L’interview d’Harry et Meghan fait trembler la monarchie britannique
Dans un entretien-confession accordé à la télévision américaine qui restera dans les annales, Meghan et le prince Harry ont fait plus qu’égratigner l’institution britannique. N’épargnant personne, ou presque, leur tir nourri d’accusations a eu l’effet d’une bombe.
Pensées suicidaires, racisme et dénigrement: Meghan Markle et le prince Harry n’auront pas déçu les curieux lors de leur premier entretien depuis le fameux megxit de l’année dernière. Prenant tout le monde de court, le prince Harry et sa femme Meghan annoncent alors renoncer à leur rôle de premier plan au sein de la famille royale et cessent officiellement d’en être membres actifs le 31 mars 2020. S’il ne s’agissait là que d’une période de transition, la décision est définitive depuis février. Le duc et la duchesse de Sussex, qui ont par la même occasion perdu leurs derniers titres officiels, se sont retirés pour de bon de la famille royale. Entre accusations de « mensonges » envers Buckingham et ouverture d’une enquête sur des soupçons de harcèlement visant Meghan, les rapports entre les « Sussex » et les Windsor se sont encore envenimés depuis. De quoi leur donner les coudées franches pour une interview sans concession avec la star de la télévision américaine, Oprah Winfrey.
A l’avenir, il n’est pas exclu que nous devrions voir davantage ce type d’émission avec des membres de la royauté, selon l’expert en communication et en famille royale Jo De Poorter . Les familles royales du monde entier sont obligées d’entrer dans la communication du XXIe siècle. Dans le passé, il suffisait de couper un ruban pour entrer dans les médias. Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, les membres de la famille royale ne font la une des journaux que lorsque quelque chose ne va pas. C’est pourquoi ils recherchent maintenant activement des nouveaux moyens pour se présenter de manière positive. Cela pourrait aussi expliquer le futur documentaire sur la reine Paola. Ces dernières années, Paola Ruffo di Calabria a été dépeinte comme une sorcière rétive et une mauvaise mère. Avant de faire ses adieux à la vie, elle veut rectifier cette image pour les livres d’histoire ».
Durant deux heures, ils vont tirer à boulets rouges sur l’institution. Le couple n’épargne rien, ni personne, si ce n’est la reine elle-même. Ils expliquent leur mise en retrait et leur départ pour les Etats-Unis par la conjonction d’une pression médiatique intenable et du manque de soutien de la famille royale. « Nous avons fait tout notre possible » pour rester au sein de la famille royale, a affirmé le prince Harry, expliquant qu’il avait lui-même connu des troubles psychologiques lié à cette situation.
« Quel que soit ce que la famille royale attendait de cette interview, c’était pire »
La crise publique entre le couple et la famille royale est sans équivalent depuis l’époque de Lady Di, mère d’Harry, qui s’était elle-même épanchée dans une interview choc en 1995. Un an après la mise en retrait choc du couple et de son départ pour la Californie, ces confessions, recueillies par la star de la télévision Oprah Winfrey, dressent un portrait sombre de la monarchie britannique. Pour les médias britanniques, la guerre est déclarée entre le duc et la duchesse de Sussex et le reste de la famille royale, qui n’avait pas réagi lundi en fin de matinée.
Pour The Times, « quel que soit ce que la famille royale attendait de cette interview, c’était pire ». « Meghan a souffert de tendances suicidaires. Elle était inquiète pour son bien-être mental. Elle a pleuré à un engagement officiel. Et la famille royale n’a pas aidée », a développé le quotidien, évoquant des « allégations préjudiciables ». « L’image qui a émergé est celle d’un couple qui était vulnérable, qui s’est senti prisonnier de leur rôle et qui s’estimait laissé sans protection par l’institution », a-t-il poursuivi.
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Pour la BBC, « c’est une interview dévastatrice » qui révèle « les pressions terribles au sein du palais » et dresse « l’image d’individus insensibles perdus dans une institution » qui l’est tout autant.
Une Royale à la carte ?
