Philippe Torreton, acteur2
Il fut Capitaine Conan pour Bertrand Tavernier – et césarisé meilleur acteur. Le voilà jouant Dom Juan à Bruxelles. Philippe Torreton, séducteur ou simplement séduisant ?
Adolescent vous rêviez d’être acteur ?
Philippe Torreton: Non, je suis venu au théâtre, car ma mère, institutrice, m’a inscrit au cours d’art dramatique pour m’aider à m’exprimer, à » soigner » ma trop grande timidité. Après, je suis presque entré dans la police, mais c’est à la Comédie-Française que j’ai travaillé durant huit ans !
Quel est votre vrai métier ?
Je n’ai pour métier que l’activité qui m’apporte un salaire. Je suis d’abord acteur et puis conseiller municipal à Paris IXe. A mes yeux, ces occupations représentent donc mes métiers.
Quel est votre engagement politique ?
A la scène on interprète des personnages qui véhiculent un discours, une philosophie, une » leçon » de vie. En politique on occupe le terrain, on met les choses en action, on peut agir concrètement. La politique me permet d’être acteur de et dans notre société actuelle, de donner vie à l’acte théâtral engagé. Cela me permet aussi de m’épanouir, humainement, de donner un sens à ma vie.
Qu’est-ce qui vous révolte dans la société actuelle ?
Les injustices de toutes sortes, les trop grands écarts entre ce que vivent les uns et les autres, la disparité des vies.
Que détestez-vous le plus chez l’homme ?
Le cynisme, l’hypocrisie, la lâcheté.
Et qu’appréciez-vous le plus ?
La générosité.
Dom Juan à la scène, l’êtes vous aussi à la vie ?
Certainement pas. D’ailleurs, physiquement, il me faudrait dix centimètres de plus. Et puis, Dom Juan, vous savez, il n’est pas si limpide que ce que l’on croit. Molière l’a laissé dans un flou mystérieux, sans vraiment montrer ses intentions, ses objectifs, les raisons de ses attitudes. C’est assez contraire à l’analyse que l’auteur faisait toujours de ses personnages. Enfin, chose extrêmement singulière chez Molière, Dom Juan sera le seul personnage à mourir à la fin de la pièce.
Enfant vous admiriez… ?
Le personnage de Joss Rendell dans Au Nom de la Loi interprèté par l’excellent Steve McQueen.
Et puis ?
Pierre Mendès-France, Clint Easwood et je n’ai pas hésité à être aux côtés de Ségolène Royal ou Bertrand Delanoë dans leurs campagnes électorales.
Si vous deviez emprunter une tirade à Molière ?
Ce ne serait ni une tirade, ni un discours, mais bien une phrase, toute simple : » Il faut faire et non pas dire » !
Dom Juan, de Molière, au Théâtre Saint-Michel, à Bruxelles, le samedi 18 octobre à 20h30. Tél.: 02 732 70 73.
Propos recueillis par Joëlle Rochette
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