Rencontre en 5 mots avec Jean Touitou, fondateur inspiré d’A.P.C.

© Pierre Bailly

En 1987, il signait sa première collection sans griffe sous l’étiquette saisonnière d’A.P.C., pour Atelier de Production et de Création. Depuis, il a conquis même l’Amérique en célébrant  » la beauté du quotidien, du banal, du normal « .

Anniversaire

« On déclenchera des événements et des expositions en janvier prochain pour fêter nos 30 ans – au début, on était deux, aujourd’hui nous sommes trois cents… On prépare un gros livre de 550 pages qui s’appellera Transmission, avec une partie très personnelle, une partie littéraire et puis une autre comme un catalogue raisonné, année par année, domaine par domaine. Ce que j’ai appris en me penchant ainsi sur le passé ? Qu’on s’adapte mais qu’on ne change pas. J’ai quitté Tunis à 9 ans… J’ai mis du temps à digérer ce déracinement. »

New York

« J’ai présenté ma collection automne-hiver 16-17 à New York durant la Fashion Week parce que j’en avais envie. Je préfère ne rentrer dans aucun système, d’ailleurs, un jour, peut-être, il n’y aura rien du tout… La vérité est que l’Europe, c’est le vieux monde et que l’Amérique est importante. On pense toujours qu’elle se résume à New York ou Los Angeles mais il y a plein d’endroits très bien et de gens sympas avec qui on aimerait aller dîner… Même en cuisine, les Américains inventent plus que les Français, qui sont à la traîne. »

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Harris Tweed

« C’est la matière emblématique de cet hiver chez A.P.C. J’ai appris à la connaître en faisant ce métier. Je ne supporte pas tout ce qui vient de Chine, et pas pour des raisons géopolitiques. Le tweed se fabrique donc en Ecosse, point, pas en Chine, encore moins en Italie. Notre grosse contradiction, c’est qu’on veut avoir des prix abordables et des matières luxueuses. C’est plus dur, je trouve, que d’être inspiré pour une collection. D’ailleurs, chez nous, on part d’abord de la matière pour en créer une, c’est littéral, ce n’est qu’ensuite qu’on remonte vers les formes. On est quatre au studio et c’est assez démocratique, on n’est pas du tout dans le fantasme d’une maison où le génie créateur se réveille à 3 heures du mat’ avec une idée de silhouette tellement forte que tout le monde s’agite… »

Vêtement

« Il peut vous rendre une certaine dignité, vous amener ce narcissisme dont vous avez besoin, c’est un bon médicament, le narcissisme, il ne faut juste pas en abuser. Et un vêtement parfait, c’est une question de proportions, plus je vieillis, plus je sens qu’Yves Saint Laurent avait en lui ce truc inné. »

Outdoor Voices

« Un copain à New York, qui a investi dans cette maison spécialisée dans les vêtements de sport, me les a présentés. Je suis arrivé dans leur studio, il y avait là une fille et un garçon beaux et charmants, j’avais l’impression d’être dans un fan club d’A.P.C., ils avaient été vaccinés à notre minimalisme, les harmonies de couleurs, c’était nous. J’ai eu envie de faire un truc avec eux, la première capsule est lancée ce mois-ci. Il vaut mieux collaborer avec des gens qui ont vraiment étudié le sujet, surtout si c’est quelque chose de bien spécifique, un soutien-gorge par exemple. Je n’ai jamais trouvé une maison qui puisse en faire et j’ai mis vingt ans avant d’arriver à obtenir une épaule correcte dans les vestes. »

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