3 raisons de (re)découvrir Winona Ryder

A 37 ans, la comédienne fait son come-back dans Les Vies privées de Pippa Lee, un film bouleversant de Rebecca Miller, la fille du dramaturge Arthur Miller.

Regard ingénu, sourire de Joconde, silhouette vénéneuse, Winona a fait craquer Tim Burton, Martin Scorsese, Jim Jarmusch, Francis Ford Coppola… La « fiancée de Hollywood » a aussi enflammé Matt Damon et Johnny Depp. En 2002, après avoir enchaîné 24 films, Winona s’éclipse, au sommet de la gloire: « J’ai fait une dépression, ma deuxième… Je devais me retrouver », confie l’actrice de son appartement bohème de San Francisco, où elle vit entourée d’une montagne de films en DVD et de 12 guitares, dont 2 offertes par Bob Dylan.

1. Elle a du caractère

Derrière son apparente fragilité, Winona Ryder est une pasionaria, avec une enfance qui n’est pas exactement celle d’une « girl next door »: « J’ai grandi dans une communauté hippie à San Francisco. » Ses parents, écrivains, avaient une librairie en ville et fréquentaient le gotha de la Beat Generation: Allen Ginsberg, Jack Kerouac, Lawrence Ferlinghetti… A l’école, elle est considérée comme une fille bizarre: « Je portais des vêtements que je dénichais à l’Armée du salut. A 12 ans, j’ai été tabassée par une bande de garçons qui me croyaient lesbienne. J’ai quitté les cours et me suis inscrite à l’American Conservatory Theatre de San Francisco. » A 16 ans, après avoir tourné dans Beetlejuice, de Tim Burton, Winona rencontre Johnny Depp. Elle a 17 ans quand elle emménage chez lui. Il se fait tatouer « Winona For Ever » sur l’épaule. Un baiser du couple est immortalisé par l’objectif de Helmut Newton.

Leur rupture la laisse sur le carreau: « J’ai commencé à souffrir d’attaques de panique. Par peur de perdre la tête, à 19 ans, je me suis fait interner dans un hôpital psychiatrique. » Ensuite, elle se réfugie dans le travail, enchaîne les tournages. A côté, elle mène une vie secrète. Elle fréquente Tom Waits, joue de la guitare et de la batterie. Insomniaque, elle passe ses nuits à lire, se forgeant une culture impressionnante. Militante comme ses parents, l’actrice se range aux côtés d’Amnesty International dès l’âge de 18 ans. Aujourd’hui, elle soutient la cause des enfants abusés et exploités. « J’ai fait mien le slogan de mon parrain, Timothy Leary, poète et psychiatre: « Questionnez l’autorité! » J’ai marché avec Patti Smith dans des manifestations contre le nucléaire et la guerre en Irak. Actuellement, après avoir vécu pendant trois mois dans des réserves indiennes, je suis membre d’un comité qui soutient l’accès des Indiens à l’université. »

2. C’est une actrice créative

A Hollywood, on l’appelle « la charmante emmerdeuse »… Elle assume: « J’en ai assez d’être décrite comme un elfe ou une petite mignonne. Quand j’ai tourné mon premier film, à l’âge de 14 ans (Lucas, de David Seltzer), j’avais déjà une idée très claire des scénarios qui me plaisaient. J’étais plutôt snob, mais je me félicite aujourd’hui d’avoir été difficile aussi tôt. » Elle accepte de jouer dans Beetlejuice, de Burton, « parce que ce film ne ressemblait à rien de ce qui se faisait à Hollywood ». Son personnage, une adolescente gothique en révolte contre ses parents yuppies, lui colle à la peau. L’actrice a toujours aimé les projets « difficiles ». Comme Le Temps de l’innocence, de Martin Scorsese, tiré du roman d’Edith Wharton: « Le fait que Martin s’en soit emparé avait suscité un scepticisme général. Les producteurs trouvaient les personnages trop angoissés. » Le film a valu à Scorsese le Golden Globe du meilleur réalisateur.

Winona dresse une liste des cinéastes avec qui elle veut tourner et leur écrit. Parmi ceux-ci, Jim Jarmusch. En 1991, ce dernier l’invite à déjeuner: « Je me suis présentée tout de noir vêtue, avec les cheveux en pétard, pour avoir un look underground. » Jarmusch lui serre la main, puis lance « J’adore votre tenue de collégienn ! » Elle jouera dans son film Une nuit sur terre, au côté de Gena Rowlands: « A l’origine, mon personnage, un chauffeur de taxi, était destiné à John Turturro! » En 1996, avec comme partenaire Daniel Day-Lewis, elle joue dans La Chasse aux sorcières, adapté de la pièce d’Arthur Miller, qui est présent pendant tout le tournage: « Avant de faire le film, Miller m’a demandé de jouer la pièce au théâtre avec lui: il était terrifiant dans le rôle du juge Danforth. Dans une scène, je devais lui cracher au visage… Je me demande encore comment j’y suis arrivée! »

Treize ans plus tard, dans Les Vies privées de Pippa Lee, Winona est devant la caméra de la fille du dramaturge. Aux côtés de Keanu Reeves et de Robin Wright Penn, elle interprète Rita, une poétesse égocentrique et névrosée, vaguement suicidaire et très drôle malgré elle.

3. C’est une chic fille

lle est si petite (1,57 m), si menue (45 kg) qu’elle avait du mal à se faire remarquer lors de ses premiers castings: « Si je vous montrais les scripts que j’ai reçus quand j’ai débuté… La description de mes personnages se résume à ça: « fille moche ». » Une paire de jeans et des tongs à la maison, des baskets à la ville. Winona ne la ramène pas: « J’ai grandi dans un milieu où le physique ne comptait pas; l’important, c’était d’être intéressant. Mais, pour être intéressant, il faut bien se forger un style! Souvent, j’arrive sur les tournages avec des valises pleines de vêtements et je propose des tenues conformes à ma façon de voir le personnage. Cela a été le cas pour Les Vies privées de Pippa Lee. » La comédienne possède aussi une collection impressionnante de costumes de scène des stars de Hollywood: « J’ai la blouse que portait Olivia de Havilland dans Autant en emporte le vent, la robe de Leslie Caron dans Un Américain à Paris, la veste de Claudette Colbert dans New York-Miami, un bikini de Sandra Dee… Il m’arrive de les mettre: en 2000, à la cérémonie des Oscars, j’avais une robe d’Ava Gardner. »

Sur les plateaux, Winona aime se maquiller toute seule. Les signes du temps sur son visage ne lui font pas peur: « Je trouve terrible que, dans le milieu du cinéma, les anniversaires soient vécus comme des funérailles », dit-elle en ajoutant que jamais elle ne s’injectera du Botox. Addict des friperies, en particulier de la boutique Vendima Vintage, à San Francisco, elle ne snobe pas pour autant la haute couture. Muse et amie intime de Marc Jacobs, elle a été l’une des premières à porter ses créations. Pour lui, elle a accepté de figurer torse nu, les seins couverts d’un skateboard, sur des tee-shirts appelant à soutenir la lutte contre le mélanome dû à la surexposition au soleil. « J’aime la phrase inscrite sous la photo: Protégez la peau dans laquelle vous êtes. »

Paola Genone, Lexpress Styles

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