Une palette contemporaine pour une maison bourgeoise

La Bretagne a toujours annoncé la couleur. Il suffit d’admirer les polychromies des retables dans les églises, les bateaux de pêche rouge tonitruant, les façades bleutées des maisons des îles pour s’en convaincre. A Audierne, dans le Finistère, le décorateur Gilles Baleria a sorti ses pinceaux et misé sur une palette contemporaine pour réveiller une maison bourgeoise. Le résultat ? Une déco joliment fardée.

C’était une maison endormie, aux volets clos depuis cinq ans. Mais déjà une maison… rose. De celles que l’on trouve habituellement plutôt du côté de la Canebière que du Finistère. D’un simple coup de pinceau, le décorateur Gilles Baleria l’a totalement relookée… à moindres frais. Aucun gros £uvre ici, tout juste a-t-il déplacé la cuisine et ouvert un puits de lumière dans le plafond de la salle à manger. Tout est donc passé par une palette colorée et un parti pris décoratif osé. Par souci d’économie et de temps, on a même repeint sur les papiers peints qui, lorsqu’ils sont bien posés, supportent très bien la peinture.

Dans cette maison bourgeoise du xixe siècle, assez atypique à Audierne où l’on trouve surtout des maisons de pêcheurs, le décorateur a décidé de rompre avec les codes couleurs habituels. Nous sommes en Bretagne, mais il n’y aura pas une goutte de bleu sur les murs, du gris à la rigueur, au maximum un noir bleuté ! Le ton est donné dès le rez-de-chaussée avec le tissu rayé de l’entrée qui reprend tous les coloris utilisés dans la maison : vert, chocolat, jaune, violet.

Séduit par les volumes, par le côté très citadin des parquets, moulures, cheminées en marbre et par le petit jardin-terrasse, Gilles Baleria a élaboré un savant mélange de styles. Si le salon a gardé son tissu mural d’origine d’un rouge grenat chaleureux et cosy, pour la salle à manger et la cuisine tout Inox d’esprit industriel, le décorateur a choisi une teinte terre cuite appliquée comme un enduit. L’opposition avec le noir des murs en ardoise est superbe. La teinte ocre, évocation du Sud, et l’ardoise, typiquement bretonne, soufflent ici le chaud et le froid, des contrastes qui fonctionnent toujours à merveille en décoration. Ainsi, à l’étage, le couloir vert anis de 11 mètres de longueur saute littéralement aux yeux. Comme un rayon de lumière, il traverse la maison et dessert les chambres aux couleurs plus calmes. Grâce à l’explosion de couleurs fantaisistes, volontairement criardes (moquette violette, mobilier laqué rouge), d’un lieu de passage, il devient une pièce à part entière.

Changement de couleur, changement d’ambiance dans la chambre des parents dont les murs aubergine évoquent un écrin luxueux. La densité de la teinte, une peinture très mate chargée en pigments, donne une impression de velouté poudré et fait ressortir les meubles et objets d’esprit baroque. A l’inverse, la chambre d’enfants couleur jaune beurre est empreinte de douceur. Cette nuance de jaune, aux vertus apaisantes reconnues, permet de souligner les éléments d’architecture de la pièce, parquet à grosses lattes décapées, boiseries détournées en têtes de lit, bois flotté et antiquités marines du siècle dernier. Et toujours le jeu du contraste avec des plinthes, porte et fenêtre noir bleuté. Touche finale d’une palette qui s’impose comme un élégant pied de nez au dictat breton blanc et bleu des années passées.

Claire Sordet Photos : Jean-Marc Palisse

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