45 ans après les Twin Towers, le funambule Philippe Petit plus que jamais sur le fil

La Glass House, célèbre maison du Connecticut, conçue par l'architecte américain Philip Johnson. © Isopix

A deux mois de ses 70 ans et presque 45 ans après sa fameuse traversée entre les tours jumelles du World Trade Center, le funambule français Philippe Petit continue à défier la gravité et se verrait bien de nouveau au sommet de Notre-Dame.

Le regard est ailleurs, dans le vague. Ils sont plusieurs à s’approcher de lui mais Philippe Petit semble ne voir personne, redescendu de son câble mais pas encore de sa transe. « Mes amis me disent: quand tu finis une traversée, tu es comme un zombie, un extra-terrestre. Tu es toujours sur le fil », confiait-il début juin, après avoir achevé un numéro sur le toit de la Glass House, célèbre maison du Connecticut conçue par l’architecte américain Philip Johnson il y a 70 ans.

Physique affûté, environ 1,70 m tout en souplesse, Philippe Petit affirme que l’âge n’a rien entamé de ses possibilités, lui qui continue à s’entraîner trois heures par jour, six jours par semaine.

« Je pense que je peux faire ce que je faisais quand j’avais 18 ans », dit-il. « Je suis plus en possession de mes moyens aujourd’hui que quand j’étais un jeune homme qui voulait prouver quelque chose », estime cet Américain d’adoption, qui a élu domicile aux Etats-Unis après sa marche du World Trade Center en 1974. « Je n’ai plus rien à prouver. »

Et l’appel du câble est là, toujours aussi pressant. « Je suis toujours enthousiaste, (…) comme un gamin. Je suis impatient de commencer. L’avant, c’est une perte de temps. J’aime le pendant. »

– Revoir Notre-Dame –

Sur la ligne qui le reliait à la Glass House, Philippe Petit, éternel facétieux, ne s’est pas contenté de marcher. Il a allongé le pas, puis s’est couché sur le fil, à plusieurs reprises, comme lors de la marche du World Trade Center, qui a humanisé ces deux tours un peu froides.

« Je ne suis pas de l’univers du cirque », rappelle le funambule autodidacte, « mais du théâtre, de l’opéra, des arts. Je suis un poète funambule qui veut utiliser son câble pour connecter. »

De sa retraite non loin de Woodstock, au nord de New York, celui que le documentaire oscarisé « Le Funambule » (2008) et le film « The Walk » (2015) ont fait connaître à un large public voit s’élever, un peu partout dans le monde, des tours sans cesse plus hautes, avec envie.

Les tours jumelles Petronas à Kuala Lumpur (452 m) l’ont fait rêver mais, sans permission, plus grand-chose n’est possible, reconnaît-il. Il a pourtant posé jadis son câble à New York, Paris ou Sydney sans autorisation. « Un type avec une tonne de matériel la nuit au sommet d’une tour géante, vous ne pensez pas qu’ils tireraient avant de poser des questions? », interroge-t-il. « Nous vivons dans un monde tellement parano sur la sécurité. »

Aujourd’hui, l’homme au balancier prépare une tournée à l’international, dont il ne peut rien dire pour l’instant. Il a aussi en tête la cathédrale Notre-Dame de Paris, qu’il a vu partiellement brûler, comme le monde entier, le 15 avril. « J’adorerais refaire une traversée entre les deux tours comme en 1971 », dit-il, « pour aider à la reconstruction. »

Il a offert ses services au ministère français de la Culture, qui n’a pas donné suite pour l’instant.

Philippe Petit ne fait jamais deux fois la même traversée. A Notre-Dame, « le câble serait placé de la même façon mais je ferais quelque chose de très différent ».

Il imagine déjà le violoncelliste Yo-Yo Ma dans la tour d’en face. « Il m’appellerait avec sa musique. Ce serait magnifique. »

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