paysages bouleversants des pôles. Des silhouettes épurées et principalement monochromes, dans les tons gris, blancs, bruns ou noirs. Mais le contraste des matières (drap de laine et tissus technos, leggings en cuir et fourrure…) et l’intelligence dans le travail de coupe sont là pour ne pas ennuyer l’oeil. Amusantes, ses bottes parcourues de franges.

De très belles robes davantage colorées, en seconde partie de défilé. Ces dernières sont en partie rebrodées de perles et sequins. Parfait pour un côté plus habillé.

Quand Felipe Oliveira Baptista vient saluer, ses enfants se jettent dans ses jambes. On craque.

Un endroit majestueux, pour le défilé Dries Van Noten. Rien de moins que la grande salle de l’Hôtel de Ville de Paris, avec ses hauts plafonds peints et ses dizaines de lustres en cristal. Une opulence qui contraste avec la simplicité apparente de la collection automne-hiver 10-11 du créateur belge, teintée de références masculines et militaires – comme ce kaki sur cette jupe gonflée – et d’un mix tout personnel des années 50, 60 et 70. Beau. Comme toujours.

Des pièces sans doute un peu plus casual que bourgeoise, cette fois : sweat oversize gris, jodhpurs sanglés sur les mollets, chevelure décoiffée, absence de maquillage…

Des teintes sobres du départ – noir, marine, camel -, les silhouettes évoluent vers une explosion de couleurs déposées à même la soie, ainsi que des broderies or et argent. On retrouve ici toute la grammaire du créateur Belge. Et la top belge Hanne Gaby, qui clôture le défilé.

Cactus Flower. Un titre de comédie romantique qui ne vous dira probablement plus rien, mais qui est sorti en 1969 avec, au générique, rien de moins que Goldie Hawn et Ingrid Bergman. C’est ce film qui a servi d’inspiration à Marco Zanini, pour la prochaine collection hivernale de Rochas. Jolis cardigans rétro, belles coupes épurées évidemment très sixties, pantalons pattes d’eph, manteau à la ligne A…

Pour cet été déjà, Marco Zanini avait inondé la collection Rochas de splendides couleurs, qui s’entrechoquent, se complètent, se mélangent. Un show joyeux et optimiste.

Des éclairs, une musique d’outre-tombe, Puff Daddy au premier rang, et les silhouettes de Gareth Pugh qui s’avancent, regard vide, teint morbide, comme des créatures robotisées, prêtes à tuer pour survivre dans ce monde en voie d’extinction. Des looks sombres et gothiques, comme à l’habitude du créateur anglais. Mais des looks très portables cette fois. Comme si les habituels shows délirants de Gareth Pugh avaient laissé place à davantage de maturité.

On aime ces coupes asymétriques, ces vestes en cuir déstructurées, toutes en angles et striées de diagonales.

Quelques hommes défilent aussi. Sur hauts talons.

L’ancien assistant du créateur belge Raf Simons se lance dans l’aventure Femme, après avoir démontré ses capacités, depuis plusieurs saisons déjà, dans le domaine de l’Homme. Le voilà qui met en tension la légèreté d’un voile transparence à l’épaisseur d’un drap de laine, qui oppose fragilité et force. Il déconstruit le vêtement, retravaille sa forme, son volume, se le réapproprie, et propose de nouvelles perspectives. Vestes oversize, longues robes loose dans le dos, jeux de superposition, drapés asymétriques… Pour une palette mêlant bleu nuit, noir, chocolat et gris. Examen de passage réussi. Retrouvez toutes les photos des défilés sur Catwalk Weekend.
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