Quand l’homo sapiens se sape

Comme souvent, pour faire taire un cliché tenace, un chiffre est plus percutant qu’un long discours. Ainsi, en 2011, le taux de croissance des ventes mondiales de mode masculine était de 15 %… soit le double de celui de la mode Femme. Donc oui, les hommes aiment s’habiller, de plus en plus, et c’est une bonne nouvelle.

Le prêt-à-porter l’a d’ailleurs bien compris et n’a pas attendu pour partir à la conquête de ce public providentiel, en particulier dans les pays émergents, auxquels les collections lancent de discrètes oeillades. Mais au-delà des tiroirs-caisses du luxe, ce regain d’intérêt pour la fringue « testosteroneproof » est réjouissant pour tout le monde. Parce que c’est quand même plus agréable de voir de (beaux) mecs bien sapés que des (moches) gars mal fagotés.

Ce printemps-été 2012, deux grands terrains de jeu s’offrent aux marques pour laisser leur créativité s’ébrouer (voir notre guide des tendances en pages xx à xx). Option 1 : miser sur les valeurs qui ont fait leur réputation, les lifter légèrement et les porter haut, comme on affiche ses armoiries au fronton du manoir familial. On cause ADN, on ressort les archives, on puise dans l’histoire de la maison. Option 2 : parier sur l’audace, le fun, le jamais-vu et pulvériser le « costume gris sur chemise blanche » comme on jetterait son froc aux orties. C’est ainsi que Walter Van Beirendonck dessine des sacs à main en forme de nuage, des vestes en vichy vert d’eau ou rose bubble gum et des pantalons orange. Ou que Miuccia Prada s’amuse avec des imprimés improbables.

Reste à éviter le fashion faux pas qui, du coup, ne menace plus seulement les filles perchées sur talons de 12. Kim Jones, directeur du Studio Homme de Louis Vuitton (lire en pages 38 à 42), a pour cela un truc imparable, transmis par Alexander McQueen chez qui il a fait ses classes : « la clé du style est de toujours, toujours porter les fringues que tu veux porter – ne t’habille jamais pour les autres. » Nous ne lui avons pas demandé si feu le créateur britannique lui a refilé le même tuyau ou si c’est inné chez lui mais Charlie Winston applique le précepte à la lettre. Quand il a débarqué à Bruxelles pour notre shooting (en pages 44 à 52), il avait emporté dans une petite valise vintage sa cravate fétiche, ses badges, ses gants, ses chaussettes roses et d’autres bricoles. Histoire, pour la bête des charts – son album Hobo compte parmi les meilleures ventes en France et en Belgique – de se sentir bien dans sa seconde peau.

Delphine Kindermans Rédactrice en chef

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