Interview Paris-Bruxelles de Myriam Leroy, la plume ravageuse de Canal+

© Xavier Lahache/ CANAL+

Les Inrocks la présentaient il y a quelques semaines comme un croisement entre une Claudia Cardinale jeune et Pierre Desproges. Journaliste, chroniqueuse, la plume acérée et le verbe haut, ça ne vous aura pas échappé, Myriam Leroy – en plus d’animer le Focus Store aux côtés de nos confrères de Focus – est la nouvelle recrue de verve et de charme de Canal+. Interview vérité, forcément.

Retrouvez la chronique de Myriam Leroy, « Leroy, c’est elle », dans La Nouvelle Edition, sur Canal+ tous les jours à 12h20.

Et dans Focus Store, chaque semaine à partir d’octobre ou à réécouter en podcast sur Focus Le Vif.

Poelvoorde, Damiens, Stromae, vous, il semble qu’en cette rentrée 2013, Canal+ ait fortement dragué les Belges. Pourquoi selon vous ?

Je ne me l’explique pas, en tout cas pas définitivement, mais je m’en réjouis, évidemment. Disons que quand le Grand Journal fait sa rentrée dans le stress et la pression d’être attendu au tournant, il paraît logique d’inviter de « bons clients » sur le plateau, et les Belges – en particulier ceux cités – en sont, dit-on, d’excellents. Est-ce lié à leur belgitude ? Peut-être : à Paris, on nous dit plus sympas et moins prise de tête que les Français. Là encore, je ne sais pas trop quoi en penser, il me semble qu’il y a des sales types, des petits monarques et des affreuses à Bruxelles comme ailleurs. Mais je laisse les gens croire ce qu’ils veulent quand ça m’arrange !

Qu’est-ce qui VOUS a fait décrocher le pompon, enfin, la floche?

Ma plume, selon la personne qui m’a débauchée. « Qu’on adhère ou non à votre propos, qu’on vous aime ou pas, vos billets sentent la sueur, votre écriture est ciselée, et en période de crise où les gens sont irrités par les chroniqueurs qui ont l’air de bosser en dilettantes, c’est important. »

Que ne feriez-vous jamais à la télé française ?

A peu près tout. Je ne regarde pas la télé, qui, hors cases documentaires, brasse essentiellement du vent selon moi. Quand je l’allume par mégarde, elle me déprime profondément en quelques minutes. Je ne vois pas très bien ce que j’y ferais, je n’y ai pas d’ambition. Mais qu’on ne se méprenne pas, je suis très honorée qu’on soit venu me chercher et qu’on m’ait offert cette chronique sur Canal +, une chaîne audacieuse qui propose probablement ce qui se fait de plus créatif en matière de contenus grand public en francophonie. Et qui me permettra peut-être – je l’espère – d’être davantage prise au sérieux dans mon pays!

Vous dites détester la télé, alors pourquoi en faire ?

Parce qu’on me le demande, parce qu’il faut bien bosser quelque part dans la vie, parce que c’est une vitrine intéressante, parce que c’est Canal +, parce que c’est une bonne émission.

Pour la suite, vous imaginez quoi, plutôt Doria Tillier ou plutôt Ariane Massenet ?

Plutôt ni l’une ni l’autre, même si je trouve la première très appétissante, et la seconde plutôt sympathique. Je me rêverais plutôt en Frédéric Taddeï, Martine Cornil, Pascale Clarck, et surtout, surtout ! en Sonia Kronlund, qui produit la meilleure émission radio en activité – depuis que Stéphane Dupont a fermé les portes de La quatrième dimensionLes pieds sur terre, sur France Culture. Du reportage d’ambiance audacieux, humain, qui rend meilleur.

Vous dites que le français est une race à part. A quoi pensez-vous?

Impossible à résumer, mais les Français constituent une peuplade fascinante, bourrée de contradictions et de névroses.

On dit qu’elle grandit, qu’elle grossit ce qui s’y trouve. Qu’est-ce qui est fatal quand on passe à la télé ?

Le dos voûté. Quand je ne fais pas attention à ma posture deux secondes, je peux vite ressembler au bossu de Notre-Dame, quand je suis sur un plateau. D’ailleurs on me dit parfois dans l’oreillette de me tenir plus droite !

