La décison d’Angelina Jolie ne doit pas amener à des actes irréfléchis

© Reuters

Il y a quelques jours, l’actrice Angelina Jolie, véritable sex symbol, confiait dans une tribune au New York Times avoir subi une ablation des deux seins à titre préventif. Une spécialiste explique cet acte fort et à qui il s’adresse. Et lève ainsi toute confusion.

La tribune d’Angelina Jolie publiée par le New York Times, dans laquelle elle confie avoir subi une double mastectomie préventive, a suscité une vive émotion. Imaginons qu’une adolescente, après avoir lu cette confession, vienne vous voir en consultation. Plusieurs cas de cancer du sein ayant été diagnostiqués dans sa famille, elle se pose la question de la pertinence d’une telle opération chirurgicale pour elle. Que lui répondriez-vous?

Pr Dominique Stoppa-Lyonnet (chef du service génétique à l’Institut Curie et professeur en génétique à Paris Descartes): Il convient de procéder par étapes. Avant toute chose, cette adolescente doit comprendre qu’Angelina Jolie a fait une chirurgie mammaire de prévention parce qu’elle était à très haut risque de cancer du sein [87% selon son texte publié dans le New York Times, NDLR]. Pour cette jeune patiente, la première question à se poser est donc: qu’est-ce que je sais de mon risque?

Comment répondre à cette question?

La solution est d’en appeler à son histoire familiale, tant maternelle que paternelle, car les hommes aussi peuvent transmettre un facteur de prédisposition génétique au cancer du sein.

Si cette jeune femme a une histoire familiale sévère et qu’un de ses proches a été atteint à un âge très jeune d’un cancer du sein, voire des ovaires, il faut que ce parent fasse une démarche de test génétique.

Ce n’est que si on trouve une mutation chez ce proche que, plus tard, quand la patiente sera majeure, on pourra lui proposer à son tour un test génétique pour savoir si elle-même est porteuse de la mutation.

Le test et a fortiori l’opération ne seraient donc pas réalisés sur une patiente mineure?

Ce n’est pas le genre de test et encore moins d’intervention que l’on propose à des mineurs. D’autant plus que les risques [de cancer du sein, NDLR] sont extrêmement faibles avant 30 ans, voire même avant 40 ans. Ça n’aurait aucun sens, ce serait même criminel!

Imaginons le pire scénario: les tests génétiques concluent que la jeune patiente est, comme son proche, porteuse de la mutation. Que faire?

Si cette jeune patiente a effectué le test génétique, c’est qu’elle a vieilli et atteint la trentaine. Avant même d’en être arrivée là, on lui aura donc déjà fait part des enjeux de ce test génétique, des risques tumoraux auxquels elle s’expose et des options possibles, à savoir la surveillance et la chirurgie mammaire.

Puis, au moment de rendre les résultats du test, s’ils sont positifs, alors on organise la surveillance et c’est à ce moment là que la chirurgie mammaire peut de nouveau être évoquée, voire envisagée.

On se doit aujourd’hui en France d’informer les patientes sur la chirurgie mammaire. Il est également indispensable de les accompagner, en amont, dans leur choix. Ce suivi se doit d’être pluridisciplinaire et impérativement comporter un volet psychologique. Les femmes qui choisissent cette option ne doivent pas le regretter ni considérer qu’elles ont pris cette décision au mauvais moment.

La confession d’Angelina Jolie, véritable sex symbol, est très touchante. Mais peut-elle être mal interprétée?

J’en doute. C’est un choix très fort et courageux de la part d’Angelina Jolie qui a pour habitude de mettre en avant son corps. Je suis admirative de son témoignage. Il ne doit cependant pas conduire des femmes à prendre des décisions irréfléchies. La chirurgie mammaire doit rester une décision individuelle et particulière à chaque femme.

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