L’expert en communication et en famille royale Jo De Poorter se demande si l’interview d’Oprah sera finalement une bonne chose pour le couple. « Il est un peu bizarre que Mme Markle, qui a tout fait pour faire partie de la famille royale britannique, semble maintenant vouloir seulement profiter des avantages et des ressources financières qui accompagnent la vie royale, sans offrir grand chose en retour. Elle veut être une « royale à la carte », mais cela n’est pas du tout accepté par le palais de Buckingham »
Le Daily Telegraph estime inutile pour la famille royale de « se cacher derrière le canapé »: c’est d’un « gilet pare-balles » dont elle avait besoin, face à une interview qui contenait assez d' »obus pour faire couler une flottille ». « Et possiblement, comme le craignent certains, pour infliger les mêmes dommages à la monarchie britannique ». « Il est juste de dire que cette interview de deux heures sans concession est le scénario du pire pour ce que le couple n’a cessé de mentionner comme la Firme », surnom de la monarchie.
L’imagerie militaire est de mise aussi sur la chaîne ITV: « Le couple avait effectivement chargé un bombardier B-52, l’a fait survoler le palais de Buckingham et a déchargé son arsenal juste au-dessus ». Le tabloïd Daily Mirror insiste lui sur l' »immense tristesse » du prince héritier Charles, père d’Harry, et de son frère aîné William, tandis que le Daily Express dénonce « une discussion télévisée avec Oprah qui sert le(s) propres intérêts » du couple, exilé aux Etats-Unis depuis sa mise en retrait, au printemps de 2020, de la monarchie.
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« Nous nous attendions clairement à quelque chose de dramatique. Je pense que ces attentes ont été dépassées », a résumé Robert Hardman, journaliste royal au Daily Mail, à l’AFP.
En Australie, pays dont Elizabeth II est la reine et où le couple a effectué une tournée quelques mois après son mariage en 2018, le Sydney Morning Herald souligne que l’entretien permet de donner au public américain, à qui il était principalement destiné, « le récit du duc et de la duchesse victimes d’une sombre institution victorienne ».
Pensées suicidaires et dénigrements
L’ex-actrice de 39 ans a expliqué que les innombrables articles l’accablant dans la presse britannique l’avaient menée à avoir des idées suicidaires. « Je savais que si je ne le disais pas, alors je le ferais. Et je ne voulais juste plus être en vie. Et c’étaient des pensées constantes, terrifiantes, réelles et très claires », a-t-elle dit, expliquant avoir eu ces idées alors qu’elle était enceinte de son fils Archie et en mettant son état psychologique sur le compte de la couverture agressive des médias britanniques. L’Américaine a dit être allée voir des membres de l’institution royale pour demander de l’aide et évoquer la possibilité d’une prise en charge médicale, J’ai dit que je ne m’étais jamais sentie comme ça avant (…) et on m’a dit que je ne pouvais pas, que ce ne serait pas bon pour l’institution », a-t-elle ajouté. »
Si Meghan Markle a dénoncé une « vraie campagne de dénigrement » et dit ne pas s’être sentie protégée par la famille royale, elle a pris garde de ne pas attaquer personnellement des membres de la couronne.
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Elle est juste revenue sur l’histoire avait été reprise en choeur par des tabloïds britanniques ou elle aurait fait pleurer Kate, l’épouse du prince William, après un essayage de robe par la petite princesse Charlotte avant son mariage avec Harry en 2018. Selon elle et contrairement à ce qui avait été rapporté par la presse britannique, ce n’était pas elle qui avait fait pleurer Kate, la duchesse de Cambridge, lors d’un incident survenu peu avant son mariage avec le prince Harry en 2018, mais que l’inverse s’était produit. « Tout le monde au sein de l’institution savait que ce n’était pas vrai », a dit l’ex-actrice.
« Quelques jours avant le mariage, Kate était contrariée par quelque chose de lié aux des robes des demoiselles d’honneur, et ça m’a fait pleurer, et ça m’a vraiment blessée ». Même si elle s’est excusée, la révélation de cet incident et la manière dont il a été couvert a été « un tournant » dans ses relations avec la famille royale, a-t-elle affirmé. Cette rumeur selon laquelle elle aurait fait pleurer Kate a été « le début d’une vraie campagne de dénigrement », a-t-elle poursuivi. « J’en suis venue à comprendre que non seulement je n’étais pas protégée, mais qu’ils étaient prêts à mentir pour protéger d’autres membres de la famille ».
Racisme
L’épouse métisse du prince Harry, parfois émue aux larmes, fait état de conversations au sein de la famille royale sur la couleur de peau de son fils lorsqu’elle en était enceinte.
