Notre sélection des meilleurs romans et livres de non-fiction à lire cet été

Notre sélection des meilleurs romans et livres de non-fiction de l'été 2025 - Montage Vif Weekend
Notre sélection des meilleurs romans et livres de non-fiction de l'été 2025 - Montage Vif Weekend

Peut-on prendre plaisir à écrire si on n’aime pas lire? À la rédaction, la réponse est un grand « non », et c’est donc avec joie que les papivores qui prêtent leur plume à votre magazine préféré vous partagent leurs coups de coeur littéraires pour l’été.

Si vous lisez le Vif Weekend, c’est parce que son mélange de sujets psycho et de thématiques allant de la beauté à la gastronomie en passant par la mode vous attire. Raison pour laquelle on a décidé de prolonger votre plaisir de lecture en catégorisant nos coups de coeur selon les sujets qui nous vous sont chers.

La meilleure manière de s’assurer un été à la fois instructif et léger? Piocher parmi les différentes catégories, pardi. Et consulter régulièrement notre sélection, amenée à être complétée au gré de nos coups de coeur de papier.

Bonne lecture!

Si vous vous passionnez pour les sujets psycho et société

Comment tu te sens ?, Sophie Kinsella, Belfond.

Pourquoi on aime: On n’attendait pas de la reine des bonbons littéraires à l’humour délicieusement british que son dernier opus soit si grave. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas entrecoupé de drôlerie entre les passages qui tirent des larmes, car Madeleine Wickham, alias Sophie Kinsella, est ainsi, et ce court livre qui relate le diagnostic (et le traitement) de la tumeur au cerveau incurable d’une maman de quatre enfants, c’est son histoire.

Légèrement romancée, avec des prénoms changés ici et là, mais tout ce qu’il y a de plus vraie, dans tout ce qu’elle a de plus injuste mais aussi de plus beau. Car malgré le spectre de la mort, la vie continue, ainsi que le démontre avec brio la Britannique qui, à l’heure d’écrire ces lignes, défie tous les prognostics.

Docteur Queen, Le médecin légiste pas comme les autres, Denis Goeman, Racines.

Pourquoi on aime: Le jour, il autopsie, dissèque, traque les mystères des corps morts, assassinés, dézingués. La nuit, il monte sur scène dans une autre version de lui-même performant sous le nom de Clarika. Le docteur Grégory Schmit est un médecin légiste pas comme les autres. D’où le titre de ce bouquin à la croisée des chemins, qui embrasse les grandes affaires judiciaires belges de ces vingt dernières années -des attentats de Bruxelles au quintuple infanticide de Geneviève Lhermitte-, les enquêtes minutieuses faites dans son laboratoire et, transcendant tout, l’examen attentif des profondeurs de l’âme humaine.

L’homme de loi, que tout le monde surnomme Docteur Queen, fut avocat pénaliste et familialiste avant de devenir magistrat. Il a assidument fréquenté le Parquet, le cabinet du Ministre de la Justice et depuis 2022, le Tribunal correctionnel francophone de Bruxelles, ainsi que les plateaux de RTL-TVI, pour « Face au juge ». Toutes choses qui lui permettent d’incarner au mieux les affres de la condition humaine sous les feux de la rampe en drag-queen exubérante. La vie devant soi.

Long Live Sex and the City. Héritages de la série culte, Audrey Haensler, Le Cherche-Midi.

Pourquoi on aime: Contrairement à sa version 2.0, And Just Like That, et les réactions ultra clivées qu’elle suscite, Sex and the City reste culte plus de 20 ans après ses débuts. Pas surprenant, donc, que la spécialiste en civilisation américaine Audrey Haensler ait décidé de lui consacrer un ouvrage aussi cultivé que nostalgique, malin et distrayant bref: parfait pour les vacances.

En interrogeant des notions telles que l’amitié féminine, l’émancipation sexuelle ou encore la quête de soi, elle met en lumière toutes les contradictions de cette série ô combien progressiste, et pourtant prisonnière de normes consuméristes qu’on subit encore aujourd’hui. Et permet de mieux comprendre pourquoi les (més)aventures de Carrie & co, miroir de l’époque, continuent de fasciner.









