1. Parce que Laurence Bibot est seule en scène. Enfin. À nouveau. Tout ça parce qu’elle avait envie. » Cela me manquait mais c’est un peu comme un accouchement, quand on est sur la table, on se dit : « Mais pourquoi j’en ai encore fait un, cela fait si mal, pourquoi est-ce que je recommence ? » Heureusement, on oublie, comme disait ma mère. » Tout ça aussi parce que Nathalie Uffner, complice, coauteur et directrice du Théâtre de la Toison d’or, l’a poussée dans ses derniers retranchements, » J’avais des idées assez vagues pour un nouveau spectacle, genre un grand magasin… Nathalie m’a rétorqué : « Non, ça suffit, il faut que tu prennes des risques ». »
2. Parce qu’elle n’hésite pas à prendre ses icônes à bras-le-corps, des femmes, des vraies. » J’ai commencé de manière un peu instinctive à penser à des femmes qui m’ont marquée, j’ai lu leur bio ou les livres qu’elles avaient écrits… Et puis le choix s’est fait de manière arbitraire, cela va dans tous les sens mais c’est tout de même un conglomérat de femmes dévouées à une cause : Simone Veil, Amanda Lear, Catherine Deneuve, Sandra Kim, Françoise Dolto et s£ur Emmanuelle. »
3. Parce que Laurence Bibot, en talons hauts, s’amuse à tordre leur image. Pour les talons, c’est de l’ordre du fétichisme, chez elle – » J’aime comme on marche avec des talons, comme on est obligée de faire attention, d’avoir une certaine tenue. « . Pour l’image, c’est de l’ordre de la réappropriation. À la légère. » Je ne suis pas une imitatrice, je précise bien leur nom avant de commencer, comme ça, je suis sûre que tout le monde les reconnaît. » Et pour la torsion, c’est de l’ordre du rire : Catherine Deneuve en tournage chaussée de Ninove dans un film belge et social, Simone Veil dans une radio de jeunes, » à expliquer comment tout le monde devrait apprendre à parler et à bouger comme elle « .
4. Parce qu’elle sera habillée par Didier Vervaeren, coutumier du genre. Dans Cendrillon ce macho, Laurence Bibot en Sonia Rykiel, c’était déjà lui. On ne change pas une équipe qui gagne.
5. Parce que, pour faire court et concluant, c’est un spectacle » très gai à jouer « . Donc à regarder, malin.
S£urs Emmanuelle, de Laurence Bibot et Nathalie Uffner, par Laurence Bibot, au Théâtre de la Toison d’Or, à 1050 Bruxelles. www.ttotheatre.be
ANNE-FRANÇOISE MOYSON