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Meghan Markle, dont le père est blanc et la mère noire, a ainsi indiqué que son mari lui avait révélé que certains au sein de la famille royale s’étaient souciés de la couleur de peau qu’allait avoir leur bébé. Harry a été informé « d’inquiétudes et de conversations (…) quant à savoir à quel point sa peau (serait) foncée quand il (naîtrait), de ce que ça voudrait dire et à quoi cela ressemblerait », « , a-t-elle dit à Oprah Winfrey à propos de son fils. « Ce sont des conversations que la famille a eues avec lui ».
Oprah lui a alors demandé si les personnes en question s’inquiétaient du fait qu’il puisse être « trop foncé ». « Si c’est l’hypothèse que vous faites, je pense que vous ne prenez pas de risque », a répondu Meghan, sans vouloir donner l’identité de la ou des personnes ayant eu cet échange avec son mari parce que « ce serait très dommageable pour elles ». « C’était étrange », a dit Harry au sujet de cette conversation, refusant, lui aussi, de révéler qui en était à l’origine. « J’étais sous le choc. » Si le prince Harry n’a pas précisé l’identité de la personne, « il a voulu s’assurer que je sache (…) que ce n’était ni sa grand-mère, ni son grand-père », a déclaré l’animatrice à l’émission CBS This Morning.
La duchesse de Sussex a aussi affirmé que le palais de Buckingham avait refusé d’accorder une protection à l’enfant et que des membres de l’institution estimaient qu’Archie ne devrait pas recevoir de titre de noblesse, bien que ce soit la tradition.
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Harry « déçu » par son père et son frère
Contrairement à sa femme qui prend soin de ce ne citer personne, le prince Harry a été plus loin, se disant « vraiment déçu » par son père, le prince Charles, alors qu’il traversait une période difficile. « Parce qu’il a vécu quelque chose de similaire. Il sait ce qu’est la douleur », a dit le prince. « Il y aura du travail » pour améliorer leur relation, « mais en même temps, je l’aimerai toujours ». Il a aussi évoqué son frère, expliquant que les deux princes étaient « sur des trajectoires différentes », confirmant, en creux, que leur relation était distendue, tout en réaffirmant son affection pour son aîné.
« Mon père et mon frère sont prisonniers » du système, a-t-il dit. « Ils ne peuvent pas partir », comme Harry l’a fait après avoir réalisé qu’il était lui-même « prisonnier », a-t-il déclaré. « Et j’ai une énorme compassion pour cela ».
En revanche, le fils cadet de Charles et Diana a loué sa grand-mère, la reine Elizabeth II, affirmant ne pas l’avoir « prise par surprise » lorsqu’il a annoncé sa mise en retrait de la famille royale. « Ma grand-mère et moi avons une très bonne relation et une entente », a-t-il dit. « Et j’ai un profond respect pour elle. C’est mon colonel en chef. Elle le restera. »
La monarchie tente vaille que vaille de faire front
La reine Elizabeth II a souligné dimanche l’importance du « dévouement désintéressé et du sens du devoir » quelques heures avant la diffusion de l’interview. « Si les expériences vécues l’année dernière à travers le Commonwealth ont été diverses, d’émouvants exemples de courage, de détermination, de dévouement désintéressé et du sens du devoir ont été constatés aux quatre coins de la communauté du Commonwealth », a fait valoir la reine dans cette adresse enregistrée à l’avance et diffusée par la BBC.
« Ces temps éprouvants pour tant de personnes auront aussi révélé à quel point, en restant en contact avec les autres, nous jouissons de leur solidarité et de leur soutien spirituel », a ajouté Elizabeth II.
C’est aussi en rangs serrés que la famille royale aborde cette année les célébrations. La reine, son fils le prince Charles et son épouse Camilla, son petit-fils le prince William et sa femme Kate: tous les principaux membres officiels de la famille royale sont apparus depuis l’abbaye de Westminster dans l’émission de la BBC diffusée à partir de 17H00 GMT pour célébrer le jour du Commonwealth. Le prince Charles, héritier de la couronne, a rendu hommage à la « détermination, au courage et à la créativité extraordinaires » des peuples du Commonwealth pendant la crise de coronavirus, dénonçant les « menaces existentielles » que constituent la pandémie et le changement climatique. Le prince William, deuxième dans l’ordre de succession à la couronne britannique, et son épouse Kate ont eux salué le « travail incroyable » du personnel de santé « au Royaume-Uni et partout dans le monde » pendant l’année qui vient de s’écouler.
