Fabrizio Rongione: « Aujourd’hui le monde ne jure que par des certitudes en 140 caractères »

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Isabelle Willot

Avec Homo Sapiens, le comédien, révélé par les frères Dardenne, signe son troisième seul-en-scène avec la complicité de son ami de toujours, l’historien Samuel Tilman. Un texte mordant qui met à mal quelques clichés sur les Grands Hommes d’hier et d’aujourd’hui.

Frères

« Ma carrière a basculé quand j’ai rencontré les frères Dardenne, je leur dois tout! Ils pourraient me demander n’importe quoi! C’est difficile d’être vraiment mauvais avec eux quand tu es comédien parce que ce sont des génies. Ils m’ont toujours protégé. »

Fake News

« L’homme a toujours été fasciné par les conquérants qui ont souvent été les premiers propagateurs de « fake news » parce qu’ils avaient une fâcheuse tendance à arranger la vérité à leur avantage. En revanche, le boulot de l’historien est de revenir aux faits justement, même s’ils ne sont peut-être pas aussi glamour. Le doute est essentiel à la vie et pourtant aujourd’hui le monde ne jure que par les certitudes en 140 caractères que nous assènent des ignorants sur les réseaux sociaux. »

Comédie

« Je n’ai pas tout de suite osé me lancer dans une carrière de comédien alors je me suis inscrit à la fac d’histoire de l’ULB. Cela m’a non seulement ouvert l’esprit mais c’est aussi là que j’ai rencontré tous mes amis, en particulier Samuel Tilman. On faisait les pitres dans les auditoires pour faire rire les copains, ça a été le déclic pour moi. A la base, c’est la comédie qui m’intéressait. Mais au cinéma surtout, l’humour est parfois considéré comme de la sous-culture. J’ai passé beaucoup de temps à me convaincre que je devais faire du drame, de l’auteur… J’assume ces deux volets aujourd’hui même si cela m’impose de faire le grand écart. »

Histoire

« J’ai toujours été très attaché au passé, peut-être parce que j’ai été élevé par mes grands-parents? Je me suis vite passionné pour les vieux films de Dino Risi et de Vittorio De Sica, qui racontaient comme personne l’Italie de l’après-guerre. Lorsque je suis sorti du Conservatoire de Bruxelles, j’ai interprété Napoléon. Le genre de personnage, tels que Jules César ou Alexandre le Grand, qui te rentre dans le corps comme un virus. Je convoquerai ces héros à nouveau sur scène mais dans des situations plutôt cocasses. On se demandera par exemple ce qui se serait passé si Moïse avait eu besoin d’un code pour ouvrir la mer Rouge? Ou pourquoi Adam s’est défilé quand il a vu apparaître son premier enfant, ce qui a conduit à la domination masculine que l’on connaît. »

Migration

« Elle est aussi essentielle à l’histoire de l’humanité que le simple fait de respirer. Comme fils d’émigré, tu ne te sens jamais ni d’ici ni d’ailleurs. Ma belgitude n’est pas innée mais construite, et pourtant je suis prêt à défendre ce pays de manière totale et absolue. »

Au théâtre de la Toison d’Or, jusqu’au 9 novembre prochain. www.ttotheatre.com

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