Tendance: au rayon lingerie, on oublie les armatures

Chantelle © SDP

Sans aller forcément jusqu’à adopter le no-bra, les femmes sont toujours plus nombreuses à renoncer aux soutiens-gorge à armatures pour leur préférer une version plus légère et plus confortable.

« La première chose que j’enlève le soir en rentrant chez moi après une longue journée au bureau, c’est mon soutien, nous confiait une amie il y a quelque temps. C’est une véritable libération à chaque fois. » Aujourd’hui, depuis le confinement, elle télétravaille tous les jours sans porter de soutien-gorge. Sauf lorsqu’elle assiste à une vidéoconférence. Ou lorsqu’elle sort. Car bien que le mouvement #nobra ait le vent en poupe, beaucoup de femmes ne conçoivent pas de vivre sans cet accessoire. Elles en veulent les avantages sans pour autant faire de concession côté confort. C’est pourquoi elles sont de plus en plus nombreuses à opter pour un soutien-gorge sans armatures et sans bonnets préformés, comme un top, une bralette ou un soutien de sport.

Etam
Etam© SDP

Une seconde peau

Si le lockdown a accéléré le phénomène, il n’en est pas pour autant la cause. La grande majorité des labels de lingerie belges et étrangers enregistrent depuis quelques années déjà une hausse des ventes de soutiens sans armatures. Selon une étude du journal Le Monde, Princesse Tam-Tam a vu les ventes de ses modèles avec baleines baisser en 2018 de 20% comparé à 2016, alors que celles de ses tops souples ont plus que doublé sur la période. La griffe belge Marie Jo constate également une croissance, même si elle est plutôt limitée. « Cela reste pour l’instant un produit de niche, observe Lieve Vermeire, Brand Design Manager. Selon nous, cette demande s’inscrit dans une tendance plus vaste: les femmes veulent une lingerie plus confortable. Pour certaines, cela signifie un soutien-gorge sans armatures, pour d’autres des matières légères, telles que la dentelle. En tant que marque, nous réagissons en fonction de cette évolution. Nous misons sur des tissus que l’on ressent comme une seconde peau et qui préservent la forme naturelle de la poitrine. »

Marie Jo
Marie Jo© SDP

Après le push-up devenu obsolète, le modèle préformé bat donc de l’aile à son tour. « Notre collection comprend beaucoup plus de soutiens-gorge « no pad » qu’il y a deux ans, commente Lieve Vermeire. Nous avons renoncé à l’idée que les seins devaient être relevés, comme avec un push-up. Les femmes veulent une pièce qui souligne la forme naturelle de leur poitrine. C’est aussi ce que demandent nos clientes. Même celles qui sont fidèles depuis des années à un modèle préformé bien déterminé osent à présent essayer autre chose. Avec une petite armature, certes. Mais même là, on peut créer une silhouette naturelle. »

Un franc succès

Si les bretelles coupantes ou les baleines douloureusement pointues sont toujours considérées comme des « maux nécessaires », on remarque toutefois que le confort importe de plus en plus. Chantelle aussi mise sur cette évolution. En 2017, la marque de lingerie française a lancé sur le marché belge sa collection Soft Stretch composée de quatre modèles de culottes extrêmement extensibles et sans coutures. « Ces slips ont connu un tel succès qu’il s’en vendait chaque minute cinq exemplaires dans le monde, raconte Sandra De Decker, Senior Product Manager pour la griffe au Benelux. Ce besoin de confort ne s’exprime pas seulement dans la lingerie. Il suffit de voir la popularité des sneakers ou du homewear en général. »

L’année dernière, les ventes de cette ligne ont augmenté, dans le Benelux, de 114% par rapport à 2018. « La collection a également été enrichie avec des pièces de dessus, dont un top, un bandeau et un « lounge bra » – un haut avec un col en V et un rembourrage non amovible dans un tissu extensible à deux couches, de manière à couvrir le mamelon et à mieux soutenir la poitrine. Ce dernier va jusqu’à la taille 85 G. Un soutien sans armatures n’est donc pas réservé aux petites poitrines. Ou aux jeunes femmes, comme on le pense souvent. »

Love Stories
Love Stories© SDP

Ce que confirme Eefje Luuring, Buying Manager Beauty & Lingerie du grand magasin de luxe De Bijenkorf: « Les soutiens-gorge sans baleines de marques telles que Chantelle, Mey et Sloggi sont achetés par des clientes de tout âge. Par contre, les bralettes de Love Stories ou de Passionata, par exemple, séduisent davantage les jeunes. » Si l’on en croit l’experte, la recherche du confort ne concerne pas que la lingerie: « Ces derniers temps, nous enregistrons aussi une forte croissance des ventes de vêtements de nuit et de loungewear. »

Des craintes infondées

Tous les experts en lingerie s’accordent à reconnaître qu’un soutien-gorge sans armatures n’apporte pas le même support. Cela ne signifie pas pour autant que porter tel ou tel modèle permet d’éviter que les seins s’affaissent avec l’âge. « Il n’y a aucune preuve scientifique que le port d’un soutien améliore la fermeté de la poitrine, affirme le professeur Peter van Dam, coordinateur médical d’oncologie gynécologique et de sénologie de l’hôpital universitaire d’Anvers. Un sein n’est pas un muscle, mais un tissu qui s’affaiblit avec le temps sous l’effet de la gravité. Les femmes à forte poitrine ou dont les seins se sont affaissés se sentent souvent mieux avec un soutien-gorge qui leur offre un meilleur support. »

Eres
Eres© SDP

Il n’y a pas non plus de preuves formelles que le port de ce sous-vêtement serait néfaste pour la santé. « Il est faux d’affirmer que le soutien-gorge provoque le cancer du sein, précise le médecin. Que vous enfiliez un soutien avec ou sans baleines, ou que vous ne vous en serviez pas, pour vos seins, cela ne fait aucune différence. Tout est une question de confort, de ce que vous appréciez, en tant que femme, porter par goût ou par plaisir. Voyez-y un accessoire qui vous offre un support lorsque vous le souhaitez, et certainement pas un danger. »

Texte Ellen De Wolf

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