Nicolas Balmet

On a testé: l’art de ranger ses disques

Nicolas Balmet Journaliste

C’est un samedi qui ressemble fort à un dimanche. Dehors, une ribambelle de gouttes de pluie inversement proportionnelle à la quantité de mes envies. Errant dans le rayon nouveautés d’une librairie, je tombe sur une couverture qui me susurre à l’oreille « T’inquiète, mec, je t’ai trouvé un projet: ne me remercie pas, c’est cadeau. »

Le seul mensonge est le mot « cadeau », le bouquin me coûtant 12,50 euros. Son nom: L’art de ranger ses disques. Aurais-je enfin trouvé le sésame pour mettre de l’ordre dans ma collection de plusieurs centaines de CD et vinyles? Une fois chez moi, je dépose mon manteau trempé et me mets immédiatement à l’ouvrage, non sans choisir une bande-son de circonstance – grisâtre, donc – pour m’accompagner. J’hésite entre Brel, Barbara ou Biolay – en pensant que la lettre « B » semble musicalement façonnée pour le bourdon -, avant d’opter pour un bon vieux Pink Floyd.

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Top départ. La première partie du livre s’intéresse à l’essentiel: le classement. Il va sans dire que, comme 99,9% de la population mélomane, j’ai toujours opté pour un ordre alphabétique de mes rondelles. Ou, du moins, je me suis toujours dit qu’un jour, je devrais m’y atteler sérieusement. Mais je découvre ici des méthodes insoupçonnées qui, d’après les auteurs du bouquin, sont plébiscitées par certains collectionneurs, comme le tri « par genre musical », ou même « par humeurs » (Abba quand t’es content, Nirvana quand t’es trop vénère, une compil’ des Enfoirés quand t’as faim, etc.) Parmi les suggestions parfois étranges, il y en a une qui me plaît particulièrement: le classement… chronologique. Parce que l’air de rien, ça, c’est du lourd. J’imagine le résultat potentiel, soit une discothèque en forme de ligne du temps, qui ressemblerait à une encyclopédie musicale avec laquelle je pourrais frimer lors de chaque tartiflette. Je signe illico pour le concept. A l’heure d’écrire ces lignes, j’en suis à l’année 1979, date à laquelle Pink Floyd sort son album The Wall. Face à moi, un énorme mur de disques dont de nombreuses briques sont encore éparpillées sur le sol.

Heureusement, la seconde partie du volume promet de venir à ma rescousse en offrant des solutions pour le rangement. Un guide bien pensé, donc, et même assez fun dans le ton. Au bout du compte, la plus chouette vertu de l’exercice n’est pas tellement le tri en lui-même, mais bien le plaisir de redécouvrir des pochettes rappelant des bouts de vie d’antan. Comme ce disque de Barry White que je me suis un jour procuré quand j’étais ado, avant de passer à la pharmacie chercher des préservatifs et… Enfin bref, c’est marrant, parfois, le mauvais temps.

L’art de ranger ses disques, par Frédéric Béghin et Philippe Blanchet, Rivages Rouge, 118 pages.

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