Les Vosges, petit Poucet des stations françaises, veillent sur leur or blanc de plus en plus capricieux

Vosges, Sommet du Donon © AFP

Le manteau blanc est épais, les remontées mécaniques battent la mesure: les récentes chutes de neige sont une aubaine pour les stations de ski des Vosges qui chaque année jouent leur saison au poker avec une météo capricieuse, au point parfois de jeter l’éponge.

« La neige est excellente. On ne sait pas si ça va durer, il faut en profiter », savoure Gérard, 82 ans à l’arrivée d’une piste de la station du Lac Blanc (Haut-Rhin).

Après un Noël quasiment sans ski, le froid et la neige de ces dernières semaines ont permis d’ouvrir la plupart des pistes dans la douzaine de stations du massif, petit poucet du marché du ski en France avec le Jura et le Massif Central. « Cela permet d’aborder sereinement les vacances » scolaires débutant samedi, se réjouit Patrice Perrin, directeur de la société exploitant les remontées du Lac Blanc.

Mais à des altitudes oscillant entre 900 et 1.300 mètres, où pluie et neige alternent souvent, la sérénité est loin d’être toujours de mise en moyenne montagne, avec une variabilité qui va s’accentuer du fait du changement climatique, selon les météorologistes. « Déjà autrefois, il y avait une grande variabilité et pas d’hiver type, mais ça va être encore plus compliqué », constate Bruno Vermot-Desroches du centre Météo France de Besançon. Le météorologiste relève sur le long terme une perte de jours d’enneigement en comparant des périodes de 30 ans, « des redoux de plus en plus doux » et une remontée de la limite d’enneigement.

« Coup de poker »

Vosges
Vosges© istock

Au Gaschney, les téléskis sont immobiles. La « station sportive des Vosges » a fermé cet hiver, laissant ses pistes non damées au plaisir des skieurs de randonnée ou des marcheurs en raquette. « Quand les conditions étaient là, les skieurs venaient au Gaschney, mais c’est un coup de poker régulier », regrette Philippe Kalt. Lui et ses cinq associés en ont « eu un peu marre » de cette neige capricieuse, des pistes battues par le vent et des collectivités aux budgets en baisse, freinant sur les investissements.

Les sept pistes du Tanet sont elles ouvertes. « Les conditions sont exceptionnellement bonnes. Mais les variations de température, on commence à savoir ce que c’est, ça peut être bien aujourd’hui et se dégrader demain », explique Thierry Hiniger, qui exploite bénévolement la station avec douze artisans-commerçants locaux. Une remontée des températures est annoncée ce week-end.

Les plus grosses stations comme le Lac Blanc, le Schnepfenried, la Bresse, Gérardmer ou le Ballon d’Alsace jouent, au prix de millions d’euros, avec la neige de culture pour ouvrir davantage. « La clé est de pouvoir sécuriser le manteau neigeux », explique Michael Barthelmé, directeur du syndicat mixte du Lac Blanc. Cela peut faire gagner autour d’un mois d’ouverture.

Gerardmer, station des Vosges
Gerardmer, station des Vosges© istock

De l’avis quasi-unanime, il faut d’autres activités pour faire vivre les stations pour tous, skieurs ou pas, toute l’année.

Au Markstein comme à La Bresse, la luge se pratique aussi sur rail et au Lac Blanc, le télésiège s’équipe au printemps de porte-vélos pour faire du vélo de descente. Itinéraires de randonnée ou de VTT, jeux de piste, sentiers pédagogiques, activités bien-être… « On vise le « quatre saisons » », explique Marc Levy, directeur général d’Alsace Destination Tourisme. « Maintenant, il faut que les vélos soient aussi prêts (à être sortis) que les skis. »

Venir skier

De là à envisager un lointain futur sans neige ? Au printemps dernier, les professionnels étaient conviés à Colmar à un colloque sur le changement climatique et l’avenir de l’enneigement dans les Vosges. « Il ne faut pas non plus se dire que c’est terminé et qu’il n’y a plus de ski », insiste Patrice Perrin, qui « croit au produit neige ».

Vosges, au pied du Donon
Vosges, au pied du Donon© AFP

« Le massif des Vosges a toujours été dans une situation où rien n’est assuré. Il a toujours fallu savoir s’adapter, être réactif », estime lui Cyril Braesch, directeur du syndicat mixte des stations de la vallée de Munster. Sur le développement des stations, « on ne peut pas réfléchir à ce jour à 30 ans, on est sur une échelle de 10-15 ans », insiste-t-il. « Cela évolue très lentement et c’est la difficulté. Quand cela devient-il problématique ? », interroge le météorologiste Bruno Vermot-Desroches.

Habitant à 1.100 mètres d’altitude depuis 30 ans, Thierry Hiniger a le sentiment que déjà « c’est plus pareil ». Mais pour faire vivre les stations des Vosges, rappelle-t-il, « il faut tout simplement venir skier! ».

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Gerardmer dans les Vosges, à seulement quelques heures de la Belgique
Gerardmer dans les Vosges, à seulement quelques heures de la Belgique© istock

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