Septembre, c’est aussi la rentrée pour les infidèles

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Aurélie Wehrlin Journaliste

Selon une étude du site de rencontre extra conjugale Gleeden, le mois où on aurait le plus de chance de se faire tromper est le mois de septembre. Ou comme l’annonce très subtilement ce même site : « Il n’y a pas que les enfants qui retrouvent leur maîtresse à la rentrée. »

Le site, qui compte pas moins de 7 millions de membres, observe généralement une hausse spectaculaire du nombre de ses connexions et d’inscriptions lors de la première semaine du mois de septembre. En 2020, 64 % des membres interrogé avaient admis avoir revu leur amant/maitresse dès la première semaine de la rentrée.

Les confinement ont fait naître un grand nombre de frustrations au sein des couples qui ont dû apprendre à vivre ensemble 24h/24. Lors d’une enquête effectué en 2020, 71% des répondants avaient avoué se disputer plus souvent que d’habitude avec leur conjoint(e). Un agacement encore renforcé par les vacances d’été. Au point que 68% des répondants d’une enquête réalisée auprès de plus de 9000 membres du site en France et Belgique, affirment avoir hâte de recommencer à travailler. Et pour 74 % d’entre eux pour pouvoir s’éloigner de leur moitié. Pour 68% cela leur permet d’avoir des moments enfin seul(e). Seuls 33% affirment qu’ils ont hâte de retrouver leurs collègues. Néanmoins, cette hausse ne serait pas seulement lié à la pandémie. En effet, le site observe que ce pic revient d’année en année à la même période.

De manière générale, le mois de septembre n’est clairement pas celui de la félicité conjugale puisque c’est aussi l’un des mois où on enregistre le plus grand nombre de divorces.

Un pic de divorce en juin et septembre

Le nombre de demandes de divorce est en effet au plus haut au mois de juin et au mois de septembre. Si les premières démarches administratives pour concrétiser une séparation sont en général entamées au mois de juin. Cela permet au couple d’entamer le divorce, tout en se laissant la période des vacances estivales comme délai de réflexion. En septembre, si les vacances n’ont rien changé, les demandes de divorce sont maintenues et se concrétisent.

Des vacances décevantes sont un tue-l’amour

La raison est souvent des vacances décevantes. Les gens économisent de l’argent pour cela et sont impatients de passer du temps avec leur partenaire et leur famille. Ils en rêvent: ils vont s’amuser dans cette maison de vacances, et pendant que les enfants jouent dans la piscine, ils pourront lire un livre, un cocktail à la main. Malheureusement, la réalité est généralement bien différente. Cela entraîne souvent des frustrations et des disputes. « Dans mon cabinet, septembre est effectivement un mois chargé », dit Rika Ponnet, experte en relations humaines. Beaucoup de couples s’inscrivent à une thérapie relationnelle après les grandes vacances. Et les statistiques sur le divorce confirment également cette tendance.

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Ce n’est pas illogique. De nombreux couples flageolants commencent par vivre côte à côte. Ils travaillent tous les deux dur et font vivre leur famille. Ils ne passent donc pas beaucoup de temps ensemble. En vacances, ou lors de la quarantaine, ils sont soudainement collés à l’autre 24 heures sur 24. Cette proximité peut être très révélatrice, parce qu’ils constatent qu’ils n’ont plus rien à se dire. Ponnet voit aussi souvent des difficultés chez les familles nouvellement recomposées. Quand elles voyagent ensemble pour la première fois, les choses sont souvent difficiles. Les sensibilités, la loyauté et les cultures familiales qui restent sous la surface dans la vie quotidienne remontent à la surface et se confrontent. « 

Une autre raison de ce pic de divorce est aussi que la rentrée est aussi souvent synonyme d’envie de changement qui peut pousser un couple fragilisé à se séparer.

Ne pas perdre de vue ces éléments peut se révéler crucial dans certains couples. En effet, avoir conscience que certaines périodes de l’année peuvent être source de tensions, permet de prendre du recul et de surmonter les conflits en attendant des jours meilleurs. Par exemple de ne pas se séparer trop vite si les disputes et incompréhensions sont d’origine conjoncturelle. L’exemple parfait étant des vacances avec la belle-famille.

L’infidélité ne signifie d’ailleurs pas forcément la fin d’une relation

« L’adultère fait toujours l’objet d’un énorme tabou, parce que la monogamie sérielle reste la norme dominante. Cependant, les personnes qui commettent une infidélité ne sont pas forcément en manque de quelque chose dans leur relation, ne veulent pas forcément un nouveau partenaire, et ne sont même pas toujours malheureuses en ménage », explique Wim Slabbinck, sexologue.

D’après lui, ce n’est pas parce qu’un partenaire est infidèle qu’une relation est vouée à l’échec. « Les gens heureux aussi commettent des infidélités. Dans ma pratique, j’entends souvent que c’est motivé par une recherche personnelle, pour ajouter du piment dans sa vie ». Il explique que les personnes qui trompent leur conjoint ressentent une poussée d’adrénaline et ont l’impression de « revivre ».

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Slabbinck admet que le conjoint trompé éprouve souvent un sentiment de honte. « Personne ne veut admettre que sa relation n’est pas parfaite. Pourtant nous attendons de notre partenaire qu’il représente presque tout un village : il doit être bon cuisinier, très jovial, empathique, doué avec les enfants et attrayant. Nous mettons beaucoup de pression sur notre choix de partenaire. En outre, nous poursuivons l’idéal ultime : celui d’une relation monogame de longue durée – alors que beaucoup de gens échouent, et que ce n’est pas forcément problématique. »

Si on est tout de même confronté à l’adultère, il est important de chercher à rétablir le lien plutôt que d’entrer en conflit. Slabbinck souligne que le partenaire trompé ne doit pas demander trop de détails. Mieux vaut demander à l’auteur de l’infidélité ce que signifie son acte pour lui, et s’il lui manque quelque chose dans le couple. « Ce n’est absolument pas une conversation facile. Il faut du temps pour absorber le choc et repartir à la recherche de ce qui vous lie », conclut-il.

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