Anne-Françoise Moyson
Édito | « On revient des Fashion Weeks. On avait osé rêver d’inclusivité mais on avait oublié la puissance du backlash. »
On avait osé rêver d’inclusivité, on avait même cru que c’était gagné, mais on avait oublié la puissance du backlash. On revient des Fashion Weeks, ces semaines qui voient les capitales de mode vivre au rythme des défilés. New York, Londres, Milan et Paris ouvrent alors grand leurs bras à tout ce que compte l’écosystème de cette industrie qui pèse lourd. Avec son lot de stars, de V.I.P., de professionnels et de collections pensées pour l’automne-hiver prochain. Avec ses dramas, son mercato à la tête des griffes en vue, ses bouge-toi de là que je m’y mette, ses moments de beauté, ses instants de fulgurance, ses prises de conscience, ses grands dénis, ses retours de bâton.
On avait rêvé que les plafonds de verre se brisent en mille morceaux, mais on ne compte même pas sur les doigts d’une main les directrices artistiques à la barre des grandes maisons. Au petit jeu des chaises musicales, ce sont encore les hommes qui ont gagné. Et à celui de l’inclusivité, pour autant que ce soit un jeu, ce sont les bourreaux des corps qui l’emportent. Car voici le grand retour de la minceur extrême et des vêtements taille 32 sur les catwalks, oubliées les invitations faites à celles qui n’entrent pas dans le cadre. On voudrait crier «Ester Manas, reviens-nous», mais le duo bruxellois aux manettes de ce label qui habille toutes les silhouettes a d’autres projets sur le feu pour le moment, ils nous préparent un bébé, ça vaut toutes les collections au monde. Mais sans eux, l’empouvoirement des femmes a pris un sérieux coup dans l’aile. Hélas.
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