Retour vers le passé | 40 ans de Vif Weekend en 10 moments-clés
Futile, le lifestyle ? Au contraire, il capture l’air du temps, au plus près des changements de la société. La preuve dans le rétro.
- Le moment où… l’on vanta la beauté de la fourrure (personne n’est parfait)
- Le moment où… l’on partit à la rencontre des pionnières du bio
- Le moment où… l’on monta dans l’Orient Express, à presque 40 ans d’intervalle
- Le moment où… l’on pressentit que nous deviendrions de hommes/femmes – sandwich
- Le moment où… l’on s’immergea un mois durant dans la culture nippone
- Le moment où… l’on décida de ne jamais cesser de découvrir et soutenir les créateurs belges
- Le moment où… l’on eut l’intuition de la déferlante du vin nature, qui n’a depuis cessé d’arroser le pays
- Le moment où… l’on déclancha la vocation de l’un des plus grands chefs de Belgique
- Le moment où… l’on eut le culot de se mettre au noir
- Le moment où… l’on rencontra enfin le génie Karl Lagerfeld
Plongée dans nos archives
Les années 80, la passion de la fourrure (oups!)
Certaines tendances résistent tant à l’épreuve du temps qu’elles en deviennent des intemporels, d’autres toutefois vieillissent moins bien.
Ainsi, si ce magazine, comme nombre de créateurs de mode, lui préfère aujourd’hui des alternatives plus respectueuses, la fourrure a longtemps été vue comme le nec plus ultra, en ce compris dans nos pages. « Il faut être végétarien ou d’une
absolue mauvaise foi pour s’indigner devant une peau de renard », publiait-on ainsi en 1987. Faute avouée à moitié pardonnée ? KAW
1986, visionnaire et éco-logique
Elles s’appellent Liliane et Maïla et à l’aube de la quarantaine, « elles ont tourné le dos au passé pour tenter l’aventure du naturel ». Ensemble elles ont ouvert… un magasin bio. Un scénario banal nous direz-vous? Mais pas en 1986 ! Si la durabilité a le vent en poupe de nos jours, cela fait plusieurs décennies que notre magazine la considère non pas comme une mode mais bien comme un mode de vie, dans tous les secteurs. Avec dans cet article un joli mantra : « Si la vie vous laisse sur votre faim, tentez donc de la savourer nature pour voir. » FBY/KAW
1986, embarquement pour le faste, for ever and ever
C’était en 1986, l’un de nos journalistes montait à bord de l’Orient-Express et embarquait les lecteurs à sa suite en décrivant cette expérience unique dans cette « fastueuse machine à remonter le temps ». Direction Venise. C’était en mars dernier, l’un de nos collaborateurs grimpait à son tour dans un de ces rutilants wagons et « à chaque pas, remontait le temps d’une année ». Direction Vienne. Deux expériences séparées de 37 ans, et pourtant racontées presque à l’identique. Le luxe traverse le temps sans prendre une ride. Notre mission de faire rêver au fil des pages également. FBY/KAW
Lire aussi: On a voyagé à bord de l’Orient-Express
1987, des logos à gogo
« Comment Karl Lagerfeld peut-il espérer que les riches clientes voudront jouer les femmes sandwichs de la griffe ? », s’interroge Le Vif Weekend en février 1987. Et de constater que pourtant, les fashionistas accourent pour porter des vêtements aux logos ostentatoires de leur marque préférée – qu’il s’agisse de Chanel, Dior ou Sonia Rykiel.
Et une lycéenne parisienne de témoigner : « Ce n’est pas pour frimer, c’est un signe de reconnaissance. » Rien de nouveau sous le soleil ! FBY
1989, en immersion au Japon
Jean-Pierre Gabriel, journaliste et photographe pour Le Vif Weekend depuis les débuts du magazine
« En 1989, j’embarque dans un vol Sabena, avec escale à Anchorage, pour passer un mois au Japon et réaliser textes et photos pour le numéro de Weekend publié à l’occasion d’Europalia Japon.
