Retour sur la success story de Base Design

© Serge Leblon

Dimitri Jeurissen (54 ans) est né à Hasselt et a cofondé le studio de création Base Design. Depuis vingt-cinq ans, la boîte bruxelloise a défini l’identité d’une multitude d’organismes culturels et de labels commerciaux, et s’importe à New York, Genève ou encore Melbourne.

Je ne pense pas qu’il existe un monopole de la créativité.

Les premières années, notre société se concentrait sur le graphisme, mais maintenant nous aidons nos clients à construire une marque de A à Z. Dans ce cas-là, on n’a pas besoin d’un graphiste omniscient qui dirigerait les travaux depuis son piédestal. Pour être efficace, il faut communiquer et débattre, même avec les personnes qui s’occupent des aspects administratifs. Sinon, vous ne tarderez pas à créer pour créer et vous ne parlerez plus qu’avec les initiés.

Au début, nous ne nous préoccupions que des projets de nos clients, et pas de nous-mêmes.

J’avais fondé Base Design avec des amis, rencontrés à La Cambre pendant mes études de graphisme, et nous suivions notre intuition. Quand nous tombions sur quelqu’un d’intéressant, nous cherchions une façon de pouvoir collaborer avec lui. Plan ou structure d’entreprise, coaching d’équipe, vision de groupe… toutes ces notions nous étaient inconnues. Cela peut paraître rock’n’roll, mais je suis content que nos erreurs de jeunesse soient derrière nous. Notre rêve est de construire quelque chose qui nous dépasse, une plate-forme de communication et de créativité qui fonctionnera toujours selon nos principes à l’avenir.

Celui qui délègue doit aussi se fixer de nouveaux objectifs personnels.

A partir d’un moment, nous savions que nous devions transmettre nos connaissances et notre vision, que nous devions nous défaire de certaines tâches. Mais ensuite est arrivée une autre question personnelle : comment encore avancer? Heureusement, je suis persuadé depuis longtemps que mon rôle est en constante évolution. Chez Base Design, j’ai été designer, puis directeur artistique, directeur créatif de notre bureau à New York et directeur général du groupe. Et aujourd’hui, en tant que partenaire, je suis principalement à la recherche de nouvelles opportunités et activités pour le groupe.

u003cstrongu003eL’expertise acquise dans un secteur nous sert dans tous les autres.u003c/strongu003e

S’entourer d’art, c’est pour moi un véritable mode de vie.

Et c’était aussi l’avis de mon père. Il était artiste peintre, et avait finalement décidé d’aider ma mère dans sa boutique de mode à Hasselt. Il se contentait alors d’acheter des oeuvres pour les autres. Pour lui, l’art est une donnée sociale, une source d’amitié entre artistes, qui logeaient parfois des semaines chez nous, mais aussi un sujet de conversation à table, une ouverture sur le monde et sur le bonheur. Je ne me considère toutefois pas comme un collectionneur dans l’âme. Pour moi, c’est plutôt une source d’inspiration constante, indissociable de mon travail pour Base Design. C’est d’ailleurs grâce à lui que j’ai commencé ma collection : je créais une invitation ou un catalogue pour un ami artiste et il m’offrait une de ses réalisations en retour.

Notre spécialité, c’est de ne jamais nous spécialiser.

Nos clients sont aussi bien des organismes culturels que des villes, ils viennent à la fois du monde de la mode et du secteur bancaire ou technologique. Nos familles nous ont transmis leurs passions, l’architecture pour Thierry (NDLR: Brunfaut, cofondateur de Base Design) et l’art et la mode pour moi, et nous sommes tous les deux intéressés par énormément de domaines. Nous spécialiser nous rendrait seulement malheureux. Un des avantages de notre profession, c’est que nous rencontrons sans cesse des personnes différentes, et l’expertise acquise dans un secteur nous sert dans tous les autres.

u003cstrongu003eu0022Pensez u0026#xE0; notre arrivu0026#xE9;e si rapide sur le marchu0026#xE9; new-yorkais dans les annu0026#xE9;es 90, alors que le graphisme peinait u0026#xE0; se faire une place en Belgique et que les Belges cru0026#xE9;atifs misaient rarement sur l’u0026#xE9;tranger. Apru0026#xE8;s notre collaboration avec le MoMa dans le Queens, tout le monde connaissait notre nomu0022u003c/strongu003e

Pour moi, la qualité compte plus que les heures passées sur un projet.

Auparavant, la norme était de travailler sept jours sur sept, et de rentrer à la maison après 22 heures. Aujourd’hui, c’est inacceptable. Je n’attends pas non plus de mes collaborateurs qu’ils sacrifient tout pour leur emploi, dans le graphisme et la création, il est crucial de continuer à se nourrir d’autres sources d’inspiration et de savoir ce qu’il se passe dans le monde.

Plus vous réfléchissez, moins vous agissez.

Pensez à notre arrivée si rapide sur le marché new-yorkais dans les années 90, alors que le graphisme peinait à se faire une place en Belgique et que les Belges créatifs misaient rarement sur l’étranger. Après notre collaboration avec le MoMa dans le Queens, tout le monde connaissait notre nom, mais jusque-là nous étions juste de drôles de créatures. Tout ce que nous avions, c’était notre enthousiasme et notre style épuré. Je dois aussi cette mentalité d’entrepreneur, parfois naïve, à mes parents. Ils m’ont encouragé à me battre et ils étaient toujours derrière moi, un luxe que je veux offrir à mes propres enfants.

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