Nicolas Balmet

Organiser une soirée jeu de société à distance? Défi relevé!

Nicolas Balmet Journaliste

Dans ma vie d’avant, organiser une soirée  » jeux de société  » consistait à fixer une date, un lieu et un nombre de convives relativement précis, tout en tenant compte du fameux couple qui annulait d’office en dernière minute en invoquant un mensonge gros comme une villa 4-façades…

 » Sorry, souci de voiture !  » ou  » La baby-sitter nous lâche, on est vraiment navrés « . Traduction : on préfère regarder La Casa de Papel. Bien sûr, en cette ère confinée, la liste des excuses potentielles est forcément plus réduite. Aussi, quand j’ai invité ma soeur et mon frère à une soirée ludique via ordinateurs interposés, je savais qu’il n’existait qu’un seul prétexte possible :  » Ah non, ce soir, j’ai prévu de fabriquer mon propre pain.  » Ma réponse était donc toute prête :  » Non, tu ne vas pas fabriquer ton propre pain. La vérité, c’est qu’en ce moment, tu regardes trop les réseaux sociaux. Et fais gaffe : si tu commences à confectionner toi-même tes produits de consommation courante, n’oublie pas que l’étape suivante, c’est le Coca Zéro (dont même Alain Ducasse ne connaît pas la recette exacte) et puis le smartphone (pour lequel il te manquera certainement l’un ou l’autre composant, j’en mettrais ma main à couper).  »

u003cstrongu003eNotre vie sociale du0026#xE9;chante, mais le printemps chante. En attendant que les violons s’accordent, on pimente notre quotidien comme on peut… et comme on veut.u003c/strongu003e

Une réplique finalement vaine, puisque ma soeur et mon frère ont accepté ma proposition sans rechigner. Il faut dire que je leur promettais monts et merveilles :  » J’ai trouvé un site qui s’appelle Board Game Arena, c’est totalement gratuit et on peut y jouer à des dizaines de jeux. Après, on fera un blind-test sur le site What the Tune, puis une variante de ce bon vieux Pictionary avec l’appli Draw Something. Et on finira par un Loup-Garou. On commence vers 20h30 ?  »

Bien entendu, on a entamé ce copieux menu bien plus tard. Parce qu’il fallait trouver une façon de communiquer entre nous tout en jouant. Parce que la fille du frangin ne voulait pas dormir. Parce qu’on devait créer des identifiants, autoriser les cookies et prouver qu’on n’était pas des robots. Parce qu’il fallait choisir des jeux qui plaisaient à tout le monde. Parce que soudainement, la caméra de la frangine ne fonctionnait plus. Parce qu’il fallait comprendre les règles des jeux. Et parce qu’un samedi soir, sur le site Board Game Arena, environ 25 000 personnes avaient la même idée que nous, rendant la plate-forme un brin mollassonne. Bref, le challenge était costaud.

Mais on l’a relevé, en passant la soirée à ne penser ni au (télé)travail, ni aux douze goûters quotidiens des gosses (oui, manger, ça les occupe), ni même à Facebook et ses articles anxiogènes (fabriquer son propre pain, quoi ! ). Bien sûr, on en a profité pour prendre des nouvelles les uns des autres, puis pour réfléchir à des jeux qui, la prochaine fois, pourraient aussi intéresser nos parents sans pour autant s’appeler Scrabble ou Stratego. Par exemple, il paraît qu’il existe même des escape rooms sur Internet. Ça pourrait être sympa. Et je vois d’ici mon invitation pleine d’arguments implacables :  » C’est un concept où on est enfermés dans un lieu, et dont on ne peut pas sortir tant que… Enfin non, rien, laissez tomber, on fera un Mikado.  »

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