Après Kyoto et les cerisiers en fleurs, je monte dans le Shinkansen pour rendre visite à Tadao Ando, architecte déjà célèbre à l’époque pour ses édifices en béton lissé, dans son studio d’Osaka. Le 747 qui relie Osaka à Sapporo est plein. Il me reste à prendre le train direction Tomamu pour arriver dans ce pays de neige. L’édifice d’Ando, une église catholique dénommée Chapel on the Water, est en habits d’hiver. L’eau qui lui prodigue un miroir dès le printemps d’Hokkaido est encore gelée. Voilà l’histoire de cette image. Celle d’un reportage de presse, comme on en faisait alors. »
Depuis 1989, Le Vif Weekend véritable école des fans
Depuis nos premiers pas, on les suit attentivement. On peut même se targuer d’avoir repéré avant tout le monde nos belges créateurs de mode, même encore étudiants. C’est suffisamment rare pour l’épingler (sans se vanter), dans ce pays qui peine à reconnaître ses talents – sauf s’ils ont fait un carton à l’international. On est à leurs côtés, parce que c’est notre job d’informer sur ces pépites.
De Véronique Leroy et sa Canette d’or en 1989 à Anthony Vaccarello et sa carte blanche en 2007 (il ne sait pas alors qu’il deviendra un jour DA de Saint Laurent), de notre premier Mode c’est Belge en 1990 à notre cover sur Dries Van Noten en 2022, de l’appartement de Monsieur Edouard Vermeulen à nos Belgian Fashion Awards. AFM
2000, l’intuition du vin nature
Michel Verlinden, journaliste pour Le Vif Weekend depuis 1998.
« J’ai écrit d’abord des articles psycho et des interviews. Puis, avec la « food craze » naissante, j’ai couvert des sujets gastronomiques. Vers 2000, un reportage sur le vin nature dans Nova Magazine m’a fait comprendre qu’on assistait à l’aube de quelque chose de nouveau. Trois ans plus tard, je signais un article sur le sujet dans Weekend. Une poignée de cavistes belges proposaient les jus de vignerons devenus cultes aujourd’hui : Marcel Lapierre, Thierry Puzelat, Pierre Overnoy… Je pense être parmi les premiers à avoir accompagné cette mouvance dans la presse. Un fait d’armes, à mes yeux, car deux décennies plus tard, le « nature » n’a rien perdu de son acuité. »
2003, la révélation de Sang Hoon Degeimbre
En avril 2003, Le Vif Weekend pénétrait dans les cuisines d’El Bulli et consacrait huit articles au grand chef Ferran Adrià et plus largement à l’Espagne gastronomique. Les mots du Belge Sang Hoon Degeimbre en disent long sur l’impact de ce numéro.
« Ce Weekend spécial entièrement consacré aux chefs de l’avant-garde espagnole a fait l’effet d’un déclencheur pour moi mais aussi pour tous ceux qui ont pu percevoir que ce mouvement allait marquer de manière durable la conception de la gastronomie mondiale et, de ce fait, rebattre les cartes d’une hégémonie exclusivement française. »
2011, Black is beautiful: Le Vif Weekend lance ses numéros Black
Delphine Kindermans, rédactrice en chef du Vif Weekend de 2009 à 2019.
« Lors du lancement de notre formule Black, il a fallu un fameux culot pour se dire qu’on allait proposer à nos boss de publier des éditions avec plus de pages et un papier plus qualitatif, donc plus cher, et mat, ce qui à l’époque était une exception. Les commerciaux étaient dubitatifs. Roularta a suivi, la pub et les lecteurs aussi. Et douze ans plus tard, ce qui devait être un ballon d’essai, avec un accord de principe pour deux numéros, est devenu un rendez-vous quasi mensuel. Souvent on nous a demandé à Trui Moerkerke, alors rédactrice en chef de Knack Weekend, et moi d’où venait ce nom. Eh bien il est révélateur du profil de nos lecteurs. Dans une enquête, nous avions demandé « A vos yeux, quelle couleur symbolise le luxe ? » La réponse récurrente fut « le noir ». Pas l’or, pas le bling, juste l’élégance. »
2012: Karl Lagerfeld, la rencontre
En février cette année-là, notre journaliste mode Anne-Françoise Moyson interviewe (enfin) le créateur réputé inaccessible
« Il était entré dans son studio, portant comme à son habitude son catogan sur cheveux poudrés, son élégante droiture noir et blanc, ses lunettes fumées. Karl Lagerfeld s’était assis à son bureau, m’avait invitée à faire de même, je m’étais exécutée impressionnée par l’homme, le lieu et le moment, il m’avait fallu deux ans de tractations pour être enfin là.
J’avais posé ma première question, il l’avait trouvée «intelligente», j’avais rougi, il avait ôté ses lunettes. On aurait dit qu’il abandonnait soudain sa cuirasse pudique. Il ne fut ce soir-là avare ni de son temps ni de sa pensée toujours en mouvement. Il était minuit quand on se dit au revoir. »
À (re)lire ici: Conversation avec Karl Lagerfeld
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