Le Veuf noir du Grand Canyon, Vincent Manilève, 10/18 avec Society

Pourquoi on aime: C’est devenu une petite tradition. Chaque été, on vous glisse dans notre sélection une des pépites de la collection True Crime en partenariat avec le magazine Society. Si, comme nous, vous être fascinés par l’affaire XDDL (les vrais sauront), vous allez dévorer cette histoire hallucinante qui pourrait n’être que la longue suite de malchances d’un pauvre gars du Colorado si, à force, les enquêteurs n’avaient pas fini par trouver ça bizarre…

Trois épouses, quatre meurtres, une vie de mensonges.

Vincent Manilève, comme ses confrères auteurs et autrices des autres ouvrages de la collection, parvient à restituer avec talent et précision ce qui n’est pas qu’un « simple fait divers » mais aussi le portrait d’une Amérique toujours aussi fascinante.

Au bonheur des noms, Jean-Louis Beaucarnot, JCLattès.

Pourquoi on aime: On ne choisit pas comment on s’appelle, et pourtant, entre ce que notre patronyme dit de notre histoire et de celle de la société dans laquelle on évolue, et l’impact qu’il peut avoir sur notre parcours, on en viendrait presque à se dire que le passage à l’âge adulte devrait s’accompagner de la possibilité de déterminer son propre nom.

Las, ce n’est pas le cas, et en Belgique, il est même plutôt complexe (et coûteux) d’en changer. Raison pour laquelle on lit avec encore plus d’attention cet ouvrage érudit et fouillé, qui marie anecdotes, statistiques et psychologie sociale pour nous aider à prendre conscience des liens qui unissent nommage, héritage familial et inconscient collectif. On préfère vous prévenir: vous risquez d’y aller de votre petite anecdote sur le nom de chaque personne que vous rencontrez après avoir terminé de lire ce livre captivant.

Renouer avec la terre. Plaidoyer pour un nouveau sublime, Mathilde Ramadier, Seuil.

Pourquoi on aime: Quelle meilleure saison que l’été pour s’interroger sur le rapport que nous entretenons avec la nature? À lire de préférence au jardin, à l’ombre d’un arbre, cette réflexion engagée sur notre déconnexion au vivant (et le mal-être qu’elle engendre) nous invite à nous réconcilier avec toute la beauté qui nous entoure (car oui, il y en a partout, toujours) en pratiquant l’émerveillement et en s’entraînant à (re)connaître le sublime.

Ca a peut-être l’air un peu perché comme ça, mais promis, ce plaidoyer mâtiné d’écopsychologie est avant tout un précieux allié pour restaurer un équilibre mental toujours plus malmené – ainsi qu’un bel OVNI, à la fois follement intelligent et drôlement beau une fois abandonné nonchalamment sur la table basse.

La Voix des Harpies, Noémie Fachan, Leduc Graphic.

Pourquoi on aime: On a découvert Noémie Fachan sur Instagram où, sous le pseudonyme @maedusa_gorgon, elle prend la parole en BD sur les questions d’égalité de genre, de sexisme et de violences faites aux femmes.

Après deux albums dédiés aux injonctions à la parentalité, elle a publié L’œil de la Gorgone, suivi de ce second tome, La Voix des Harpies, dans lequel elle revisite des figures mythologiques – Héra, Aphrodite, Athéna, Ariane, Cénée … – sous un regard féministe. L’autrice et illustratrice y aborde avec une justesse poignante les violences systémiques, la marginalisation des corps féminins et le poids du patriarcat. Un roman graphique salutaire, qui pousse à la réflexion et invite à une compréhension plus profonde des luttes féministes et de la nécessité de raconter autrement les histoires du passé.

La société du paraître, Jean-François Amadieu, Odile Jacob.

Pourquoi on aime: On l’avoue, bien que l’ironie de juger ce livre sur sa couverture ne nous échappe pas, on aurait aimé un visuel plus avenant, peut-être. Mais qu’importe, car une fois ouvert, on ne le referme pas, tant les données compilées par Jean-François Amadieu sont édifiantes – et rageantes.

Avec son analyse rigoureuse des mécanismes psychologiques qui lient apparence physique, estime de soi et réussite sociale, l’auteur démontre comment les normes esthétiques façonnent nos comportements, nos jugements et nos trajectoires… Le plus souvent à notre insu. Dans notre société dominée par l’image, les biais que cette dernière engendre sont aussi profonds que leurs effets sur notre vie de tous les jours ou notre carrière. Si vous êtes en quête d’une lecture plutôt légère, passez votre chemin, mais si vous n’aimez rien tant que de profiter de vos lectures estivales pour vous cultiver et tenter de mieux comprendre le monde qui nous entoure, cette enquête est faite pour vous.

