Mutilations génitales: « Hors de question de faire subir ça à mes enfants »

© Reuters

« On ne peut pas oublier la douleur. Il était hors de question de faire subir ça à mes enfants », témoigne A., une Guinéenne ayant fui son pays pour protéger ses filles de l’excision.

Bénévole pour l’asbl GAMS (Groupement pour l’abolition des mutilations sexuelles féminines – MGF), elle a pris la parole mercredi à l’occasion de l’inauguration de l’exposition « Building the bridges » pour l’abandon de ces pratiques, installée au siège du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

« Je veux parler au nom de toutes les mères. Le chemin a été très long », a-t-elle raconté. A. est arrivée en Belgique il y a dix ans, accompagnée de ses filles de dix et six ans. « J’avais peur qu’on vienne me les voler. J’ai engagé quelqu’un devant leur école, je les gardais à la maison. (…) Je ne voulais pas qu’elles passent à l’abattoir comme moi je l’ai été », a poursuivi cette mère fière que ses deux filles, aujourd’hui jeunes adultes, aient pu échapper à l’excision.

« J’ai été excisée à 14 ans. A cet âge-là, on ne peut pas oublier la douleur. Si c’était arrivé plus tôt, je n’aurais certainement pas été aussi battante pour mes filles. Il était hors de question de faire subir ça à mes enfants. »

Elle a donc préféré s’enfuir et demander l’asile en Belgique, qu’elle a obtenu. « Savoir que j’ai sauvé deux filles et qu’elles sauveront à leur tour leurs enfants, c’est un vrai réconfort pour moi. »

Samia Youssouf, originaire du Djibouti et responsable de l’antenne liégeoise de GAMS, s’est elle aussi battue pour protéger sa fille, née en Belgique, d’une infibulation (suture des petites ou grandes lèvres, ndlr). Lorsque sa fille avait deux ans, Samia et son mari se sont rendus au Djibouti pour la première fois. « J’ai du mentir à ma mère, en lui disant que si ma fille était excisée, je serais arrêtée et jetée en prison à mon retour en Belgique. »

Lors de l’inauguration de l’exposition mercredi, Khadidiatou Diallo, présidente du GAMS, a plaidé auprès de la ministre des Droits des femmes, Isabelle Simonis, pour des examens médicaux « égaux pour les filles et les garçons » dans les écoles. « L’excision se pratique aujourd’hui parfois dès le 7e jour après la naissance », a-t-elle expliqué.

L’exposition de photographies, qui approche en douceur et de manière poétique cette thématique, sera visible en Belgique jusqu’au 20 octobre, avant de voyager dans d’autres pays d’Europe.

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