Raf Simons entre rêve et cauchemar américain

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Le très influent créateur flamand Raf Simons a présenté jeudi soir sa deuxième collection pour Calvin Klein, un défilé « entre cauchemar et rêve américain » et en forme d’ode à l’avant-garde artistique new-yorkaise.

Considéré comme l’un des créateurs les plus doués de sa génération, adulé par certains, Raf Simons, 49 ans et ancien de chez Dior, a présenté sa collection de prêt-à-porter printemps/été devant une foule de célébrités: de Paris Jackson, fille de Michael Jackson, à l’acteur oscarisé de « Moonlight », Mahershala Ali, en passant par l’acteur Jake Gyllenhaal ou l’actrice et mannequin Brooke Shields.

Parmi les mannequins, c’est la fille de Cindy Crawford, Kaia Gerber, qui vient de fêter ses 16 ans, qui a créé l’évènement en défilant pour la première fois, sous les yeux de son frère, également mannequin. « Je t’aime infiniment Raf », a-t-elle tweeté après l’évènement.

Arrivé chez Calvin Klein en août 2016 avec pour mission de régénérer la marque et ses ventes, Raf Simons avait repris pour ce défilé, organisé au siège de la marque tout proche de Times Square, l’esprit du décor qui avait électrisé le public lors de son « show » de février – une touche de drame en plus.

Comme en février, de nombreux bouquets de fils de laine et des tissus tombaient des plafonds, sauf qu’ils tendaient cette fois vers le rouge sang, laissant émerger de menaçantes lames de haches.

Le ton était donné, annonçant un défilé tout en choc des couleurs et des matières, en préservant néanmoins certaines des coupes emblématiques de la marque.

Raf Simons « trouve » Andy Warhol

Pour les hommes, pantalons et chemises en satin style cow-boy bi- ou quadri-colores, pulls sans manches à torsades de couleurs, tee-shirts en maille façon filet.

Côté femmes, des blouses et des robes élastiquées au cou, souvent avec grand revers dans le dos.

Et pour les deux sexes, des tee-shirt imprimés d’oeuvres d’Andy Warhol, artiste éminemment new-yorkais que Simons a expliqué avoir « trouvé en explorant l’Amérique ». Des imperméables, des pantalons, des blousons dans toute la palette de couleurs comme marquées de tâches de peinture noire.

Simons, qui a repris en main toute la stratégie de Calvin Klein, remodelant son logo et son magasin phare de Madison Avenue, a expliqué avoir puisé son inspiration dans le cinéma américain.

« Il s’agit de l’horreur américaine et de la beauté américaine », a-t-il indiqué dans la note présentant sa collection.

« La mode essaie de cacher l’horreur et d’embrasser uniquement la beauté. Mais toutes deux font partie de la vie », a-t-il ajouté.

Contrairement au défilé de février, pas d’allusion directe à la politique américaine de l’ère Trump. Mais le créateur a rendu un hommage appuyé à la diversité et à la « transgression sexuelle très liée à l’histoire de Calvin Klein. »

Ce défilé était l’un des plus attendus de la semaine new-yorkaise, handicapée cette saison encore par le départ de plusieurs grandes marques pour Paris, Londres ou Los Angeles.

Parmi les autres faits marquants de cette première journée de « fashion week »:

-Le designer d’origine japonaise Tadashi Shoji a montré une fois encore sa maîtrise de la dentelle, jouant avec les transparences, pour un défilé éminemment romantique et féminin, avec un podium tout en sobriété.

– Adam Selman a présenté une collection éclectique et pleine d’énergie. Ex-protégé de la chanteuse Rihanna, dont il dessina un temps les tenues, le designer moustachu s’est amusé, avec notamment une robe dont le haut et le bas étaient reliés par une armature en fausses perles ou un ensemble veste et pantalon translucide, texture façon peau de serpent.

-Hijabs et abayas ont été à l’honneur lors d’un défilé consacré à cinq créateurs de prêt-à-porter indonésiens, dont deux appartiennent à la catégorie de la mode « modeste », destinée aux femmes musulmanes aisées qui tiennent à observer les conventions vestimentaires de l’islam. « Nous ne sommes pas opprimées, nous voulons juste montrer au monde que nous pouvons être belles et à la mode avec nos hijabs », a indiqué la créatrice Dian Pelangi, suivie par 4,8 millions de personnes sur Instagram.

-La maison new-yorkaise Rag&Bone a pour sa part confirmé son rejet des traditionnels défilés, préférant projeter une série de photos d’amis de la marque, souvent des célébrités, dans une salle où ses vêtements s’alignent simplement sur des cintres.

« Je ne crois plus au défilé », a expliqué Marcus Wainwright, co-fondateur de la marque. « Je ne pense pas que ce soit la meilleure manière de montrer des vêtements à quelqu’un ».

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