Isabelle Willot

Créer, question de survie

Chaque année, c’est le même constat. Le «jour du dépassement» à partir duquel nous vivons à crédit arrive de plus en plus tôt dans le calendrier. L’an dernier, la Belgique avait déjà épuisé son quota de ressources le 26 mars. En 2023, cette date risque bien de tomber d’un jour à l’autre. Nous consommons trop et nous le savons. Dans la liste de nos achats inutiles, les vêtements occupent une part souvent déraisonnable. Et ces pièces dont on se débarrasse dans les bulles de collecte, la conscience en paix, finissent par millions dans les décharges des pays du Sud.

Face à notre planète sursaturée, faudrait-il donc s’abstenir de créer quoi que ce soit de nouveau? Pour Anaïs Sandra Carion, directrice de MAD Brussels (lire par ailleurs), cette option est inenvisageable: «Cela reviendrait à exiger du monde qu’il n’évolue plus. Ce que nous créons aujourd’hui participe à la trace que notre époque va laisser à la postérité.» La durabilité ou son absence scellera donc le destin de la nôtre.

Intimement convaincus ou poussés dans le dos, les acteurs de la mode se mettent enfin en quête d’alternatives éthiques et écologiques. Et notre pays, sans être précurseur comme il a pu l’être et l’est encore en matière de style, n’est pas totalement à la traîne non plus. Les témoins de notre table ronde (lire par ailleurs), désireux de mieux faire, ont appris à se méfier de leurs certitudes. Le coton bio n’est plus la panacée, le polyester recyclé vertueux hier s’avère aujourd’hui truffé de microplastiques. Ces nouveaux défis qui inspirent la recherche ne limitent pas mais libèrent. La création a un futur. Elle est même plus que jamais une question de survie.

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