La célébration du Commonwealth – association de 54 pays héritée de l’empire colonial britannique – avait constitué en 2020 la dernière apparition publique du prince Harry, 36 ans, et de Meghan, 39 ans, en tant que membres officiels de la famille royale.
Selon une source proche de la reine citée par le Sunday Times, Elizabeth II ne comptait pas regarder l’interview de son petit-fils et sera médiatiquement plus présente la semaine prochaine pour montrer que la monarchie « se concentre sur des questions importantes ». Le journal indique aussi que des membres de la cour, qui n’ont pas hésité à qualifier l’interview de « cirque », se préparent à riposter « par de nouvelles révélations » sur le comportement du couple si la monarchie était attaquée.
Harry et Meghan disent vivre « un conte de fées » en Californie
Passage bucolique, le couple a ensuite levé le voile sur sa vie à Montecito, en Californie, « meilleure que tous les contes de fées que vous avez lus », selon la duchesse de Sussex. Oprah Winfrey a aussi eu droit à une visite de la propriété de Montecito, le quartier de Santa Barbara où se sont installés Harry et Meghan. Dans ce quartier opulent au nord-ouest de Los Angeles, les époux ont déjà fait édifier un poulailler qui accueille des poules « sauvées » d’une ferme industrielle, selon Meghan Markle. Selon le site du magazine Variety, les Sussex, qui ne perçoivent plus de dotation de la couronne, ont contracté un emprunt de 9,5 millions de dollars pour acheter cette maison, vendue 14,6 millions, où il se sont installés en juillet. « Nous sommes passés de l’autre côté », après plusieurs mois de turbulences, et leur mise en retrait de la famille royale, aujourd’hui définitive, a expliqué Meghan Markle lors de l’interview.
Mariés en secret
Le prince Harry et l’ex-actrice américaine Meghan Markle se sont mariés en secret trois jours avant la grandiose cérémonie officielle du 18 mai suivie par des millions de personnes à travers le monde en 2018. Ils se sont dit oui devant l’archevêque de Canterbury, Justin Welby. « Personne ne le sait. Mais nous avons appelé l’archevêque, et nous avons juste dit +Ecoutez, ce spectacle, c’est pour le monde, mais nous voulons que notre union soit entre nous », a-t-elle dit à Oprah Winfrey.
« Nous n’avons pas simplement survécu, nous nous épanouissons », a ajouté l’ancienne comédienne de 39 ans, enceinte d’une fille, qui devrait naître durant l’été. « Toutes ces choses que j’espérais se sont réalisées. Et, d’une certaine façon, ce n’est que le début pour nous ».
Meghan Markle est enthousiaste à l’idée de « pouvoir vivre de façon authentique », avec enfants, chiens et poules, loin de la pompe et du protocole du palais de Buckingham. Harry s’est dit heureux de permettre à son fils, Archie (2 ans en mai), de pouvoir passer du temps à des plaisirs simples comme aller à la plage, toute proche, ou faire du vélo. « C’est quelque chose que je n’ai jamais pu faire quand j’étais jeune », a-t-il expliqué.
Après l’interview, Meghan a reçu le soutien appuyé de son amie, la joueuse de tennis Serena Williams, pour qui « ses mots illustrent la douleur et la cruauté qu’elle a vécues ». « Meghan vit la vie que Diana aurait dû avoir, si seulement ceux qui l’entouraient avaient été aussi courageux qu’elle », a estimé la poétesse américaine noire Amanda Gorman, jugeant sur Twitter que la couronne avait manqué une occasion de « changement ».
« C’est une fille! »
Malgré la gravité des questions évoquées dimanche soir, Meghan et Harry ont aussi donné des nouvelles plus joyeuses. Pour le plus grand plaisir de leurs fans, ils ont annoncé que l’enfant qu’ils attendent était une fille, dont l’arrivée est prévue pour « l’été ». Et ce sera leur deuxième et dernier enfant, ont-ils assuré. « Avoir un garçon, puis une fille, que peut-on demander de plus? », a lancé Harry. « Deux, c’est tout », a renchéri Meghan.
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