Bill Cosby face à l’une de ses accusatrices lors de son procès

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Accusé d’agressions sexuelles par des dizaines de femmes depuis plusieurs années, l’acteur Bill Cosby, légende de la télévision américaine, va finalement faire face à l’une d’entre elles lors de son procès qui s’ouvre lundi, avec le spectre de la prison au bout des débats.

Ses avocats ont lutté pied à pied durant près d’un an et demi pour lui éviter ce procès, mais à 79 ans, William Henry Cosby Jr sera bien sur le banc des accusés à Norristown, une petite ville de la banlieue de Philadelphie.

L’ancien héros de l’Amérique en général et de la communauté noire en particulier, devenu une vedette internationale avec le « Cosby Show », a rejoint depuis son inculpation fin décembre 2015 la liste de plus en plus longue des célébrités déchues après des accusations d’abus sexuels. Il se retrouvera face à un jury dont seuls deux des douze membres sont noirs.

Parmi les dizaines de femmes qui accusent l’acteur de les avoir agressées sexuellement ou violées, Andrea Constand, personnage central de ce procès, est la seule pour laquelle les faits ne soient pas prescrits pénalement.

Responsable administrative au sein de l’université de Temple à l’époque des faits, en 2004, Constand affirme avoir été agressée sexuellement par Bill Cosby lors d’une visite au domicile de l’acteur, dans la banlieue de Philadelphie.

Pour parvenir à ses fins, l’humoriste l’aurait incitée à boire du vin et à ingérer des pilules. Le mélange l’aurait rendue, selon elle, incapable de se défendre.

Interrogé dans le cadre d’une procédure civile intentée par Andrea Constand, Bill Cosby avait reconnu, en 2005, lui avoir donné alcool et pilules, sans lui dire ce qu’elles contenaient, et s’être ensuite livré à des attouchements.

Mais pour lui, il s’agissait d’une relation consentie, l’acteur insistant sur le fait que la jeune femme n’avait, à aucun moment, manifesté sa désapprobation.

En l’absence de témoin et d’élément matériel, tout est désormais suspendu au témoignage de cette Canadienne de 44 ans qui vit aujourd’hui à Toronto et ne s’est encore jamais exprimée publiquement sur l’affaire.

Finir sa vie en prison

Lors des audiences préliminaires et dans les pièces qu’ils ont versées au dossier, les avocats de la défense ont laissé entrevoir ce que serait leur stratégie lors du procès.

Ils ont souligné certaines incohérences dans les dépositions d’Andrea Constand, sur la date des faits supposés, ainsi que des omissions.

Après avoir assuré n’avoir jamais été seule avec lui avant ou après les faits, elle aurait ainsi admis, dans un second temps, avoir vu Bill Cosby plusieurs fois, chez lui notamment.

En octobre 2006, Andrea Constand avait conclu un accord amiable avec son agresseur présumé dans le cadre de la procédure civile.

A l’appui du témoignage de l’accusatrice, le juge Steve O’Neill a accepté que soit appelée à la barre une autre victime présumée de Bill Cosby, qui affirme avoir été agressée dans des conditions similaires en 1996. Son nom n’a pas été rendu public.

L’accusation avait espéré pouvoir en appeler d’autres, mais le juge a refusé.

Lors de la seule interview qu’il ait donnée depuis son inculpation, Bill Cosby a assuré qu’il ne témoignerait pas spontanément lors du procès.

Selon la procédure pénale américaine, cela signifie qu’il pourrait ne pas s’exprimer du tout durant les débats, l’accusation ne pouvant l’interroger sans son consentement.

Pour autant, un porte-parole de la défense a indiqué à l’AFP que l’hypothèse d’un témoignage à l’audience n’était « pas complètement écartée ».

Sollicités par l’AFP, les services du procureur du comté de Montgomery, Kevin Steele, qui a inculpé Bill Cosby, et les avocats de la défense ont refusé de s’exprimer sur le dossier avant l’ouverture des débats.

Si à l’issue de ce procès, prévu pour durer deux semaines, le jury déclare Bill Cosby coupable d’un ou plusieurs des trois chefs d’accusation, l’acteur pourrait être condamné à passer, au minimum, dix ans derrière les barreaux.

Pour cet homme de 79 ans, désormais aveugle, cela équivaudrait probablement à finir ses jours en prison, ternissant à jamais son image et sa réputation.

Mais même en cas de relaxe, les accusations devraient le poursuivre jusqu’à la fin de sa vie, d’autres procédures étant encore en cours au civil.

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