Le roman de Jeanne et Nathan, Clément Camar-Mercier, Actes Sud.

Pourquoi on aime: « Le roman français le plus abouti de cette rentrée littéraire », rien que ça. Et si la critique (qui n’est pas de nous mais de l’enthousiaste maison d’édition de Clément Camar-Mercier) est dithyrambique, il faut reconnaître qu’il y a du Nicolas Mathieu dans cette histoire d’amour et de blessures qui fait se rencontrer Jeanne, actrice porno désabusée, et Nathan, thésard en quête de sens.

Pris aux pièges de leurs addictions, ils sont à l’époque ce que Tristan et Iseult ont pu être au Moyen-Âge.

Un couple maudit, victime du monde dans lequel il évolue autant que de ses propres démons. Tantôt pudique, tantôt intense, ce premier roman extrêmement abouti ravira celles et ceux qui se passionnent pour les méandres de notre fonctionnement psychologique.

Les meilleurs livres et romans pour voyager

Rendez-vous ici, David Nicholls, Belfond.

Pourquoi on aime: Est-on encore surpris qu’à chaque nouveau roman, l’auteur de l’inoubliable One Day réussisse le pari de construire un récit romantique, jamais mièvre mais toujours touchant? Non, mais ça ne veut pas dire qu’on n’est pas ravis pour autant. Surtout quand, comme ici, le roman se double d’un récit de voyager l’air de ne pas y toucher, et ne donne qu’une envie quand on le lit: chausser nous aussi nos bottines et parcourir les sentiers de l’Angleterre (oui, même sous la pluie).

À la fois attachant et malin, ce livre rappelle également qu’il n’y a pas d’âge (ni de moment) pour trouver l’amour.

Et que celui-ci peut tout à fait réapparaître même quand on a le coeur encore en pleine cicatrisation du chagrin précédent. Bref, il a toutes les caractéristiques du « livre de l’été » (plus que) réussi et si vous n’avez la place que pour un ouvrage dans votre bagage cabine, celui-ci la mérite.

Bungalow, Julien Blanc-Gras, Le Livre de Poche.

Pourquoi on aime: Baroudeur professionnel ayant fait du voyage son métier, Julien Blanc-Gras nous embarque cette fois avec femme – en burn out pro – et enfant – unique, un brin accro aux écrans – dans un périple de plusieurs mois en Asie. «On va partir et quand on reviendra, on sera plus heureux», leur assure-t-il pour les convaincre de partir à sa suite. Si c’était aussi simple, a-t-on d’emblée envie de lui répondre.

Toutefois, si s’éloigner des soucis du quotidien ne les résoudra pas, dézoomer permet au moins de les mettre à distance.

Culpabilisée à chaque étape par le poids de son emprunte carbone, la petite bande trouvera pourtant matière à s’émerveiller au fil des rencontres et de la beauté des lieux qui l’entourent.

La plume feel good et intelligente – car oui les deux sont possibles – de Julien Blanc-Gras croque avec délices les aléas d’une telle aventure que l’auteur se garde bien d’enjoliver. Ses « personnages » d’ailleurs sont des dialoguistes parfaits auxquels il n’a finalement qu’à tendre le micro. Le gamin surtout qui lorsqu’il lâche un « En vrai, je n’aime pas trop les temples » au beau milieu du Cambodge, vous replonge d’un coup dans la réalité d’une famille ordinaire.

Guide ultime de la randonnée ratée, par Bruno Léandri, éditions du Trésor.

Pourquoi on aime: Ancien collaborateur des revues Hara-Kiri et Fluide Glacial, Bruno Léandri fait rimer «vacances» avec «insolence» dans cet ouvrage qui évite soigneusement de se prendre au sérieux.

Et nous, on aime ça, l’insolence.

Surtout quand elle sort d’une plume qui, comme fil conducteur, a opté pour la plus humble et la plus inattaquable des activités de loisirs: la randonnée. Au programme? Des conseils à gogo afin de transformer un simple moment de détente en éreintant cauchemar, comme: se détourner volontairement des balises, rater les photos des oiseaux, mentir à ses compagnons de route quand on se perd, ou s’aventurer en tongs sur le fameux GR20.

