Harcèlement sexuel: 7.000 femmes du monde de l’art signent une lettre ouverte

Cindy Sherman © Reuters

Cindy Sherman, Laurie Anderson, Jenny Holzer… Certaines des plus grandes artistes contemporaines, de célèbres galeristes et commissaires d’exposition se sont jointes à plus de 7.000 femmes pour dénoncer le harcèlement sexuel dans le milieu de l’art.

« Nous sommes artistes, administratrices, assistantes, curatrices, critiques d’art, directrices, éditrices, étudiantes, galeristes, chercheurs, stagiaires et universitaires travaillant dans le monde de l’art contemporain, et nous avons été victimes d’attouchements, rabaissé.e.s, harcelé.e.s, infantilisé.e.s, méprisé.e.s, menacé.e.s et intimidé.e.s par celles et ceux en position de pouvoir (…) », écrivent les signataires, dans la version du texte en français.

La lettre est intitulée « not surprised » (pas surprises) en référence à une oeuvre de Jenny Holzer, connue pour ses installations en formes de déclamations magistrales: « abuse of power comes as no surprise » (« l’abus de pouvoir n’est pas surprenant »).

Cette initiative a commencé par un groupe de discussion entre une poignée de femmes qui s’est rapidement étendu à plus de cent participantes à travers le monde, en réaction à la démission la semaine dernière de Knight Landesman, qui était co-directeur du magazine ArtForum, l’un des plus influents du monde de l’art.

Il est accusé de harcèlement sexuel dans une plainte déposée dans l’Etat de New York par une ancienne employée d’Artforum, Amanda Schmitt, qui fait aussi référence à des allégations de harcèlement contre huit autres personnes.

C’est une nouvelle personnalité puissante qui est mise en cause pour son comportement abusif à l’encontre de femmes, dans la foulée de l’affaire Harvey Weinstein.

« Il est urgent de partager nos témoignages sur le sexisme normalisé, les traitements inégaux, les conduites inappropriées, et le harcèlement sexuel dont nous faisons l’expérience régulièrement, de manière généralisée et avec intensité », poursuit la lettre ouverte.

« Une démission au sein d’un magazine d’art contemporain de renommée internationale ne résout ni l’étendue ni le caractère insidieux du problème: celui d’un milieu professionnel perpétuant des structures de pouvoir vétustes au détriment d’un comportement éthique », insiste cette missive qui avertit: « nous ne serons plus silencieu.x.s.e.s ».

« Nous (…), appelons les institutions artistiques, les instances gouvernementales culturelles ainsi que tous nos collègues à s’interroger sérieusement sur la manière dont ils ou elles ont joué, ou ont pu jouer, un rôle dans la perpétuation des inégalités entre les sexes et des abus pré-cités et, surtout, à la façon dont ils ou elles comptent gérer ces problèmes dans le futur ».

« Le cas Harvey Weinstein a ouvert la brèche dans plein d’autres milieux », et à la suite de la démission de M. Landesman « on s’est rendu compte qu’on avait toutes eu des expériences de ce genre », a expliqué à l’AFP Martha Kirszenbaum, une commissaire d’expositions et l’une des cent premières signataires de la lettre.

Depuis le début de l’affaire Weinstein, le producteur de cinéma déchu accusé par des dizaines de femmes de harcèlement, agressions sexuelles ou viol, des personnalités ont été mises en cause dans le journalisme, la gastronomie, la mode, entre autres.

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