Le tourisme durable n’a pas vraiment la cote

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Alors que les voyages n’ont jamais été aussi populaires, le tourisme durable progresse lentement. Manque d’information claire, multiplicité des labels, indifférence des autorités…, les freins à son développement sont encore nombreux.

Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), le nombre de voyageurs, tiré par les Asiatiques, a progressé de 4% l’an dernier, atteignant le chiffre record d’1,2 milliard de touristes à travers le monde. D’ici 2030, ce chiffre devrait encore grimper à 1,8 milliard.

Mais l’explosion de ces déplacements de plaisance a un coût. Le poids croissant des transports (principalement l’avion et la voiture) dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre et le tourisme de masse qui bétonne les côtes et pompe les ressources en eau ont des effets dévastateurs pour la planète et les communautés locales.

Afin de sensibiliser la population, les Nations unies ont proclamé 2017 l' »Année internationale du tourisme durable pour le développement ». Ce type de tourisme, né il y a plusieurs années, repose sur trois piliers: au niveau économique, il valorise les emplois durables; au niveau social, il veille à ne pas creuser les inégalités et à inclure les différentes couches de la population locale; et au niveau environnemental, il oeuvre à la préservation de la biodiversité et au bon usage des ressources en limitant l’impact écologique des visiteurs.

Des trois piliers, « l’environnemental fait clairement l’objet du plus d’attention », explique Jean-Michel Decroly, professeur en géographie, démographie et tourisme à l’Université libre de Bruxelles (ULB). En Belgique, « le nombre d’acteurs comme les agences de voyages, tour-opérateurs, start-up spécialisées etc. qui s’engagent dans des pratiques durables est croissant. Mais il est extrêmement difficile de chiffrer le phénomène », commente-t-il.

Dans l’esprit des vacanciers, l’idée émerge doucement. D’après une enquête réalisée pour le compte du tour-opérateur TUI, en mars dernier, à peine 10% des touristes belges tiennent compte du tourisme durable lors du choix de leurs vacances, même si deux tiers se disent prêts à prendre l’environnement en considération. « Le manque d’informations et le prix demeurent des obstacles à la mise en oeuvre de ces intentions pendant le voyage », souligne le voyagiste, dont 15% de l’offre est estampillée « durable ».

Souvent, les touristes se trouvent également démunis face à la multitude des opérateurs et labels qui promettent des démarches respectueuses de l’environnement, mais dont « certains font uniquement du ‘greenwashing' », déplore Marie-Paule Eskénazi, forte de son expérience de dix ans à la tête de l’ASBL Tourisme autrement.

Certaines initiatives sont néanmoins recommandables, comme les labels internationaux axés sur l’hébergement « Clé verte », « Green Globe » ou encore « Iso 14001 », qui font l’objet d’une certification.

Par ailleurs, les différents pays, régions voire provinces possèdent parfois leurs propres critères de durabilité. « Les démarches sont nombreuses, mais souvent limitées à une petite échelle », ajoute Mme Eskénazi. « L’harmonisation du secteur à l’échelon belge serait déjà une première étape » pour clarifier l’information des touristes.

Les défis sont donc nombreux. « L’évolution du tourisme durable existe, mais elle est lente. Pour abattre les barrières, les autorités devraient en faire davantage, mais elles n’en font pas une priorité », regrette-t-elle.

Parmi les initiatives existantes, la toute première édition du « Guide du tourisme durable en Wallonie » est sortie en 2016, concoctée par les étudiants de la Haute école Robert Schuman de Libramont sous la direction du professeur Hadelin de Beer, parti du constat qu' »aucun guide n’existait encore en la matière ».

Les Affaires étrangères encouragent également les touristes à voyager « durable ». Elles ont récemment publié un code de conduite reprenant 17 conseils allant en ce sens sur leur site web.

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