On ne dirait pas, comme ça, mais le gaillard s’est inspiré de ses propres expériences de rando pour nourrir son propos. Il a juste ajouté une bonne dose de mauvaise foi et une grosse louche d’ironie, avant d’offrir un bonus intitulé «20 conseils pour gâcher ses vacances en toute saison.» L’art de marcher à contre-pied: on valide! 

Voyages aux pays nomades, Erik Orsenna et Bernard Matussière, Métaillé.

Pourquoi on aime: De celui qui est notamment connu comme étant un des membres les plus sympathiques de l’Académie, on attend évidemment une maîtrise des mots qui touche au sublime – et on n’est pas déçus. Même, on est transcendés par leur superposition poétique avec les clichés de Bernard Matussière, dans ce drôle de livre qui célèbre le voyage sans en être un guide, et qui invite à rêver d’ailleurs sans bouger de chez soi, simplement grâce au pouvoir de la lecture.

Dans « ces terres lointaines que la modernité a fait disparaître », le duo, qui se connaît depuis l’adolescence, nous donne à voir un monde à la fois proche et si lointain, et rappelle toute la poésie que l’errance peut avoir quand elle est choisie. Est-ce qu’il y a un côté presque meta à lire ce livre depuis une destination lointaine? Peut-être, mais c’est là tout le plaisir aussi.

Quarante jours dans la jungle, Mat Youkee, Marchialy.

Pourquoi on aime: Les éditions Marchialy pourraient publier une version moderne de l’annuaire téléphonique qu’on s’empresserait de la lire, tant les choix éditoriaux de cette maison dédiée à la non-fiction sont précis, surprenants, érudits et passionnants. Imaginez notre joie, donc, quand au retour des beaux jours, ils ont dévoilé parmi leurs nouveautés ce récit haletant de l’incroyable course contre la montre pour sauver quatre enfants uitoto, rescapés du crash de l’avion qui les transportait en 2023.

Il y a forcément des récits de survie et de naufrage mythiques dans le compte-rendu minutieux de Mat Youkee, sauf qu’ici, tout est vrai.

Et plus qu’un reportage à la croisée du thriller et du roman d’évasion, c’est aussi, l’air de ne pas y toucher, un plaidoyer pour la condition des peuples indigènes de Colombie. Un pays aussi fascinant que complexe où l’auteur du livre, journaliste notamment pour The Economist ou le Financial Times, habite depuis 10 ans – un enracinement qui se ressent à chaque page de cet ouvrage à dévorer d’une traite.

Tanzanothérapie, Chantal Henry, Fayard.

Pourquoi on aime: Jolie contraction. Tanzanie + Thérapie, ça donne Tanzanothérapie et un récit de voyage comme un cheminement vers la guérison.

Chantal Henry, professeure de psychiatrie à l’hôpital Sainte Anne et à l’Université de Paris Cité, arpente ce pays d’Afrique de l’Est aux côtés de sa fille, avec dans ses bagages, les livres de Sylvain Tesson. Dans cette immensité qui dessille, elle entame une quête pour « libérer son esprit des scories du quotidien ».

Dans ces savanes dont on revient profondément changé, elle rencontre des grands fauves, une grand-mère Massaï appelée Mamakélé et la paix intérieure. De Zanzibar au Kilimandjaro, en passant par les grands parcs nationaux du Nord, elle plonge dans l’âme de la Tanzanie, et partant, dans la sienne. Ça sonne comme une invitation.

Contes de Normandie, Arnaud Delalande, Grasset.

Pourquoi on aime: Avec sa collection La France par ses contes, Grasset nous emmène dans les recoins secrets, mythiques et magiques d’un Hexagone qui n’a décidément pas fini de nous surprendre. « Nous avons tous au fond du cœur un pays qui murmure, une mémoire oubliée qui sommeille. La magie du conte, c’est d’ouvrir les portes de ce monde peuplé d’histoires, d’enchantements et de rêves » décrit joliment la maison d’édition, qui ne se contente pas de nous emmener en Normandie mais bien aussi dans les Pyrénées, du côté de la Loire ou encore au travers des territoires d’Outre-mer.

