Anne-Françoise Moyson

Edito | De l’art de se lâcher

On ne s’est pas fait prier pour répondre à l’invitation de Pina Bausch. «Dansez, dansez sinon nous sommes perdus», intimait la danseuse et chorégraphe allemande. Elle avait fait de la force émotionnelle et de l’immédiateté physique sa signature, elle qui ne s’intéressait «pas tant à la façon dont les gens bougent qu’à ce qui les remue profondément».

Car l’origine intime du mouvement des corps est l’essence du geste créateur. C’est cela que nous avons voulu mettre en image dans notre shooting. Et c’est cela que nous avons voulu décrypter à l’occasion de l’expo Fashion Moves au Mad Brussels. Le centre de la mode et du design se concentre sur les liens entre la danse et la mode. On sait combien la Belgique regorge de talents en la matière, les arts vivants y sont si vivants, les artistes, danseurs, chorégraphes et créateurs de mode y arpentent les mêmes territoires.

Tel Christophe Coppens qui signe la mise en scène, les décors et costumes de l’opéra Turandot de Puccini, à La Monnaie. Pour son quatrième opéra, il avoue avoir osé, pour la première fois, se débrider. «J’ai plus utilisé mes outils d’avant, quand je faisais de la mode. J’avais évité de le faire jusqu’ici pour ne pas être catalogué comme «le créateur qui fait de l’opéra» Désormais, je m’autorise à travailler les tissus, les matières, les formes… Je me suis un peu lâché.» Et se lâcher, c’est le premier pas pour embrasser la danse.

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