Thibault Dejace
À nos actes manqués
L’échec, ce mot tabou, qui effraye et repousse. Qui laisse une trace souvent indélébile sur celui qui échoue. Comme une honteuse empreinte qui hante celui qui se plante.
Dans son essai publié en 2016, Les vertus de l’échec, Charles Pépin dénonçait déjà cette perception sombre et plombante de nos ratés. Dans notre société, un mauvais résultat est le plus souvent considéré comme un manque de volonté, de travail ou d’intelligence.
Pourtant, de l’autre côté de l’Atlantique, aux Etats-Unis, déraper est loin d’être vu comme un problème. Que du contraire, cela prouve que l’on a au moins essayé. Là-bas, tous «aiment mettre en avant les échecs rencontrés au début de leurs carrières, qu’ils arborent fièrement, comme des guerriers leurs cicatrices», remarque Charles Pépin. On parle même de «fail fast», soit échouer rapidement pour apprendre au plus vite.
Et les Américains ne sont pas les seuls à défendre ce changement de focale nécessaire. Du philosophe chinois Lao-tseu (571 av J.C.), qui maintenait que «l’échec est le fondement de la réussite», à Nelson Mandela (1918-2013), qui affirmait «je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends», une autre vision de l’échec s’offre à nous.
Quant à moi, je m’efforce d’appliquer l’adage que mon père n’a cessé de me répéter: «C’est en se plantant qu’on prend racine.» Plus imagé mais tout aussi efficace.
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