Comprendre: quelle que soit votre destination fétiche en France, il y a fort à parier que ses contes et légendes soient repris dans un de ces petits livres au format pratique, qui semblent avoir été pensés pour être lus à voix haute avec quelqu’un dans les bras – qu’il s’agisse d’un enfant ou bien de votre tendre moitié.

Raconter des histoires plutôt que de scroller à l’heure du coucher: en voilà une jolie résolution à adopter cet été.

Notre sélection pour les fans de mode

Ecrits sur la mode – l’art de surprendre, Colette, Bartillat.

Pourquoi on aime: Le 1er janvier dernier, Colette est entrée dans le domaine public, ce qui nous annonce pour notre plus grand plaisir de nouvelles éditions de textes mais aussi d’anthologies thématiques comme celle-ci consacrée à la mode. Dans toute son œuvre, des Claudine au Fanal bleu sans oublier ses chroniques et ses articles de journaux, l’autrice dissèque tissus, coiffures, maquillages et accessoires avec une précision chirurgicale.

Elle s’émerveille certes mais critique aussi déjà l’obsession des femmes pour la maigreur et le diktat qui leur impose de faire disparaître leurs seins.

Railleuse, elle moque les sourcils trop épilés et dénonce une mode qui enferme au lieu de révéler. L’élégance, pour elle, n’est pas une tendance à suivre mais une justesse d’être, un reflet mouvant de soi. Pionnière, elle explore les ambiguïtés du genre, elle qui a porté l’habit d’homme, aimé Missy qui en portait aussi, et revendiqué une liberté rare.

Mariée trois fois, amoureuse des femmes comme des hommes, Colette s’est affranchie des normes sociales comme vestimentaires. Son exemple est plus que jamais d’actualité.

Madame Grès, Anne Graire, Flammarion.

Pourquoi on aime: On la surnommait « le sphinx de la Haute Couture ». Elle a habillé Marlène Dietrich, Barbra Streisand, Jackie Kennedy, Marella Agnelli ou encore la Princesse Grace de Monaco, toutes fans de ses drapés délicats inspirés de l’Antiquité. Là où d’autres ont choisi de pactiser avec l’ennemi pour préserver leur train de vie, durant l’Occupation, elle résiste, et des années plus tard, elle sera le seul grand couturier à visiter la Russie en pleine Guerre froide.

Madame Grès est une énigme, un personnage aux multiples facettes dont la vie semble avoir été taillée pour être adaptée au cinéma, et pourtant, son nom est relativement oublié.

Un oubli que sa petite-fille, Anne Graire, compte bien réparer, en lui consacrant ce récit passionnant. Qui ne se contente pas de rendre hommage à une créatrice de talent, mais rappelle aussi ce faisant que la mode, loin d’être futile, est une manière comme une autre d’appréhender l’histoire – qu’elle soit culturelle, économique, politique ou encore sociétale. Un vrai coup de coeur, dont le petit format est absolument parfait pour glisser dans ses valises.

Remixed, Michel Gaubert, Fayard.

Pourquoi on aime: C’est l’histoire d’un homme qui a signé les plus grandes bande-son des défilés de Karl Lagerfeld pour Chanel. Sans compter toutes les autres, et ce, depuis 4 décennies. Michel Gaubert se raconte, façon Remixed. Ça commence en mars 1990, un soir tard, par hasard, il était rentré chez lui, par la rue Cambon (celle où vécut Mademoiselle Chanel), avait levé les yeux vers le dernier étage du numéro 29 où s’activait toute l’équipe de la maison aux 2 C entremêlés, c’était veille de la présentation de collection. La mélancolie l’avait saisi, on ne sait pourquoi, il s’était couché, après douche et somnifère et puis le téléphone avait sonné, vers 1 heure du matin, c’était Karl, et la conversation qui avait suivi donne un aperçu de comment on forge les légendes vivantes.

Dans la mode, les récits se doivent d’être mythiques.

Celui-là vaut son pesant d’or, qui débute à la fin des années 1960 par un petit garçon qui dans le dortoir de la pension où tous dormaient déjà, sous la couette, écoutait Le Pop Club de José Artur sur un poste de radio rouge et blanc. Forcément, il y a de la nostalgie là-dedans. Et beaucoup de musique.

