Banalement féminin
Pour sa » s£ur » Ségolène, le sorcier sénégalais a demandé aux dieux qu’ils la protègent et qu’ils lui donnent du courage. Beaucoup de courage. Au c£ur de l’Afrique, où elle est née, Ségolène Royal a reçu, il y a un mois à peine, le plus inattendu des cadeaux. Le plus original aussi. Le plus pertinent sans doute. L’indispensable pour se protéger des scuds qui volent assez bas rue de Solferino à Paris, là où siège son parti, le PS. Le sorcier a vu juste, elle devra s’accrocher.
Un jour peut-être, elle occupera le tant convoité fauteuil élyséen. Car la » madone des sondages » grimpe, grimpe, poussant inexorablement ses adversaires, Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn, tout droit vers le cimetière des éléphants. Normal, affirment dans une enquête fouillée Liliane Delwasse et Frédéric Delpech (*), une vraie révolution de velours est en marche un peu partout dans le monde, la féminisation de la politique. Qui sait ? Ne dit-on pas que demain, peut-être, le pays le plus puissant de la planète pourrait être géré par une femme ? Qui, de Hillary Clinton ou de Condoleezza Rice l’emportera ? s’interrogent de nombreux observateurs. Balayé, le machisme ringard, voilà que sonne l’heure du repos du guerrier.
Ainsi, pour la première fois en France, un parti à vocation présidentielle est en mesure de présenter une femme à l’élection suprême. Fini, le » père de la Nation « . La politique s’est banalisée, le changement est là, derrière la porte, presque consensuel. Reste à savoir, notent nos deux enquêteurs, qui ont exploré toutes les facettes du pouvoir au féminin, si les femmes font ou feront mieux que les hommes. Bonne question, en effet. Alors ? Nos deux journalistes sont formels, en politique, les femmes ne sont ni meilleures ni pires que leurs collègues masculins. On respire. Pourquoi devrait-il, en effet, en être autrement ? La femme n’est-elle pas un homme comme les autres ? Une banalité qui seule peut ouvrir les portes, même présidentielles.
Michelle Bachelet au Chili, Angela Merkel en Allemagne, Tarja Halonen en Finlande… plus question de se contenter des miettes. Mais bien de franchir allègrement les plus hautes marches du pouvoir. Ségolène ne sera-t-elle qu’une » parenthèse printanière » dans une course électorale particulièrement âpre et inédite ? Seul l’avenir le dira. Mais nul doute que demain, plus rien ne sera pareil. On ne pourra plus ignorer qu’une femme, là, tout près de chez nous, a osé, failli… Alors, on se surprend, nous aussi, à faire un joli rêve. Et si demain, Laurette, Freya, ou Joëlle devenait Premier ministre ? Pardon, Première ministre…
(*) » Quand les femmes prennent le pouvoir « , éd. Anne Carrière.
Christine Laurent
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