Noëlle Joiris, une Belge vice-championne du monde de nage hivernale

A 60 ans, cette Liégeoise se jette chaque semaine dans la Meuse pour s’adonner à sa passion : la nage hivernale. Début mars dernier, elle a décroché une médaille d’argent aux Championnats du monde. Un titre qu’elle veut mettre au service de sa discipline, afin de la rendre plus populaire.

Elle nous reçoit dans son bureau de la Cité ardente. Cheveux blonds lisses, maquillage discret, robe élégante et collier de perles… Difficile d’imaginer qu’il y a quelques semaines, Noëlle Joiris – 60 ans mais en paraissant dix de moins – plongeait dans une mer à -0,5 °C, dans le port de Tallinn, en Estonie, pour décrocher l’argent aux Championnats du monde de nage hivernale. Et ce, vêtue d’un simple maillot, les combinaisons étant interdites.  » Vu que c’était de l’eau salée, elle n’était pas gelée mais c’était très froid, relate la médaillée. Mon objectif était de terminer ma course. Faire 100 mètres de brasse à cette température n’est pas évident. Les mains et les pieds s’engourdissent, ça peut faire peur. En s’immergeant, on perçoit aussi un effet de souffle coupé, même si cela s’amoindrit avec l’expérience.  » Le devoir accompli, l’athlète est rentrée à son hôtel se réchauffer, ne se préoccupant pas du classement. Le résultat, elle ne l’a appris que le soir, à son plus grand étonnement ! Un sacre passé inaperçu en Belgique, et qui n’a toutefois pas donné la grosse tête à la Liégeoise.

Noëlle Joiris, une Belge vice-championne du monde de nage hivernale
© FREDERIC RAEVENS

Si désormais cette juriste de formation, travaillant comme commerciale dans le secteur des assurances, raconte son exploit aux médias, c’est avant tout pour faire connaître sa discipline qui s’avère bonne pour la santé.  » Vous ne tombez presque plus malade, ça développe le système immunitaire « , insiste-t-elle, s’appuyant sur les études d’Alexandre Fuzeau, un médecin français, lui aussi amateur de bains glacés.

On ne peut pas jouer aux divas frileuses qui minaudent sur les plages de la Côte d’Azur.

C’est pourtant par hasard que Noëlle a découvert cette pratique. Ayant peu de temps pour ses loisirs, entre ses enfants et le boulot, elle se rendait parfois en piscine pour se délasser, avant de rencontrer un problème d’allergie au chlore.  » J’ai pensé à ces gens qui sautent dans la Meuse en hiver et j’ai cherché sur Internet. Le club de Huy, qui s’entraîne dans le fleuve, m’a tout de suite proposé de le rejoindre. On était le 31 août 2010, il faisait 25 °C. C’était magnifique, se souvient-elle. Quand la météo s’est dégradée, je me suis dit, pourquoi ne pas continuer ?  » Depuis, elle retrouve hebdomadairement ses coéquipiers pour un plongeon, toujours en binôme, la voie d’eau étant dangereuse en termes de courant et de trafic. En parallèle, elle s’est affiliée au Royal Club Theux, dans une piscine extérieure ouverte toute l’année, fait de la compétition au niveau international et participe évidemment à la traversée de la Meuse, en février.  » Mon meilleur souvenir, c’est la première fois que je l’ai faite. J’ai pensé : si j’y suis arrivée une fois, je pourrai encore réussir « , raconte-t-elle, avouant ne pas l’avoir terminée en 2018 –  » Il faut rester modeste et ne pas prendre de risques…  »

Ce qui stimule cette grand-mère qui apprend désormais le crawl –  » Il n’y a pas d’âge pour progresser  » ?  » Le bien-être et la satisfaction de dépassement de soi que l’on ressent quand on ressort « , résume-t-elle, ne cachant pas détester le moment de l’immersion.  » On ne s’y habitue jamais, d’autant qu’on doit rentrer rapidement sinon c’est impossible. On ne peut pas jouer aux divas frileuses qui minaudent sur les plages de la Côte d’Azur. Mais trente secondes après, on n’y pense plus. En fait, on commence à grelotter une demi-heure après être sorti.  » Dans ce cas, la nageuse conseille une douche ou une boisson chaude.  » Certains préfèrent une bière ou un peket. Moi, je ne saurais pas juste après l’effort « , lâche-t-elle avec un brin d’accent qui rappelle ses origines et cette ville qu’elle aime, mais où  » il faudrait botter les fesses aux autorités communales pour certaines choses « . Elle entend d’ailleurs monter au créneau pour que son sport y soit développé prochainement. Nul doute qu’elle utilisera tout son pouvoir de persuasion, elle qui en une heure parvient à vous donner l’envie de tenter le grand frisson… et qui revendique ce petit grain qui pousse les mordus comme elle à braver l’élément liquide par tous les temps.  » Notre devise, à Huy, c’est :  » Mais vous êtes fous ? Oh oui !  » Mais c’est de la folie positive « , conclut-elle.

Bio express

1957 : Naissance dans la Cité ardente.

1977 : Son aînée voit le jour. Elle aura aussi un fils en 1986, une fille en 1991 et accueillera un enfant rwandais en 1996.

1982 : Licenciée en doit, à l’université de Liège.

2010 : Premier plongeon dans la Meuse.

2015 : Première compétition internationale, en Angleterre.

2018 : Médaillée d’argent aux Championnats du monde à Tallinn.

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