Cristina, la soeur du roi d’Espagne, ira-t-elle en prison ? Verdict imminent

La princesse Cristina arrivant au tribunal avec son mari Inaki Urdangarin (14 juin 2016). © REUTERS

Les juges ont-ils choisi la relaxe? La prison? La soeur du roi d’Espagne, Cristina, saura ce vendredi si elle est – ou non – reconnue coupable de fraude fiscale et si son mari est condamné pour malversations.

Le tribunal des Iles Baléares, à Palma de Majorque, annoncera son jugement, encore susceptible d’appel, à 12H00 locales (11H00 GMT), plus d’un an après le début du procès de l' »affaire Noos ». Cette sentence sera transmise par écrit aux parties, qui n’auront pas à comparaître.

En janvier 2016, Cristina de Bourbon avait été le premier membre de la famille royale à comparaître devant un tribunal. Elle était jugée pour complicité de fraude fiscale, en lien avec de présumées malversations reprochées à son mari, Inaki Urdangarin, quand il présidait l’institut Noos, une fondation à but non lucratif.

Inaki Urdangarin, 49 ans, ancien médaillé olympique de handball, est poursuivi pour malversations, fraude fiscale, trafic d’influences, escroquerie et blanchiment. Le parquet a requis à son encontre 19 ans et six mois d’emprisonnement.

Profil bas

Les trois juges auront pris plus de sept mois pour rendre leur jugement dans cette affaire ultrasensible pour la monarchie. Le procès des dix-sept prévenus a duré plus de cinq mois, constamment sous l’oeil des médias retransmettant certaines audiences en direct sur internet.

Inaki, amaigri, et Cristina, muette le plus souvent, avaient tous deux fait profil bas. Car à l’extérieur du tribunal, des Espagnols réclamaient qu’ils soient jugés « comme n’importe quel autre citoyen ».

M. Urdangarin est accusé d’avoir, avec un associé, détourné près de six millions d’euros de subventions attribuées à Noos entre 2004 et 2006 par les gouvernements régionaux des Baléares et de Valence, alors dirigés par le Parti populaire (PP, droite).

Un congrès Tourisme et Sport de deux jours avait été facturé 1,2 million d’euros, « un prix complètement disproportionné » fondé sur « un budget fictif », selon l’accusation.

Selon le dossier, une partie des fonds détournés avaient été reversés à une société appartenant conjointement à Inaki et Cristina.

Le juge d’instruction avait tenu à ce que l’infante soit poursuivie pour complicité de fraude fiscale, tandis que le Trésor public et le parquet considéraient qu’elle n’avait commis aucun délit.

La princesse n’a finalement été jugée que sur plainte d’un collectif de défense des contribuables, Mains propres, considéré d’extrême droite, qui réclame huit ans de prison à son encontre.

Un énorme coup de théâtre a cependant marqué le procès quand le dirigeant de Mains propres a été incarcéré, soupçonné d’avoir codirigé un vaste système d’extorsion de fonds.

Les avocats de Cristina l’accusaient eux-mêmes de tentative de chantage, assurant qu’il leur avait réclamé des millions contre un retrait de plainte.

Tout au long du procès, le procureur Pedro Horrach aura clairement pris la défense de Cristina. « Ce serait pour moi une surprise si elle était condamnée », insistait-il encore en novembre devant des journalistes.

Exil amer

L’infante, elle, a toujours dit qu’elle ne savait rien des dossiers évoqués au procès et faisait pleinement confiance à Inaki, son époux depuis bientôt vingt ans et le père de ses quatre enfants.

Le scandale Noos avait éclaté en 2011 alors que l’Espagne vivait sa pire crise économique depuis des décennies.

Exilée depuis 2009 avec sa famille – à Washington puis à Genève – Cristina était passée du statut d' »infante moderne, tellement aimée, à présumée voleuse », résumait en 2015 son amie Rosario Nadal dans Vanity Fair.

Le scandale avait accentué la chute de popularité du roi Juan Carlos I qui avait finalement abdiqué en 2014 en faveur de son fils Felipe.

Depuis, le souverain a pris publiquement ses distances avec sa soeur, bannie de tous les actes officiels.

Parmi les prévenus, un ancien ministre du gouvernement conservateur de José Maria Aznar (PP), Jaume Matas, risque d’être condamné comme ex-président des Baléares.

M. Matas avait admis avoir donné l’ordre d’attribuer des contrats à la Noos – sans appels d’offres ni discussion des prix – parce que M. Urdangarin était alors le gendre du roi.

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