Thomas Fersen, conteur et mélodiste: « Entrer en scène est une folie »

© Céline Nieszawer
Anne-Françoise Moyson

Thomas Fersen est conteur, mélodiste et non conformiste. Adepte de la rime riche, il occupe une place à part dans la chanson française. Avec Dieu sur Terre, il signe son premier roman fantaisiste aux accents biographiques, et le spectacle qui va avec. Il répond à nos questions, non sans humour, sur le vif.

La question qu’on vous pose le plus souvent?

On me demande de me présenter, et la vraie réponse, je ne la connais pas. Je dis comment je m’appelle, ce que je fais, mais j’ai l’impression de parler d’un mort.

Le sport que vous pratiquez… en pensée?

Dans le métro bondé, je monte souvent à cheval, à cru, et nous cavalons dans la pampa en toute liberté. En buvant mon café, je marque aussi beaucoup de buts dans les positions les plus acrobatiques. Et en attaquant ma choucroute, je pense, oui, à tout ce sport, miam, que je vais faire, slurp, plus tard.

L’endroit dont vous n’êtes jamais revenu?

De certains livres, ils me hanteront toute ma vie. Je les porte en moi mais ils ne m’alourdissent pas, au contraire, ils m’allègent. Je ne peux pas les faire tous entrer dans ma réponse, mais là, sans réfléchir, je pense au Roman d’un enfant, de Loti, au Roi des Aulnes, de Tournier, à Sylvie, de Nerval.

La personne qui vous influence le plus?

En autodidacte, je ne suis pas très influençable et assez jaloux de mes goûts. Dans un océan de propositions, je préfère trouver une perle par moi-même. Entre les rayons de livres, je file nez au vent comme un chien en goguette. Je m’arrête sur un titre, une jolie illustration, un papier duveteux qui m’appellent, me supplient. Parfois quelqu’un m’en offre un ou me le recommande, et tombe juste. J’ai pour cette personne qui devance mon goût une reconnaissance définitive. Elle entre directement dans le cercle intime des Grands Conseillers.

« Dans le métro bondé, je monte souvent à cheval, à cru, et nous cavalons dans la pampa en toute liberté. »

Le plat qui vous ramène en enfance ?

Chez nous, le menu hebdomadaire était toujours le même. Saucisse fumée le lundi, rognons le mercredi, entrecôte le samedi midi, pot-au-feu le samedi soir, etc. La saucisse fumée me ramène ainsi en enfance. Sauf si elle n’est pas servie un lundi.

La chose la plus folle que vous ayez faite?

Entrer en scène est une folie. J’ai refait cette folie des centaines de fois et je recommence. Il faut que je me fasse soigner.

Un métier que vous auriez pu exercer?

Evaluer mes compétences pour répondre menace de me décourager. Ça me ramène à une époque où il fallait que je me trouve un métier, un avenir, une place dans la société.

Ce qui vous saoule vraiment?

Je ne sais pas, moi, qu’on me crie dans les oreilles, qu’on me tire les poils du nez quand je dors, qu’on me casse un œuf dur derrière la tête, qu’on me fasse mon lit en portefeuille, qu’on mette du sel dans mon café? La liste est longue.

Un mot pour vous décrire?

Un mot qu’on mettrait sur ma tombe? Une épitaphe? Je ne suis pas pressé de trouver cette formule.

Votre achat le plus bizarre?

5 kg de poivre, d’un coup. Le vendeur m’a trouvé bizarre, mais je n’ai pas osé me dédire. On a sa fierté.

Une idée concrète pour un monde meilleur?

Quand j’ai un peu bu, je refais le monde, ou une petite partie, mais là je suis à jeun et je ne me souviens plus.

Ce que vous aimeriez faire, là, tout de suite?

Quel jour sommes-nous? Lundi. J’aimerais manger une saucisse fumée. Ça me ramènerait dans mon enfance à Ménilmontant à la fin des années 60, partie de ma mémoire que j’ai prêtée au héros de mon roman.

Dieu sur Terre, par Thomas Fersen, éditions L’Iconoclaste. Et en tournée jusqu’en mai 2024. thomasfersen-officiel.com

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