Paris Fashion Week: quelque chose à dire

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Quand on défile, c’est que l’on a quelque chose à dire – si pas à revendiquer. Le printemps-été 18 ne peut être un prétexte. Les créateurs le savent. Même si certains feignent pourtant de l’ignorer.

Lacoste
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Quand on a 85 ans, on a des choses à dire, des souvenirs à partager, des envies de futur à envisager. Lacoste fait partie de ces griffes patrimoniales qui ont su se réinventer. Grâce, notamment, à son directeur artistique Felipe Oliveira Baptista qui mène parfaitement sa barque, rapatriant la marque à Paris, après avoir défilé à New York depuis 14 ans (quatorze !). De cet héritage, il tire le meilleur, une élégance et un charisme à la René Lacoste, champion hors catégorie. Mieux, il la mâtine d’influences nineties tirées de « La haine » de Mathieu Kassovitz et de « Conte d’été » d’Eric Rohmer. Il ose détourner le polo, l’extirpe des courts de tennis pour le draper audacieusement, chahuter sa patte de boutonnage, renverser son col et dévoiler une épaule tendre et sportive. Tout cela, il a choisi de le montrer à la lumière du jour, en plein air, sur un set qui se joue de la grammaire maison et épelle les lettres de son alphabet gagnant. Happy birthday.

Quand on est l’une des plus anciennes maisons de couture, que l’on a été créée en 1889 par Madame Jeanne Lanvin, que l’on incarne la mode parisienne à ce point et qu’Alber Elbaz vous a enluminé pendant 14 ans, cela ne devrait pas être trop difficile de poursuivre un récit à la hauteur. Hélas le conditionnel est de mise. Olivier Lapidus, le fils de Ted, signe une première collection Lanvin certes placée sous le signe de la couture et d’un certain esprit parisien, mais cela ne suffit guère à emballer l’été 18. Le service presse griffé nous prétend qu’il a opéré « un retour à l’essence de la maison, la projetant dans le XXIe siècle », ce n’est pas tout de le dire. Et il ne suffit pas de répéter sur les sacs et les robes les lettres qui composent le nom de l’illustre Jeanne, même dans une typographique Art Déco, pour signer une narration enracinée.

Quand on a plus de 100 défilés derrière soi et que l’on a fêté cela avec une émotion nordique donc pudique – l’un des atouts coeur de Dries Van Noten, on a forcément un ancrage dans le passé et une carte à jouer. Dans les salons d’apparat de l’hôtel de ville de Paris, le créateur anversois montre sa maturité virtuose et baptise sa collection « L’optimiste », sous titrée « Elle connaît les règles pour briser les règles ». Avec maestria, il poursuit sa recherche têtue de l’assemblage improbable des couleurs qui tiraillent, des imprimés exubérants et contrastés, des ornementations extraverties. En un hommage appuyé à Picasso, Pina Bausch, Slim Aarons et Tina Barney, l’homme a des lettres. Le tout sur le « Be my Baby » des Ronettes, chanté par un DM Stith qui fait frissonner l’âme. La parfaite alchimie.

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