Anne-Françoise Moyson

Voyage immobile dans un décor de rêve

Il suffit d’un rien pour être transportée ailleurs. En dépit de la cohue d’une Fashion Week frénétique qui enquille les défilés, en dépit du brouhaha continu, en dépit de la fatigue lancinante de vos pieds endoloris d’avoir trop couru, pareille à une poule sans tête. Vous étiez à Paris il y a un instant encore. Et vous voilà soudain sur la colline du château surplombant Hyères, tout là-bas dans le sud de la France. Vous ne rêvez pas, vous êtes désormais au cœur des jardins en terrasse de la Villa Noailles, cette maison moderniste voulue par Charles et Marie-Laure de Noailles et dessinée par l’architecte Robert Mallet-Stevens en 1923.

Il y a comme un parfum de Méditerranée, la mer n’est pas loin, qui étale sa masse bleu profond sous vos yeux. On peut même l’apercevoir merveilleusement cadrée par les baies rectangulaires qui l’enserrent sans l’enfermer. Et cela ne demande pas un grand effort d’imagination: le point de bascule se situe là, exactement, dans ce décor conçu par Chanel pour son show printemps-été 24, qui inscrit son inspiration dans cet endroit désormais centenaire et que Karl Lagerfeld aimait tant. Le voyage est immobile grâce à cette magie propre au spectacle, qui affecte les sens. Et la mode est aussi un spectacle.

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