Compotisme: à quand Delphine sur les boîtes de biscuits Delacre?

Boîte Delacre, 20e anniversaire du mariage de Philippe et Mathilde © SDP
Mathieu Nguyen

(Ana)chronique: un événement récent remis en perspective à l’aide de références historiques ou pop culture, de mauvaise foi occasionnelle et d’une bonne dose de désinvolture. Cette semaine, il est question de boîte de biscuits et de princesse récemment reconnue.

Si l’on sait que cannabis, héroïne, amphétamines et nombre d’autres psychotropes étaient vendus librement par les facétieux apothicaires d’antan, on oublie parfois que c’est aussi le cas de produits un peu plus fréquents dans le panier de la ménagère, comme le Coca-Cola ou le chocolat. A la fin du XIXe siècle, un pharmacien-chimiste bruxellois du nom de Charles Delacre n’a d’ailleurs pas mis longtemps à constater que ce qu’il proposait en tant que fortifiant recueillait un certain succès auprès de ses clients. Malin, il ouvrit une chocolaterie et, bien que Français né à Dunkerque, trouva en notre monarchie un filon marketing efficace et, a priori, intarissable: dès 1873, il déposa la marque « Chocolat Roi et Reine », sur l’emballage de laquelle figuraient déjà des portraits de Léopold II et de Marie-Henriette.

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Le reste appartient à l’Histoire et aux collectionneurs-brocanteurs, les boîtes Delacre ayant depuis rythmé la vie du royaume et accompagné chaque événement marquant vécu depuis par notre monarchie. A un détail près: qui se souvient des boîtes des années 70 ou 80? Personne, pour la simple raison qu’elles n’existent pas. La production de « boîtes royales » s’est mystérieusement interrompue pendant près de vingt-cinq ans, de la fin des sixties à 1996, date à laquelle un nouveau couple couronné s’affiche sur le fer blanc. Après un long règne sans héritier, la maison Delacre s’était enfin déniché une nouvelle veine à exploiter. Tout s’est donc parfaitement enchaîné: Albert, Paola et leur famille, puis le mariage de Philippe et Mathilde, la naissance d’Elisabeth, le mariage de Claire et Laurent, et ainsi de suite pendant plus de deux décennies. Mais quid d’aujourd’hui? Notre future reine a bien grandi, elle est majeure, vaccinée et à l’armée – donc, bon, le treillis, c’est photogénique, mais ça le fait moyen au milieu de la porcelaine du café dominical. Pire, plus moyen de miser sur le reste de la royale descendance: ados, ils sont trop vieux pour attendrir le public et trop jeunes pour procréer à leur tour. Par chance (ou habile calcul), l’année 2020 était sauvée par les 60 ans de notre actuel souverain, mais que faire, alors qu’approche 2021?

C’est ici que l’on réalise à quel point ils sont forts, chez Delacre, car la réponse monopolise les rayons des librairies depuis plusieurs semaines: le surprenant retour au premier plan de Delphine Boël, sûrement en vue d’une édition inédite qu’elle signera peut-être elle-même, en point final d’une saga de plusieurs décennies mêlant sexe, gros sous et secrets de famille. Du drama comme on l’aime, et qui aura servi à quoi? Profiter de la fascination du petit peuple pour le (Saxe-Cobourg) gotha, et vendre des biscuits et du chocolat, soit du sucre – une substance que certains médecins estiment plus addictive que la cocaïne. Sous nos yeux s’étale donc la preuve manifeste que l’industrie pharmaceutique et ses affidés manipulent les puissants afin d’asservir les masses en les droguant à l’insu de leur plein gré. Chaque élément avancé dans le présent billet est rigoureusement exact, à l’exception de ce qui pourrait s’avérer faux. La vérité est bien là, et tant pis pour ceux qui n’y croient pas – ça leur apprendra à gober ce qu’on raconte dans les journaux.

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