L’étrange histoire de la « veuve noire » millionnaire

Chisako Kakehi © AFP

L’histoire a captivé tout le Japon. Madame était riche, très riche. Mais cela ne l’a pas empêchée d’en vouloir toujours plus. Au point de tuer trois de ses maris et de tenter la chose sur sa quatrième proie. Récit d’une impitoyable veuve noire.

Une ancienne millionnaire au Japon a été condamnée à mort par pendaison mardi pour les meurtres de trois de ses conjoints et une tentative de meurtre sur un quatrième, au terme d’un procès qui a captivé tout le pays.

Chisako Kakehi, 70 ans, avait été surnommée la « veuve noire », en référence à cette araignée dévorant les mâles après l’accouplement, mais aussi « l’empoisonneuse » car elle avait parfois recours à du cyanure pour arriver à ses fins.

« L’accusée a fait boire du cyanure avec l’intention de tuer dans les quatre cas » pour lesquels elle était jugée, a déclaré mardi Ayako Nakagawa, la juge du tribunal de Kyoto (ouest) où se déroulait le procès de Mme Kakehi depuis fin juin, selon des propos rapportés par la chaîne publique NHK.

Les trois meurtres et la tentative de meurtre étaient prémédités et « bien préparés » a ajouté la juge, estimant n’avoir « pas eu d’autre choix que de prononcer la peine capitale » pour ces faits.

Mardi, la grisonnante Mme Kakehi n’a affiché aucune émotion à l’énoncé du verdict. Portant un appareil auditif, elle avait demandé à la juge de parler fort.

– ‘Par amour de l’argent’ –

La justice a rejeté l’argumentation des avocats de la défense, qui plaidaient que l’accusée souffrait de démence et que par conséquent elle ne pouvait être pénalement responsable.

L’an dernier, des examens médicaux avait confirmé qu’elle était atteinte de démence, mais à un stade précoce, ce qui la rendait apte à comparaître selon le tribunal.

Selon le Parquet, Mme Kakehi supprimait ses amants après avoir veillé à ce qu’ils la désignent comme héritière de leur patrimoine après leur mort. Sur plus de dix ans, elle avait ainsi amassé une fortune d’un milliard de yens (7,6 millions d’euros environ) sous la forme d’assurance vie, de biens immobiliers et de dépôts bancaires, selon la presse.

Elle avait par la suite perdu une bonne partie de sa fortune dans des placements financiers hasardeux, et avait été arrêtée en novembre 2014.

Mme Kakehi a tué « par amour de l’argent », a estimé mardi la juge Nakagawa.

– ‘Je mourrais avec le sourire’ –

Depuis la mort de son premier conjoint en 1994 des suites d’une maladie, elle aurait eu selon la presse des relations avec une dizaine d’hommes, dont six sont passés de vie à trépas. Elle s’est mariée avec quatre d’entre eux et faisait leur connaissance via des agences matrimoniales qui lui présentaient, à sa demande, des hommes âgés, fortunés, sans enfants et vivant seuls.

Du cyanure a été retrouvé dans les corps d’au moins deux de ses anciens conjoints, et les enquêteurs avaient retrouvé des traces du poison dans les poubelles de sa maison à Kyoto.

Les enquêteurs avaient aussi retrouvé dans un autre appartement qu’elle possédait à Kyoto du matériel pour administrer des médicaments, ainsi que des livres médicaux.

Mme Kakehi avait d’abord clamé son innocence, puis refusé de parler au début de son procès. Mais elle a ensuite créé la surprise en juillet en avouant avoir tué son quatrième époux, en 2013.

« Je l’ai tué (…) parce qu’il donnait à d’autres femmes des dizaines de millions de yens, mais qu’à moi il ne donnait rien », a-t-elle dit au tribunal selon l’agence de presse Jiji.

Elle avait déclaré plus tard aux juges qu’elle était prête à affronter la peine capitale: « Même si j’étais exécutée demain, je mourrais avec le sourire ».

Cependant ses avocats ont décidé mardi de faire appel devant une plus haute juridiction, ce qui pourrait prolonger ce feuilleton judiciaire hors norme au Japon.

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