Si vous adorez l’architecture et le design

Mes convictions, Jean Nouvel, Flammarion

Pourquoi on aime: Parce que, qu’on soit passionné d’architecture ou non, ce livre peut se lire plic ploc, par bribes, et dans le désordre. Jean Nouvel y remonte le temps de son travail architectural, l’un des plus célèbres au monde, dans cette compilation de textes qui courent de  1979 à aujourd’hui.

Certains prennent une forme poétique, d’autres, plus théoriques, de réflexion sur l’évolution de l’architecture, des villes, du monde… On y voyage dans le temps et dans l’espace, et l’aspect fragmenté (pour ne pas dire tourmenté) de l’ouvrage confronte cet art si clivant au(x) regard(s) d’aujourd’hui. 

Eileen Gray, Une maison sous le soleil, Charlotte Malterre-Barthes et Zosia Dzierzawska Dragaud.

Pourquoi on aime: Ce roman graphique de Charlotte Malterre-Barthes (scénario) et Zosia Dzierzawska (illustrations) retrace le parcours de l’architecte irlandaise Eileen Gray. Avec pour point de départ la mort, par noyade, de Le Corbusier au large de la Méditerranée, au pied de sa demeure, la villa E-1027.

Une maison qui, contrairement à ce que tout le monde pense, est l’œuvre d’Eileen Gray et non de son propriétaire.

Cette biographie romancée, résolument féministe, met en lumière la place, ou du moins le peu de place, accordée aux femmes au 20e siècle dans le milieu de l’architecture. Et notamment, Eileen Gray dont le talent a souvent été éclipsé par ses homologues masculins. Pire encore, elle a été dépossédée de certaines de ses créations, notamment la villa E-1027. Un livre illustré qui met à l’honneur une personnalité inspirante et sa vision propre de l’architecture. Une artiste qui avait soif de liberté et dont le talent était incommensurable.

Les ouvrages parfaits pour saliver

Sur la piste des herbes sauvages/2, Valentine Laffitte, Elsa Lévy, Charlotte Staber, Agustina Pelufo et Corentine Jaunard, CFC-Editions.

Pourquoi on aime: Il faut décidément regarder la vie autrement. Grâce à ce joyeux collectif d’autrices, on découvre des trésors insoupçonnés sous nos pieds : les herbes sauvages. Où l’on apprend qu’elles poussent depuis toujours, qu’elle survivent malgré l’ignorance crasse dans laquelle nous baignons – les êtres humains contemporains ont hélas oublié leurs propriétés et leurs usages.

Dans ce tome 2, fortes de leur succès, nos 5 sorcières modernes poursuivent leur exploration, avec 21 nouvelles espèces qu’elles tirent de l’oubli. Et cela forme un condensé d’histoires, de vertus, de magies, de beauté intrinsèque dessinée et photographiée et de recettes « simples et inspirantes à réaliser ».

Un livre scientifique, sensible, précis, documenté et poétique qui change le regard du tout au tout.

Parfait pour les ignares qui n’imaginaient pas combien la nature est belle et résiliente, parfait aussi pour les balèzes qui en connaissent tous les secrets. Ensauvageons-nous.

Manger intelligemment. Eloge de l’omnivore, Dr Jacques Fricker, Odile Jacob.

Pourquoi on aime: Il n’y a pas si longtemps de ça, l’été était pour une certaine presse l’occasion de promouvoir toute une série de trucs et astuces pour traquer la cellulite, « aplatir le ventre » ou encore perdre X kilos en Y jours. Pas étonnant, donc, que plusieurs générations aient un rapport si compliqué à leur alimentation, rendu plus complexe encore par la profusion de diktats en tout genre que l’on retrouve désormais sur les réseaux sociaux.

Faut-il vraiment viser au moins 100 grammes de protéine chaque jour? Les oeufs, amis ou ennemis? Et le jeûne intermittent, bonne ou mauvaise idée?

Dans un langage précis sans jamais être barbant, complet mais pas étouffant, le Dr Jacques Fricker compile informations précieuses et conseils pratiques pour enfin se libérer des contraintes toujours plus alambiquées qu’on s’impose au moment de passer à table.

Si on s’autorisait la pirouette facile, on dirait de ce livre qu’il est nourrissant, et qu’après avoir digéré son contenu, on jouit d’une forme de légèreté retrouvée qui n’a rien à voir avec la taille du maillot qu’on portera cet été. Et que c’est exquis.

