Paris Fashion Week, Jour 2: Le  » Sisterhood is Powerful  » de Dior

. © AFP

Il faut d’abord traverser le musée Rodin, laisser  » Le Baiser  » derrière soi puis découvrir en bas des marches, dans le jardin, l’énorme boîte destinée à accueillir le show Automne-Hiver 19-20 de Dior et ce qu’il entend affirmer. Sur la façade, une répétition de lettres, D, I, O, R, accompagnées de l’oeuvre picturale de Tomaso Binga – son corps nu qui dessine cet alphabet subversif, lequel se retrouve à l’intérieur, tapissant les murs et se reflétant dans les miroirs du plafond.Car la créatrice de la maison fondée par monsieur Christian Dior a invité l’artiste italienne à décorer son show. Celle qui naquit à Salerne, en 1931 et qui oeuvre sous ce pseudonyme masculin pour  » parodier les privilèges culturels réservés aux hommes  » et souligner ainsi l’emprise du patriarcat a choisi la voie de l’écriture, de la langue, de la peinture, des performances contestataires, des collages et des oeuvres de vidéo-poésie sonore pour s’exprimer. Maria Grazia Chiuri, elle, a choisi le vêtement comme langage, ce qui ne lui interdit pas de toujours faire appel aux artistes pour dire ce qu’elle voudrait dire – du discours de Chimamanda Ngozi Adichie,  » We should all be feminist  » entendu lors de son premier show en septembre 2016 à Tomaso Binga aujourd’hui, épaulée par le mantra de la poétesse américaine Robin Morgan sérigraphié sur des tee-shirts impeccablement blancs et qui clament  » Sisterhood is Powerful « ,  » Sisterhood is Global  » et Sisterhood is Forever « . Et pour asseoir ses revendications dans l’air du temps, la créatrice italienne s’inspire des Teddy Girls anglaises, une subculture au féminin des fifties que l’histoire a oubliée, des gangs de filles qui n’avaient pas froid aux yeux et qui dans les années cinquante se rebellèrent contre l’austérité d’après-guerre, la revendication féministe en plus, et définirent un dress code ultra léché, entre rock and roll et flamboyance edwardienne, avec vestes masculines au col de velours, coiffures qui pourraient annoncer les délices capillaires du punk, jupes amples, jeans et blousons de cuir noir, avec toujours autour du cou, un foulard ou un colifichet élégamment noué. Forte de tous ces hommages, Maria Grazia Chiuri décline cela en version Dior : le tailleur Bar penche un peu plus vers le vestiaire mâle, les jupes froncées marquent la taille, la robe Miss Dior, datée du printemps-été 1949, version haute couture, s’invite aussi, mais revisitée en body et jupe tantôt brodées de paillettes transparentes, tantôt soulignées de fleurs en trois dimensions. Pour le reste, on a vu des damiers et du vichy, des carreaux vert et noir ou rouge et noir, de la toile de Jouy avec palmiers, des chapeaux cloche avec voilette signé Stephen Jones, un make-up à la Twiggy, des perles en veux-tu en voilà, en collier serré ou en boucle d’oreille, des chaussures fuselées à petits talons et des sacs, à porter en bandoulière pour affirmer son amour du logo et entretenir l’esprit clanique.  » Sisterhood is forever « .

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