Le zéro déchet en famille, c’est possible ?

Réduire au minimum sa production de déchets, c’est le défi que s’est lancé, il y a quatre ans, la famille belge Zéro carabistouille. Un challenge réussi haut la main, son émission de déchets ne s’élevant plus qu’à 1,6 litre l’année. Composée de Pierre, Sylvie et de leurs deux filles, Naïs (12 ans) et Una (10 ans), la famille partage son expérience grâce à son blog, via des conférences et animations, ainsi qu’au travers de deux livres  » le zéro déchet sans complexes  » et  » zéro déchet : le guide pour toute la maison « , ce dernier étant paru fin juillet dernier. Interview de l’auteure et mère de famille, Sylvie Droulans.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous tourner vers ce mode de vie en 2015 ?

Nous faisons partie de ces familles déjà engagées : groupes d’achats collectifs pour se procurer nos légumes, nos fruits et certains produits frais (beurre, yaourts, oeufs…), un potager et un compost collectif, de l’alimentation bio depuis la naissance de notre première fille. Mais aussi l’utilisation de langes lavables et l’engagement dans des mouvements citoyens comme Etterbeek en transition ou le Transistore, un magasin alternatif.

Le déclic du zéro déchet est venu suite à un article découvert sur Béa Johnson, la papesse mondiale du zéro déchet. Sa famille ne produit plus qu’un petit bocal de déchets par an. Quelque chose qui me paraissait totalement impossible. Une conférence plus tard, elle m’a convaincue de l’importance de faire un pas de plus : réduire nos déchets. Nous avions zappé cette étape dans nos engagements écologiques. Et pourtant, les déchets ont des conséquences dramatiques sur l’environnement qui nous entoure. Le lendemain de cette rencontre, nous nous lancions tête baissée vers ce nouveau challenge qui allait transformer complètement nos habitudes et nous faire revoir notre manière de consommer.

Comment ont réagi vos enfants? Cela faisait-il déjà partie de leurs valeurs ?

Lorsque j’ai proposé le défi à la famille, tout le monde était partant. J’ai pris le temps de leur faire comprendre ce qui allait changer. Cela s’est donc fait en douceur avec l’engagement de tous. En réalité, les enfants, s’ils sont impliqués, sont souvent motivés par ces nouveaux défis !

Comment arrivez-vous à gérer une famille zéro déchet ?

Assez facilement. En prenant le temps de mettre les choses au clair et en les félicitant. Si on leur dit qu’ils n’auront plus tel ou tel produit, on peut leur montrer qu’il existe beaucoup d’alternatives tout aussi chouettes ou gustatives. Ce fût l’exemple des céréales du matin. Fini les marques bien connues pleines de sucres et d’emballage plastique. On a trouvé des versions quasi similaires mais moins sucrées et en vrac. On fait aussi notre granola maison, c’est tellement plus savoureux et hyper simple à réaliser ! Mes filles ne reviendraient pas en arrière, même si parfois il y a des frustrations. Dans ce cas-là, il faut voir ce qui est important et évaluer si on peut vivre exceptionnellement avec tel ou tel déchet, afin de rassurer l’autre. Trouver le bon compromis. Souvent, c’est utile pour faire un second pas bien plus grand par la suite. On est tous différents et chacun évolue à son rythme, avec ses peurs, son vécu et ses valeurs.

Le zéro déchet en famille, c'est possible ?

Quels sont les difficultés qu’une famille zéro déchet peut rencontrer dans sa transition écologique ?

Comme nous l’avons fait pas à pas, je ne peux pas dire que cela soit compliqué. D’autant plus que nous avons pris ce défi comme un jeu. En laissant le temps s’installer, ces nouveautés deviennent vite des habitudes. On se demande alors souvent pourquoi on ne l’avait pas fait plus tôt et pourquoi on faisait autrement avant. Si on s’ouvre à cette nouveauté, on y prend plaisir, ça n’est plus vu comme un obstacle. J’aime aussi rappeler qu’il faut faire cela avec bienveillance : envers soi-même et envers les autres. Ça ouvre donc plus de possibilités pour y arriver. De plus, aujourd’hui, par rapport à nos débuts dans cette démarche, les alternatives sont innombrables. C’est donc beaucoup plus simple de se lancer : on trouve de plus en plus de magasins de vrac, avec des choix très variés, des alternatives de plus en plus accessibles, on n’est plus les seuls à le faire, c’est donc d’autant mieux accueilli par les commerces, la famille, les amis…

Pourquoi avoir décidé d’écrire ce deuxième livre ?

Je donne beaucoup de conférences, et souvent les gens prennent effectivement conscience qu’il est temps d’agir à sa propre mesure. Mais on me pose souvent la question  » par quoi dois-je commencer ? « . Il est impossible pour moi de dire vous devez faire ceci ou cela, car il y a tellement de facteurs… Les changements sont très personnels. Je ne peux que proposer un éventail de solutions dans lequel chacun puise ce qui lui plait ou ce qui l’inspire. J’ai donc ressenti qu’il était nécessaire d’accompagner pas à pas certaines personnes qui se sentaient peut-être un peu perdues face à cette nouvelle manière de consommer et d’agir. La maison est un lieu où l’on a entièrement la maîtrise de nos choix. C’est donc d’autant plus rassurant de commencer par là. On peut alors choisir de commencer par telle ou telle pièce, ou se dire, je vais me mettre un défi par semaine au sein de mon foyer. Quand on accomplit plusieurs petits challenges, on ressent énormément de fierté et l’on a souvent envie d’aller encore plus loin.

Ce livre, je l’ai voulu encore plus pratique que le premier avec des outils visuels pour ne rien oublier. Des recettes et tutoriels permettent à tout un chacun, même ceux ou celles qui n’ont pas l’esprit créatif (ou qui ne pensent pas l’avoir) d’oser mettre la main à la pâte. Chaque projet est simple à réaliser. A mon image : j’aime que les choses soient simples, faciles et efficaces !

Quel précieux conseil donneriez-vous à une famille envieuse de changer de mode de vie, mais qui n’arrive pas à se lancer ?

La première chose est d’identifier les freins qui les empêchent de se lancer. Sur cette base, on peut essayer de voir comment les surpasser ou plutôt se tourner vers les zones où il n’y a pas de peur. Les possibilités sont innombrables. Il faut commencer par des actes qui nous paraissent accessibles, que l’on pourra atteindre sans trop de difficultés, et qui nous feront plaisir. L’exemple que je donne souvent est le mouchoir en tissu. Pour moi, c’était impossible d’y passer. Pourtant, aujourd’hui, je n’utilise plus que cela. Si j’avais commencé par cet acte, je ne serai sans doute pas là en train de partager mon aventure, j’aurais plus que probablement abandonné.

Par Noemi Dell’Aira

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