5 résidences secondaires pour le prix d’une: la propriété fractionnée, comment ça marche?

Trop beau pour être vrai ? Grâce à un modèle émergent de copropriété ou de propriété fractionnée, il est désormais possible de posséder une série de résidences secondaires dans les coins les plus convoités d’Europe.

Nombreux sont ceux qui, en vacances, ne peuvent résister à l’appel des vitrines des agences immobilières. Séduits par leur maison de location, le village voisin idyllique, la sympathie des habitants, les paysages incroyables ou la gastronomie, ces curieux – dont vous faites peut-être partie –, se prennent à rêver d’acheter un pied-à-terre dans la région.

L’année dernière, sur la base des déclarations d’impôts, BNP Paribas Fortis a estimé que 200.546 ménages belges possédaient au moins une résidence secondaire à l’étranger. Et ce chiffre est en augmentation. La banque parle d’une croissance de 30 % des demandes de crédit pour de telles propriétés en 2022, par rapport à l’année précédente.

Mais hélas, beaucoup de gens doivent aussi renoncer à leurs désirs, rattrapés par la réalité. Acheter et entretenir une habitation ou surveiller un chantier est déjà un défi en Belgique. Quand cela se passe à des centaines de kilomètres, dans un lieu où l’on ne connaît ni la langue ni les lois et coutumes immobilières, c’est encore une autre affaire. Sans compter qu’une autre réflexion s’impose : est-on vraiment prêt à passer tous ses congés, chaque année, au même endroit, alors que l’offre de destinations est pléthorique ?

Ce sont précisément ces obstacles qui ont incité Mélie Dunod et Nico Watzenig à fonder August. L’entreprise londonienne achète, rénove et meuble des maisons de villégiature, puis assure leur entretien. Jusque-là, rien d’unique sous le soleil. Sauf que le modèle propose de ne pas être propriétaire d’un seul bien, mais d’un ensemble de logis. Ainsi, la collection Pied à Terre, pour 345.000 euros, donne accès à un appartement deux chambres à Paris, mais aussi à Barcelone, à Rome, à Cannes et à Londres.

Un budget un peu plus vaste ? Pour 425.000 euros, la Signature Collection comprend une villa sur la Côte d’Azur, un chalet à Chamonix, une maison de campagne en Toscane, un manoir à Majorque et un cottage dans les Cotswolds anglais, tous dotés de trois à quatre chambres. A titre de comparaison, le prix moyen d’un appartement sur la digue de notre chère côte s’élevait à 365.956 euros en 2021, selon le dernier Baromètre de la côte de la Fédération des notaires.

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Se distinguer du timesharing

Concrètement bien sûr, 16 à 20 autres copropriétaires achètent en réalité aussi une part de la même collection. Pour ce faire, August a recours à la copropriété ou à la propriété fractionnée, un modèle émergent dans la vente de biens immobiliers de vacances. Aux Etats-Unis, Pacaso propose la même formule, tout comme Vivla en Espagne. Il suffit de parcourir leur site Internet pour découvrir le type de logements proposé plusieurs semaines par an.

Mais quelle est la différence avec le timesharing ? La formule, qui consiste à acheter un droit d’utilisation d’une résidence de vacances meublée sur la Costa del Sol chaque mois de juillet par exemple, a mauvaise réputation en raison de toutes les malversations qu’elle implique. Mélie Dunod, cofondatrice et CEO d’August, éclaircit les choses. Cette Française a fait des études en promotion immobilière avant d’obtenir une licence en droit. « La grande différence, c’est que chez August, on achète une action. Il ne s’agit pas seulement de droits d’utilisation, mais aussi de propriété. L’action reste liquide, on peut donc aussi la vendre ou la léguer. Tout est transparent et on garde le contrôle en tant que copropriétaire. En bref, on paye moins pour gagner plus. Avec notre modèle, nous donnons accès à des biens dont la valeur marchande dépasse largement le million d’euros. Nombre de nos copropriétaires n’auraient pas les moyens de s’offrir une telle maison seuls, et encore moins cinq. Nous rendons plus accessible un mode de vie luxueux. »

Des acheteurs sélectionnés

La deuxième grande différence est qu’August ne permet pas d’acquérir une action sur un coup de tête. Chaque vente est précédée d’un processus de sélection approfondi. L’entreprise veut comprendre comment le potentiel acheteur voyage, ce qui lui tient à cœur et ce qu’il aime faire pendant ses vacances. « Nous sommes également très clairs sur ce qu’il ne faut pas attendre d’August. Nous n’acceptons pas les personnes qui ne s’intéressent qu’à la sous-location à des tiers ou aux retours sur investissement. Tout comme les personnes qui demandent une dérogation pour pouvoir passer chaque année tout l’été en Italie. Ce n’est pas notre concept. Il faut qu’il y ait une adéquation entre le style de vie et la mentalité. Nous cherchons des partenaires plutôt que des acheteurs. »

Un certain ratio doit aussi être respecté au sein du groupe de propriétaires d’une collection. Tout dépend de l’équilibre créé : le nombre de familles avec de jeunes enfants, de parents avec des étudiants, de retraités, de célibataires ou de couples, mais aussi les nationalités. « Si vous ne réunissez que des jeunes familles dans une même collection, elles voudront toutes aller à Majorque ou à Barcelone pendant les vacances de Pâques. Si vous ne réunissez que des Américains, ils voudront tous partir pour Thanksgiving. Cela créerait du ressentiment au sein du groupe. »