Le mythe de la gastronomie, Kilien Stengel, L’harmattan.

Pourquoi on aime: Et si, plus qu’une histoire de recettes, d’ingrédients ou même de chefs, la gastronomie n’était qu’un récit, une opérette dont la mise en scène méticuleuse à souhait permet de justifier les budgets toujours plus faramineux que représentent les repas dans certaines des meilleures tables?

Auteur et philosophe, Kilien Stengel ne se contente pas de poser la question mais aussi d’y répondre, décortiquant au passage les rouages d’un système où l’assiette n’est pas tant un moment de partage ni même de gourmandise qu’un vecteur de pouvoir.

À l’heure où certains chefs, hier encore portés aux nues, sont rattrapés par des accusations de comportements inadmissibles en cuisine, cet essai mordant tombe à pic. Et s’il ne diminue en rien le plaisir de manger, il permet toutefois de mettre en perspective la frénésie qui entoure certains établissements – et de consoler les gourmets qui n’auront probablement jamais l’occasion de s’y attabler.

Et si vous avez envie de lire (en) beauté…

Les voluptueuses. Une histoire parfumée des femmes de légende, Elisabeth de Feydeau, Flammarion.

Pourquoi on aime: Dire qu’on a adoré cette passionnante approche de l’histoire à travers celles qui l’ont faite et leurs précieux parfums, est un euphémisme. Avec des figures qui vont de Cléopâtre à Marilyn en passant par George Sand, impossible de ne pas y retrouver au moins un objet de fascination. Et même si on n’est pas plus fan que ça de certaines des « voluptueuses » ainsi étudiées par Elisabeth de Feydeau, impossible aussi de ne pas se passionner pour les détails tantôt inspirants, tantôt ahurissants compilés par cette érudite qui est aussi mordue de beauté.

Comment la légende de Marilyn Monroe et du N°5 de Chanel est-elle née? Qu’est-ce qui explique l’attrait irrésistible du jasmin? Que sentait Madame de Pompadour? Les réponses à ces questions, et bien d’autres encore, se trouvent dans ce brillant ouvrage qu’on a lu d’une traite, et dont le ton, à la fois intelligent et léger, semble avoir été inventé pour les vacances.

Good Hair Day, Malika Lemzili-Costil, Le Courrier du Livre.

Pourquoi on aime: Sur Instagram, la promesse de proposer « analyses psycho-capillaires » et autres « coupes énergétiques » ont valu des milliers de followers à cette spécialiste française du cheveu, qui signe aujourd’hui son premier livre. Objectif: partager une série de routines naturelles, adaptées à tous les types de cheveux, pour transformer non seulement votre chevelure mais aussi la relation que vous entretenez avec elle.

Si la sagesse populaire veut que les cheveux poussent plus vite en été, alors quelle meilleure période pour se plonger dans la lecture des conseils de Malika, et finir la saison avec une tignasse plus spectaculaire que jamais? Exactement. « Vous saurez tout ce qu’on ne vous a jamais dit sur vos cheveux » garantit cette pionnière des soins capillaires en France, qui a rassemblé des « solutions concrètes et efficaces » afin d’arrêter de faire la guerre à nos crinières.

Le petit guide du kobido et de l’automassage, Camille Daval, Merci les livres.

Pourquoi on aime: Des beautistas aux instituts, le kobido est partout, et on comprend pourquoi car ce soin manuel originaire du Japon ne se contente pas de lutter contre le relâchement cutané: il dénoue également les micro-tensions et « lisse » les traits, ce qui lui a d’ailleurs valu le surnom de lifting japonais.

Si vous n’avez pas le budget pour booker un soin dédié au moins une fois par semaine, ou bien que vous voulez prolonger les effets du massage magique pratiqué par votre esthéticienne, ce petit livre pratique est fait pour vous.

Particulièrement si cette année, vos « vacances d’été » n’en ont que le nom, et que vous avez bien besoin de toute la détente que vous pourrez trouver entre deux tours de métro-boulot-dodo.

Et puis qui sait, une fois que vous aurez la méthode bien en main(s), peut-être que ça vous donnera des idées de jolie reconversion… Mais si vous vous contentez de profiter des compliments que vous vaudra votre minois ainsi sublimé, c’est déjà très bien aussi.

Qu’importe l’issue pourvu qu’on ait la lecture!

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