From Paris with love
Une carte postale de Montmartre? Non, l’atelier de Catherine et Thomas, un génial mouchoir de poche bénéficiant d’un panorama unique sur le quartier le plus romantique de Paris…
Orienté dans l’axe exact de l’église du Sacré-Coeur à Paris, le loft hyperbranché de Thomas Phelizon et Catherine Barluet se double d’un observatoire exceptionnel. » Quand nous avons visité l’atelier pour la première fois, par une journée ensoleillée du mois de mai, après avoir gravi les six étages, j’ai eu le sentiment d’être sur le pont d’un bateau, raconte Catherine. Nous étions dans la ville et en même temps au-dessus, protégés « . Elle rêvait d’un appartement haussmannien avec couloir latéral, parquet et cheminée en marbre, elle craquera pour cet ancien cabinet de voyance qui lui rappelle, en miniature, l’atelier de peinture de son père.
Résumer les lieux à une simple carte postale de Montmartre se dessinant, avec bonheur, dans l’embrasure des grandes baies vitrées serait pourtant injuste. Le couple de propriétaires, tous deux architectes d’intérieur, a imaginé un décor ultracontemporain après un débat historique. » J’étais tout à fait hostile à l’idée d’une mezzanine, résume Thomas. C’est un type de construction que j’apprécie très modérément, souvent précaire et peu stable. Je ne voulais pas d’un élément rapporté qui casse l’espace ». Les dimensions très parisiennes des lieux, à peine 29 m² mais 4,80 m sous plafond, auront raison de ses a priori. En outre, deux amis architectes, anciens compagnons de banc de l’école Camondo, lui proposent une variation assez inédite sur le thème de la mezzanine. Grâce à un système de soupente dissimulé sous le sol en résine et derrière les murs, l' » étage » n’est supporté par aucun pilier ou montant apparent. Vue de face, la fameuse mezzanine ressemble à un simple trait en suspension. L’effet de lévitation est accentué par l’absence de garde-fou ce qui, vu d’en bas, permet d’embrasser, d’un seul regard, la baignoire, le plan de rangement, qui intègre le superbe évier orange en résine (avec descente des eaux apparente) et le lit surélevé.
» Je n’ai pas besoin de cloisonner les espaces de vie, salle de bains – salon – chambre à coucher, c’est le genre de hiérarchie qui m’est complètement étrangère, précise Catherine. Si cela ne tenait qu’à moi, je mettrais les WC au milieu de l’atelier! J’aime que les meubles soit posés comme des objets. C’est le cas, par exemple, de la vieille baignoire en fonte sur pieds, sciemment dégagée du mur « . A quelques centimètres du lit, plongeant à la verticale, l’escalier chromé, spécialement dessiné et réalisé par François Pascal, ferronnier et collaborateur de Christian Liaigre. » Nous lui avons donné carte blanche, explique le couple. Puisque l’escalier s’inscrivait dans l’axe de la baignoire il a proposé d’en assurer la continuité: les marches constituent un tapis de bain en somme, d’où sa forme extrêmement fluide. » Une véritable cascade qui rejoint la pièce principale dont la blancheur des murs s’enrichit de réverbérations anisées, diffusées par la teinte du plafond laqué de la mezzanine.
Partie intégrante de l’espace, la cuisine composée de carreaux de pâte de verre lilas est néanmoins en retrait, alignée sur des placards de rangements, et les toilettes ont finalement été dissimulées dans une minuscule pièce peinte en rouge. » Je voulais repousser le maximum de meubles et d’objets en périphérie, pour dégager les volumes, » ajoute Catherine. Disposé, à l’image de la baignoire-objet, un plan de travail (qui sert également de table d’amis) en contreplaqué assemblé par Thomas occupe l’espace sans complexe. » Quand on vit dans un espace restreint, il faut faire attention à chaque détail. Aucun meuble ne peut être superflu mais il faut veiller à ne pas transformer les lieux en musée, renchérit Thomas. Pour garder un peu de spontanéité, nous avons acheté ce canapé violet, disposé sous l’escalier. Un fauteuil en complète représentation, très théâtral, presque une erreur de goût. » Une erreur de goût achetée dans un marché aux puces certes mais en provenance des salons parisiens d’Yves Saint Laurent.
Texte et photos: Antoine Moreno
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici