A Saint-Pétersbourg, les touristes sur les traces de Poutine, de la maternité au KGB

L'Ermitage. © Getty Images/iStockphoto

Il y avait le Saint-Pétersbourg des tsars et de Dostoïevski, du musée de l’Ermitage et de la perspective Nevski. Il y a désormais le Saint-Pétersbourg de Vladimir Poutine, de ses premières années, que les touristes peuvent découvrir.

Un couple russo-américain, des amies russes ou encore des touristes chinois: pour 1.800 roubles (24,60 euros), ils vont suivre leur guide, Gueorgui Roussanov, pendant deux heures et demie à la recherche des 44 années passées par Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg, à l’époque où la ville s’appelait encore Léningrad.

« Cette visite guidée du Saint-Pétersbourg de Poutine est populaire, surtout auprès des touristes étrangers », dit Gueorgui.

Au pouvoir sans discontinuer – au Kremlin ou en tant que chef de gouvernement – depuis son irruption sur la scène politique russe en 1999, Vladimir Poutine jouit d’une formidable cote de popularité, son action politique étant plébiscitée par les trois-quarts des Russes.

Certains opposants s’inquiètent même de la naissance d’un culte de la personnalité autour du président, dont l’anniversaire suscite effusions et louanges de ses admirateurs.

A l’étranger, sa longévité et sa gestion des crises en Ukraine ou en Syrie fascinent autant qu’elles agacent. Il n’est donc pas anormal que des visites guidées « Le Saint-Pétersbourg de Poutine » aient fini par apparaître.

« Poutine est très célèbre partout dans le monde, on peut même dire autant qu’une star de cinéma et c’est pour ça que les gens s’intéressent à lui », commente Gueorgui Roussanov.

De la maternité au KGB

Au cours de la visite, le guide s’attache à faire découvrir l’homme et non l’animal politique. Il s’arrête au pied d’un grand bâtiment à l’architecture classique: la plus ancienne maternité de Saint-Pétersbourg.

« C’est ici qu’est né Vladimir Poutine le 7 octobre 1952, troisième enfant de Vladimir et Maria Poutine », annonce-t-il aux touristes, précisant que les deux autres enfants du couple sont morts en bas âge.

Puis il se dirige vers une rue adjacente: la rue Baskov, où le futur président a passé son enfance dans une « famille simple, ouvrière ». Ailleurs, une cour intérieure où Vladimir Poutine, enfant, « chassait les rats ».

L'ancien siège du KGB.
L’ancien siège du KGB. © Wikipedia

« Volodia (diminutif de Vladimir, ndlr) n’était pas un enfant modèle », lance le guide, suscitant quelques sourires parmi les touristes.

D’autres étapes incluent le siège local du FSB, ancien KGB, où Vladimir Poutine est recruté en 1975, puis la mairie, où le futur président fait ses premiers pas en politique dès 1989, aux côtés du maire libéral d’alors, Anatoli Sobtchak.

La visite n’oublie pas l’endroit où le chef de l’Etat russe a eu son premier rendez-vous avec Lioudmila, mère de leurs deux filles.

Il aura vécu au total près de 44 ans dans l’ancienne capitale impériale, avant de déménager à Moscou, où il sera élu président en mars 2000, succédant à Boris Eltsine.

Personnage énigmatique

Sam Roberts, un Américain de 45 ans venu avec sa femme russe Galina, estime que la visite permet de mieux comprendre le président russe et sa politique. « Poutine est une personne énigmatique, il m’intéresse beaucoup, et aux États-Unis, nous ne savons pas grand-chose de lui », précise-t-il à l’AFP.

La rue Baskov, où Poutine a passé son enfance dans une
La rue Baskov, où Poutine a passé son enfance dans une « famille simple, ouvrière ». © Google Maps

Vladimir Poutine aiguise d’autant plus la curiosité des Russes qu’il reste très discret sur sa vie privée: en 2013, il a annoncé son divorce avec Lioudmila et n’a laissé depuis filtrer que de rares informations sur sa vie amoureuse.

« C’est amusant d’apprendre des choses simples, humaines, et non officielles sur sa vie », explique à l’AFP Ilia Ivannikov, venue de Novossibirsk (Sibérie) pour participer à la visite.

Une autre touriste, Anna Kouznetsova, originaire de Kalouga (centre), est venue avec une amie: « Nous sommes des fans de notre président », s’exclame la sexagénaire. Elle est ravie: la visite lui a permis de comprendre qu’elle a « beaucoup de points communs » avec l’ex-espion. « On a vécu les mêmes choses! », se réjouit-elle.

Gueorgui Roussanov assure que « ces visites n’ont rien d’idéologique » et affirme qu’au-delà de leur curiosité pour le président russe, les touristes aiment ces visites parce qu’elles leur permettent aussi « de retrouver l’ambiance » du Saint-Pétersbourg de l’époque soviétique.

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