Une esthétique industrielle
Des briques de récupération, des plaques ondulées en aluminium, du métal alvéolaire et de l’acier … Ces matériaux, venus tout droit de l’industrie, composent une habitation futuriste et conviviale, signée de l’architecte malinois Dirk Op de Beeck.
Anne et Brecht Carpentier, les propriétaires, sont jeunes, dynamiques, et extrêmement sympathiques. Très directe, Anne résume rapidement ses préférences : « J’aime tout ce qui est simple et droit. Je voulais une maison lumineuse, pratique, sans coins perdus ni frivolités. Nous travaillons tous les deux et nous avons deux enfants. L’aspect entretien était très important, car c’est moi qui nettoie ! Un style industriel ? Je trouve ça très beau. Il fallait aussi un toit plat, car la maison de mes parents était également coiffée d’un toit plat. »
Pour cette maison de rêve, il fallait trouver le terrain idéal. Les recherches ont duré deux ans. La « perle rare » est finalement dénichée dans le triangle Malines-Louvain-Bruxelles. Le terrain, très facile d’accès, se situe en bordure d’une petite ville et s’ouvre, à l’arrière, sur une zone naturelle protégée. Un atout non négligeable, car ce grand espace vert ne risque pas d’être envahi par le béton.
Lors du Salon de la construction, organisé chaque année à Malines, le couple découvre (et admire) le travail du jeune architecte Dirk Op de Beeck. De son côté, l’architecte est séduit par la détermination de ses clients et par ce projet de maison industrielle, à toiture plate. Il reste à convaincre l’administration communale… Les fonctionnaires se montrent à l’écoute et trouvent, même, l’idée intéressante. Certes, les maisons voisines sont plutôt « rustiques » mais, heureusement, bâties de manière plutôt éparse que linéaire. De plus, le terrain des Carpentier se trouve tout au bout de la rue. Le projet industriel est donc accepté.
« Pour les façades, j’ai proposé de l’aluminium, de la brique et de l’acier galvanisé, explique Dirk Op de Beeck. Les murs porteurs sont en blocs de terre cuite. Une construction entièrement métallique présenterait, en effet, le désavantage d’être étouffante en été et glaciale en hiver. » Les plaques ondulées en aluminium en bardage, protègent bien de la pluie. Le système d’isolation est excellent grâce à une couche de laine minérale épaisse de 9 cm, insérée dans une structure de bois. L’aluminium est recouvert d’une couche de PDF, peinture utilisée pour les voitures. Résultat ? Aucun risque de rouille et très peu d’entretien.
La maison est un ensemble de deux volumes cubiques décalés. L’un, revêtu d’aluminium, abrite les pièces de séjour. L’autre, recouvert de briques, est destiné aux pièces techniques. « Nous avons commandé des briques neuves, noires et lisses, précise Anne Carpentier. Or l’entrepreneur s’est trompé et a livré des briques de récupération, très patinées. Nous les avons acceptées et ne regrettons pas ce choix. Le résultat final est intéressant. La surface lisse du métal et la surface en relief de la brique forment un joli contraste. »
La touche industrielle et futuriste se limite à l’aspect extérieur. L’intérieur, en revanche, se distingue par beaucoup de charme et de convivialité. A commencer par le plan de la maison, original et fonctionnel où des lignes droites et rigoureuses se marient harmonieusement aux courbes souples. Les deux volumes cubiques sont reliés, en effet, par un cylindre central. Un escalier en acier tourne autour de celui-ci comme un escargot. Les cercles concentriques se poursuivent, à l’intérieur, dans le plafond abaissé dans la cuisine et, à l’extérieur, dans le toit arrondi du carport et dans le plancher de la terrasse.
Les propriétaires disposaient d’un budget limité. A l’architecte de trouver donc des astuces pour faire « le maximum avec le minimum ». Au rez-de-chaussée, pour éviter les portes, Dirk Op de Beeck a proposé un espace ouvert et transparent réunissant le salon, la salle à manger et la cuisine. Cette dernière est judicieusement dissimulée, en partie, par la paroi du cylindre. L’architecte l’a percée de trois ouvertures carrées qui éclairent suffisamment la cuisine. Celle-ci, relativement petite, est pourtant fonctionnelle et confortable. Les plans de travail permettent à la maîtresse des lieux un contact aisé avec les invités. Une tablette en demi-lune fait office de table à déjeuner. Les portes des placards, en MDF laqué, ne sont pas équipées de poignées. « Ça rend le nettoyage plus facile », sourit Anne Carpentier. Le plafond dans le salon et la salle à manger est assez bas. La partie centrale bénéficie, en revanche, d’une généreuse ouverture, inspirée du style des années 1920, qui monte du sol jusqu’au toit.
Au rez-de-chaussée, le sol est tapissé de dalles de pierre bleue du Hainaut. Elles ont obtenu, à l’usine, une finition patinée à l’ancienne, très résistante et d’entretien facile. De plus, ce type de revêtement convient particulièrement bien au chauffage dans le sol, proposé par l’architecte. En montant l’escalier, on débouche directement sur une pièce polyvalente d’environ 30 m2, éclairée par une ouverture ronde dans le plafond. Elle peut servir de salle de jeux aux enfants ou de pièce de détente. La salle de bains fait la part belle aux matériaux modernes et élégants : béton lissé au sol, mosaïque aux murs, tablette de lavabos en pierre bleue. Un petit clin d’oeil, tout de même, à l’industrie. La douche est cachée par un cylindre recouvert d’une feuille d’aluminium préformé, utilisé en général pour les escaliers …
Des clins d’oeil industriels, on en trouve aussi dans le jardin. Une cabane de jardin en acier galvanisé ou encore ces cages grillagées dont on a recouvert les buis, forment un contraste amusant avec la nature exubérante.
Le mot de la fin ? Laissons-le à la maîtresse des lieux : « Je suis très fière de ma maison. Elle est hors du commun et réalisée avec un budget très limité ! »
Carnet d’adresses en page 128.
Barbara Witkowska Photos: Sven Everaert
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