A l’instar de Warhol avec sa soupe Campbell, une légende circule à Bruxelles comme quoi vous êtes adepte de la petite jupe noire à volants. Allez, entre nous, pourquoi cette passion monomaniaque ?

Je suis une quiche en mode, et je ne m’achète jamais de fringues. Cette jupe n’a pas de trous, elle me va à peu près, je la porte donc tous les jours, CQFD.

Bon, on ne va pas attendre 5 ans pour vous questions sur vos préférences parisiennes, votre regard quasi virginal de Belge fraîchement débarquée dans la Ville Lumière nous intéresse ?

Je suis assez cliente des concept stores parisiens à la Colette ou Merci, même si on n’y trouve que des machins horriblement chers et absolument inutiles.

Et quand chez nous on aligne inlassablement Zara, Mango et H&M sur nos artères commerçantes, les Parisiens ont quand même des enseignes plus alléchantes. Aller shopper à l’Inno ou au Bon marché n’a pas exactement le même goût.

Vous avez fait une partie de votre réputation sur vos désamours, mais sur Twitter, vous dit être une gentille fille. Alors quoi, tout ça ne serait que provocation ?

C’est justement par pure gentillesse envers mon prochain que je me propose d’opposer mon cynisme au cynisme du monde environnant, celui qui, le sourire aux lèvres, nous pousse à rentrer dans le rang informe et bêlant de la masse. On joue tous, plus ou moins consciemment, dans une pièce inspirée de la mésaventure de Pinocchio, qui suit Gédéon et Grand Coquin à l’Ile des plaisirs, avant d’être changé en âne et d’être mis aux fers à la mine de sel.

Les adresses Paris/Bruxelles de Myriam Leroy

Votre cantine ?

A Paris: le Franprix de la rue de Sèvres à Boulogne-Billancourt, qui propose un excellent thon en boîte Saupiquet.

A Bruxelles: le City Delhaize de l’avenue de la Couronne, puisque je travaille essentiellement de chez moi, je mange rarement dehors à midi.

Vos restos fifille des deux capitales?

Paris : Le Café Ciné du Merci, qui propose jus détox carotte-pomme-gingembre inégalé en cas de gueule de bois

Bruxelles: Le Dolma, chaussée d’Ixelles, un buffet de comfort food végétarienne parfait quand on a besoin de manger ses émotions

Votre boutique de fringues

Paris: Le Printemps, je n’ai pas encore eu l’occasion de fouiller à la recherche de la petite boutique de créateur ultime.

Bruxelles: Cheep, au Cimetière d’Ixelles, pour sa sélection pointue et son réassort constant. Et qui a la bonne idée d’être d’être situé à deux pas de chez moi.

Votre libraire

Amazon (pardon), Kobo pour bourrer ma liseuse électronique de bouquins qui ne pèsent rien dans une valise. Et Brüsel, place Flagey, pour son formidable choix de BD et de romans graphiques – mes passions du moment.

Votre disquaire

L’iTunes Store.

Votre spot préféré

Paris: Le Grand Palais, ses formidables expositions où il fait bon flâner

Bruxelles: Le parc de l’Abbaye de La Cambre, qui est presque mon jardin, parfait pour lire, pique-niquer et faire bronzette.

Les questions de filles Votre secret de fille pour si bien passer à la télé

Tomber sur une bonne maquilleuse.

La bouche, toujours rouge fatale

A la télé oui, j’aime bien. Dans la vie pas trop, la couleur vire toujours sur mes dents, ce qui me donne des airs de Barbie trash qui vient de se faire mettre une patate de forain dans la tronche par son mac.

Quel « fashion faux pas » – comme on dit – commettez-vous sans vergogne

A peu près tous. A part le jean dans les bottes, ça c’est vraiment contre ma religion.

Au travail, vous bitchez ou « oh non Ô grand jamais! »

J’aimerais beaucoup, mais je travaille seule dans mon appartement, sans collègues dont je pourrais dire du mal.

Préférez-vous la compagnie des hommes ou des femmes

Peu importe le flacon : j’aime m’entourer de gens qui en ont dans le pantalon, et qui ne manquent pas d’autodérision.

On vous croit sur parole et avec plaisir Mademoiselle Leroy. Et comme c’est savoureux, on s’en ressert un morceau…

param=cplus&videoId=926111

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

La Nouvelle Edition du 02/09 – Une Belge à Paris

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content