Rosita, pétillante matriarche de la maison Missoni

Rosita et Ottavio Missoni, en fin de défilé, en 2012 © Reuters

Soixante-trois ans après son mariage, Rosita Missoni se rappelle dans les moindres détails des débuts de l’aventure de la célèbre maison italienne dans le sous-sol de leur logement.

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A 84 ans, Rosita a gardé le dynamisme et la coquetterie de sa jeunesse. Elle n’a que 16 ans lorsqu’elle croise pour la première fois la route d’Ottavio Missoni. Fille de fabricants de châles du nord de l’Italie, Rosita Jelmini est en voyages d’études à Londres. Lui, de 10 ans son aîné, concourt pour le 400 mètres haies aux jeux Olympiques.

Avec un ami, « Taï » comme le surnomme ses proches, a déjà un petit succès à son actif: « faire des vêtements de sports tricotés », à partir d’une « laine de la couleur nationale de l’Italie, un bleu vif », avec laquelle ils ont fabriqué des « tenues avec des zips », raconte Rosita à l’AFP.

L’innovation, qui permet de mettre les pantalons sans avoir à enlever les baskets, séduit plusieurs fédérations italiennes, dont celle d’athlétisme, qui l’adoptent pour les JO de Londres en 1948.

Rosita et Ottavio convolent en 1953. Dans le sous-sol de leur logement de Gallarate (nord), « il y avait notre laboratoire de tricot »: « Nous avons continué à faire les combinaisons de sport, puis petit à petit, des pull-overs ».

En 1958, la Rinascente de Milan, l’équivalent italien des Galeries Lafayette, leur commande « 500 petites robes, très près du corps, à rayures ».

Devant la vitrine, « Taï et moi étions très émus. Certains mannequins avaient des bandeaux sur les yeux comme pour jouer à colin-maillard. Un homme s’est alors arrêté et a dit: « Oh les pauvres filles, heureusement qu’on leur ont mis un tissu sur les yeux parce que si elles pouvaient se voir… » ». « C’était le premier commentaire sur notre première vitrine », rit-elle, mais « il nous a porté chance ». Ces robes, qui arboraient pour la première fois l’étiquette Missoni, sont leur « premier succès ».

Rosita et Ottavio Missoni, dans le jardin de leur propriété de Sumirago en juillet 1975
Rosita et Ottavio Missoni, dans le jardin de leur propriété de Sumirago en juillet 1975© Wikicommons

Art contemporain

La notoriété sera assurée en 1967 par un « scandale »: alors qu’ils sont invités à présenter leur collection au Palais Pitti à Florence, Rosita demande aux mannequins de retirer leur soutien-gorge parce qu’ils se voient. Mais sous la lumière des spots, les vêtements deviennent transparents. Les Missoni ne sont pas invités l’année suivante, mais leur réputation ne cesse de grandir.

Leurs mailles avant-gardistes sont saluées par des rédactrices de mode influentes, telle Diana Vreeland du Vogue US. Missoni joue avec les couleurs, les lignes, les zigzags, les motifs floraux.

Ce qui est « si spécial avec Missoni », c’est que c’est un style « immédiatement reconnaissable » et « intemporel ». Tous leurs vêtements « sont aussi vintage que contemporains », souligne l’expert en mode Gianluca Longo.

Le couple, inséparable, trouve son inspiration dans « l’art contemporain: de Sonia Delaunay, dont Rosita apprécie l’utilisation des couleurs, au futuriste italien Giono Severini », explique Celia Joicey, directrice du Fashion and Textile Museum de Londres qui propose jusqu’au 4 septembre l’exposition Missoni, Art, Color.

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En 1997, Rosita passe les rênes à sa fille Angela qui, selon M. Longo, maintient « l’ADN » de la maison tout en « la rafraîchissant ».

Ce passage de relais « était quelque chose que j’attendais vraiment », souligne Rosita, évoquant une « passion » devenue « un devoir ».

Mais « après deux mois, je me suis dit que ma vie était trop vide ». Elle se consacre depuis à la ligne maison, Missoni Home, piochant dans les archives ou collections pour créer canapés, chaises ou tissus d’intérieur.

Malgré une année 2013 noire, avec le décès à 92 ans d’Ottavio et de leur fils Vittorio, directeur commercial, la maison continue son aventure en famille.

Son secret ? « On vit dans un très bel endroit, on a des jardins autour de nous, la montagne en face. Quand on a décidé de construire notre usine, mon mari a dit: on va la faire là où on voudrait passer nos week-ends ».

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