Ce qu’August veut éviter, car il est important d’entretenir de bonnes relations. C’est pourquoi les copropriétaires ont également la possibilité – et non l’obligation – de se rencontrer, de partager leurs conseils sur la région… ou même leurs propriétés. « Il s’agit en effet de leur maison, et la famille et les amis sont bien sûr les bienvenus. Il arrive donc que des copropriétaires de collections différentes échangent des périodes entre eux ou se rendent visite. En tant que propriétaires, ils restent bien entendu responsables à 100 %. C’est pourquoi ils ne donnent pas leurs clés à n’importe qui. »

Des services hôteliers

Ce n’est que lorsque la combinaison d’acquéreurs idéale a été trouvée qu’August procède à l’achat de logements à rénover. Pas au hasard parmi les destinations de vacances européennes, mais toujours dans les mêmes régions (Majorque, Toscane, sud de la France, Alpes, Cotswolds) ou villes (Londres, Paris, Rome, Barcelone, Cannes). « Nos clients ne recherchent pas des destinations émergentes qui pourraient devenir incontournables dans dix ans, justifie Mélie Dunod. Ils veulent profiter immédiatement des bons restaurants et des bonnes infrastructures. L’avantage de continuer à investir dans les mêmes endroits et quartiers est qu’August dispose entre-temps de son propre personnel sur place. Du jardinier à l’aide au nettoyage, le tout orchestré par un concierge. L’entreprise peut ainsi garantir le même service partout. Si la chaudière est en panne, on s’en occupe. Si la femme de ménage est malade, elle est remplacée. »

Mais les clients peuvent également compter sur des services dignes d’un hôtel. Les lits sont faits, les serviettes sont douces, la maison est parfaitement chauffée, les bûches sont prêtes à être jetées dans la cheminée. « Si vous souhaitez que le réfrigérateur soit rempli à votre arrivée en fonction de votre régime alimentaire, qu’un chef vienne cuisiner ou que des fleurs soient disposées dans la maison, c’est possible, poursuit notre interlocutrice. Personnellement, je n’aime pas que le couvercle des toilettes soit ouvert ou que les meubles de jardin ne soient pas disposés d’une certaine manière. Ce sont ces petits détails qui font que l’on se sent chez soi. » Le tout s’accompagne d’une cotisation annuelle de 10 à 16.000 euros, en fonction de la collection choisie.

Un design étudié

August a également créé une signature claire en termes d’ameublement. L’équipe de conception interne travaille en collaboration avec des peintres, menuisiers et artistes locaux, promettant une transparence totale sur la manière dont le budget de rénovation et d’ameublement est dépensé. Un style distinct et tendance a été développé pour chaque destination. Des verts et ocres et une combinaison de papiers peints floraux et de textiles à rayures dans les Cotswolds. Ou du bois clair, différents tons de terre et beaucoup de raphia à
Majorque.

A chaque fois, de jolies touches vintage ou uniques viennent compléter l’ensemble, mais aucune déco personnelle. En tant que copropriétaire, hors de question de laisser ses propres affaires derrière soi. Et ce afin d’éviter de retrouver vingt paires de chaussures de randonnée dans le débarras et une collection de bouteilles de shampoing dans la salle de bains. « Il n’y a que deux exceptions. A la montagne, nous mettons à disposition des casiers pour le 
matériel de ski… Et en Toscane, un espace dédié dans la cave à vin, que l’on peut approvisionner de flacons locaux », s’enthousiasme Mélie Dunod.

Une juste répartition

Reste à voir comment le groupe se répartit les séjours et tranche lorsque tout le monde veut fêter Noël dans les Alpes ou à Londres. « La composition du groupe de propriétaires garantit une diversité suffisante dans les périodes préférées, et d’autre part, notre système de points leur évite de se marcher sur les pieds », répond 
Mélie Dunod. Un nombre fixe de points est distribué annuellement en quantités égales à chacun, précise-t-elle. Les moments les plus prisés, comme les vacances, coûtent le plus de points, tandis que les voyages de dernière minute en valent moins. Cela permet à chacun d’établir des priorités en fonction de son propre calendrier. Pour certains, c’est la semaine entre Noël et le Nouvel An, pour d’autres un anniversaire au printemps ou une exposition à Paris. Et il y a aussi un principe de tournante instauré. Cela encourage les clients à découvrir chaque destination à un moment différent.

Le concept d’August fait son chemin. En cinq ans, Mélie Dunod et son équipe en sont à leur douzième collection. Soit une soixantaine de maisons de luxe et quelque trois cents propriétaires originaires des quatre coins du monde qui profitent de leur collection pendant huit à douze semaines en moyenne chaque année. Un copropriétaire belge d’une collection Premium et Pied à Terre, qui préfère garder l’anonymat, loue les services de l’entreprise : « Tout se passe à la perfection. J’estime qu’au cours des dernières années, dans 95 % des cas, j’ai pu réserver la période que je souhaitais. Quatre maisons sur cinq sont fantastiques, et la dernière est exceptionnellement belle. Et on s’y sent comme chez soi », se réjouit-il.

augustcollection.co.uk

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