Bouchées à la Juliette
Avec érudition et drôlerie, Juliette Nothomb nous livre chaque semaine ses recettes, tours de main et réflexions culinaires. Tout un art, brodé à petits points avec un humour bien de famille.
DEUX FICELLES DE TANTE JUJU
1. De nombreux produits ont une saison où ils sont, non seulement moins chers, mais aussi meilleurs : fruits et légumes, bien sûr, mais ce que l’on sait moins c’est que viandes, poissons et fromages aussi ! Par exemple, les Saint-Jacques, c’est pour novembre ; l’agneau de lait à Pâques ; les fromages de chèvre frais au printemps ; le beaufort en décembre car fait avec le lait d’été, plus parfumé, etc. Pensez-y et demandez toujours conseil à votre détaillant. Réfléchissez donc avant de vous lancer dans la réalisation d’une recette, même dite » économique « , il est évident qu’une ratatouille en décembre laissera votre porte-monnaie exsangue.
2. En règle générale, il est toujours moins cher de cuisiner soi-même plutôt que d’acheter des plats tout prêts… Sauf si l’on est seul, car alors, votre ration est calculée sans déchet. Bon, n’allez pas vous choisir un bocal de caviar et un minisachet de blinis. Mais, si vous vous achetez une » assiette toute prête » avec deux tranches de rôti, de la purée et des carottes, cela vous coûtera moins cher qu’un steak + un trop grand sachet de salade + un trop grand paquet de frites surgelées (sans mentionner les sachets individuels de salade ou frites qui coûtent un pont)…
Économie domestiqu(é)e : le retour
Après nous avoir exhortés à faire notre marché le ventre plein, les consultants s’appliquent à nous coacher pour cuisiner pas cher. Etudions donc les conseils de nos nouveaux gourous de la finance culinaire. Il faut reconnaître que, dans l’ensemble, leurs recettes et trucs pour acheter malin sont plutôt sensés. Mais cela n’a pas empêché votre dévouée fouineuse de relever, çà et là, un stûût, comme on dit chez nous. Je veux parler, ici, des ingrédients fractionnés. Votre mentor semble oublier en effet qu’un chou-fleur s’achète presque toujours à la pièce et que si vous demandez à votre verdurier 1/4 de poivron et venez chez votre épicier avec votre petit Tupperware® en lui priant d’y verser 4 cuillers à soupe d’huile d’olive, ils vous enverront vous faire voir chez les Tibétains !
Entendons-nous bien : ce que je déplore n’est pas tant le calcul trompeur que les reliquats engendrés. Vous connaissez comme moi le purgatoire que subira dans vos placards l’ingrédient trop spécifique acheté pour une recette que l’on ne refera pas nécessairement… Et de vous rappeler cette bouteille d’huile de noix à peine entamée qui a fini par rancir ou ce bocal de raifort dont il ne vous a fallu qu’une cuiller à café et qui, relégué au 4e sous-sol de votre réfrigérateur, a fini par se couvrir de poils verts du meilleur effet. Je conclurai toutefois en signalant que quelques auteurs avisés vous donnent des tuyaux pour utiliser restes ou ingrédients peu communs, mais ils se comptent sur les doigts de la main d’un amputé de 14-18.
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